Chapitre 3 : LA CAPTURE DE NKULU (Version Analepsie) 

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Analepsie : Une technique narrative où l'auteur revient sur des événements antérieurs pour fournir des détails supplémentaires. Par exemple, ce qui a été dit au chapitre 2 a été raconté trop rapidement. L'analepsie permet au chapitre 3 de revenir sur les événements du chapitre 2 et de les détailler davantage. Peu d’auteurs recourent à cette technique.

Le vent chaud soufflait sur la terre du Kongo. Ce soir-là, les oiseaux étaient restés silencieux, comme si même la nature pressentait la tragédie à venir. Nkulu, jeune homme de 16 ans, se tenait sur la rive du fleuve, les pieds dans l’eau douce. Le ciel était éclatant de couleurs orangées, mais dans son cœur, l’ombre du danger se faisait plus pressante à chaque minute qui passait.

Le royaume Kongo, vaste et puissant, s'étendait au-delà des frontières que l'on connaît aujourd'hui. Ses terres recouvraient une partie des territoires actuels de l'Angola, du Gabon, de la République du Congo et de la République Démocratique du Congo. Sa capitale, Mbanza Kongo, était située au cœur de la région, aujourd'hui connue sous le nom de São Salvador, dans le nord de l'Angola.

Le roi du Kongo en 1515 était Nzinga a Mvemba, un roi qui régnait avec sagesse et fermeté sur le peuple kongo. Cependant, l’histoire du royaume allait bientôt prendre un tournant tragique, car les Portugais, arrivés sur la côte depuis plusieurs années, cherchaient désormais à étendre leur emprise sur les terres africaines.

Les Portugais, venus d'abord comme commerçants et missionnaires, avaient peu à peu révélé leur véritable intention : capturer les hommes et les femmes du Kongo, les déporter vers l’outre-mer pour alimenter le commerce des esclaves. Cette sombre époque était marquée par des luttes sanglantes et des pertes irrémédiables. Le royaume, jadis prospère et uni, allait bientôt être défiguré par l’invasion d’une force étrangère.

Les guerriers du Kongo s’étaient organisés. Sous les ordres du roi Nzinga a Mvemba, les hommes du royaume, armés de leurs lances et de leurs boucliers en bois sculpté, étaient prêts à défendre leur terre. Le roi, un homme d'une grande stature, faisait face à un dilemme. Il connaissait la puissance des Portugais, mais il savait aussi qu'une résistance aurait un coût terrible. Leurs armes à feu étaient plus puissantes que les arcs et les flèches des Kongo, et leurs navires étaient de véritables forteresses flottantes.

"Nous devons nous battre pour nos ancêtres et pour notre peuple", avait dit le roi Nzinga Nkuwu, les yeux pleins de détermination lorsqu’il etait vivant. Mais au fond de son cœur, il savait que cette guerre serait inégale. C’est cette vérité que son fils s’apprête à vivre.

Les combats furent féroces, les Kongo luttant avec courage contre l'ennemi. Mais à chaque assaut, les Portugais, mieux équipés et mieux entraînés, se montraient plus impitoyables et plus puissants. Les guerriers du Kongo, bien que résolus, furent repoussés. Les hommes tombèrent, l’un après l’autre, sous les balles et les épées des envahisseurs.

C’est à ce moment-là que des négociations de paix furent entamées. Le roi Mvemba a Nzinga, conscient de la réalité de la situation, tenta d’apaiser la violence en cherchant à établir un accord avec les Portugais. Il n’était plus question de guerre ouverte, mais d’un compromis. Le roi dut se résigner à accepter les demandes des Portugais, même si cela signifiait offrir des esclaves comme tribu.

La nuit tombait sur le village de Nkulu, un village tranquille au cœur de la forêt du Kongo. Les gens étaient rassemblés autour des foyers, les rires des enfants résonnaient, et l’air était doux. Nkulu, cependant, sentait un malaise qu’il ne parvenait pas à expliquer. Un pressentiment lourd flottait autour de lui.

À ce moment-là, un cri perça l'air de la nuit. Un cri de femme, puis celui d'un homme. Tout se précipita. Les sentinelles, averties par des bruits étranges, se précipitèrent sur les remparts du village, scrutant l’obscurité. Mais c'était trop tard.

Les Portugais étaient arrivés, fendant la nuit avec leurs torches allumées, avançant dans la direction du village avec une détermination glaciale. La guerre des hommes du Kongo contre les envahisseurs était perdue, et cette nuit-là, le royaume allait perdre bien plus que de simples vies. Des vies entières allaient être arrachées à leur terre.

Le choc des épées et les bruits sourds des chaînes résonnèrent dans la forêt. Les guerriers du Kongo, pourtant vaillants, furent submergés par la force impitoyable des envahisseurs. Leurs armes étaient désavantagées face aux arquebuses portugaises. En moins de temps qu'il n’en faut pour le dire, des jeunes hommes et des femmes du village furent capturés, menés à la force dans les chariots des Portugais.

Nkulu, en voyant ses camarades se faire arrêter, sentit un cri de rage monter en lui. Il se précipita pour défendre sa famille, mais une poigne de fer le saisit avant qu’il ne puisse bouger. Il se retrouva, pris au piège, entouré de ces étrangers, les visages impassibles, indifférents à la douleur qu’ils infligeaient. Des chaînes furent posées autour de ses poignets et, en un clin d’œil, il fut emmené vers le campement portugais.

Là, il aperçut le capitaine portugais, un homme grand et imposant, dont le regard froid et calculateur était celui d’un conquérant sans pitié. Le capitaine, nommé Diogo de Almeida, commandait l’expédition. Il avait l’air satisfait de sa prise.

"Ces terres sont à nous, désormais", murmura-t-il à l'un de ses hommes, en observant les jeunes hommes du Kongo capturés, "et ces âmes nous appartiennent."

L’angoisse remplissait le cœur de Nkulu alors qu’il était traîné vers les chariots. Ses mains tremblaient. Il tourna une dernière fois son regard vers la forêt, vers son village, et vers les visages de ses proches, figés dans l’horreur.

Alors qu’il était poussé dans les cales du navire qui l’emmènerait loin de son village.

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