Journal de Carol
NFS, chimie, iono, bourdonnent dans ma tête. Radio, scanner, asystolie également.
Quelle sotte idée d’avoir écouté ma mère, chirurgienne obstétrique, de suivre sa voie. Comme j’étais moins doué pour les études qu’elle, je suis devenue une simple infirmière. Et elle ne se gêne pas pour me le rappeler, « Moi, au moins, je me suis accrochée, malgré les difficultés, pour obtenir mon diplôme, sans suivre mon père qui souhaitait que je trouve un riche docteur pour agrandir la famille. »
Je te passe les longs discours soporifiques pour ne pas t’infliger le même supplice que moi.
Je sais que tu va me lire, beau brun ténébreux, car j’ai réussi à glisser ce carnet dans ton casier et que je t'ai laissé un marque-page afin que tu connaisses mon passé.
Pour en finir avec ma mère, elle l’a finalement trouvé son riche médecin, mon père. J’en ai bavé durant mon enfance : deux égos surdimensionnés à la maison ; à se raconter leurs opérations et à me demander mon avis. Franchement, qu’est-ce que j’en avais à foutre de leurs histoires, à dix ans. Et cela ne s’est pas arrangé avec le temps, tout le temps à me pousser dans leur voie d’excellence. Et tout ça pour terminer infirmière et faire le sale boulot des docteurs !
Heureusement, tu sembles différent. Toujours aimable avec nous, le mot pour plaisanter et ce en toutes occasions, même dans les moments les plus difficiles. Je ne sais pas comment tu fais, surtout que les autres internes te jalousent et que tu es tombé sur un enquiquineur de première, mon père, l’arrogance personnifiée, qui doit bien te les briser.
Je te rassure, je ne suis pas comme lui, je sais de quoi je suis capable, cependant je ne me prends pas pour Dieu le Père !
Quelle bonne idée tu as eu de nous rejoindre !
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