Chapitre 9 : EX-CURSUS 1 

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EX-CURSUS : Cette technique narrative où l'auteur interrompt le récit pour parler du contexte réel des faits ou pour décrire des lieux réels est appelée "ex-cursus" ou "digression" . Une digression permet à l'auteur d'apporter des informations supplémentaires, de faire des comparaisons avec la réalité ou de fournir des explications contextuelles sans avancer l'intrigue principale du roman.

L’histoire débute en 1483, avant même l’arrivée des Portugais, à une époque où tout semblait calme, paisible et joyeux. À cette époque, Nkulu n’était pas encore né. Le manikongo, le roi du royaume Kongo, était Nzinga Nkuvu, un souverain respecté, baptisé plus tard João I (Jean Ier en français) par les missionnaires portugais. Il était le père de Mvemba Nzinga, qui deviendra plus tard Alfonso Ier (ou Alphonse en français, et Mfusu en Kikongo).

Les Portugais, arrivant initialement en amis, établirent des relations amicales avec le royaume Kongo et commencèrent à coopérer avec les Kongo, allant jusqu’à introduire le christianisme. Ce fut ainsi que le roi Nzinga Nkuvu et son fils, Mvemba Nzinga, adoptèrent des noms chrétiens, symboles de cette rencontre. Mais le christianisme ne fut pas sans tensions : Nzinga Nkuvu, après un temps, renonça à cette religion, jugée incompatible avec la polygamie de son royaume. Il choisit de revenir à la spiritualité traditionnelle Kongo.

Lors de l’expulsion des missionnaires catholiques de la province de Nsundi, Mvemba Nzinga, qui n’était pas d’accord avec son père, se réfugia avec les missionnaires à Mbanza Kongo, la capitale du royaume. Ce geste fut un signe de sa future opposition à son père et à ses choix politiques et spirituels. À la mort de Nzinga Nkuvu, le peuple élut un de ses fils pour le succéder, mais ce fut Mpanzu a Nzinga, un autre fils de Nzinga Nkuvu, qui prit le trône. Cependant, il ne régna pas longtemps : il fut tué par son frère, Mvemba a Nzinga, qui, soutenu par les Portugais, monta sur le trône.

Sous son règne, Mvemba a Nzinga imposa le catholicisme comme religion officielle du royaume Kongo. Ce geste est, pour beaucoup de panafricains, une trahison. En effet, en adoptant le christianisme européen, Mvemba a Nzinga reniait les valeurs ancestrales du royaume Kongo. D’où ce célèbre adage : « Le traître finit toujours mal. »

Une nouvelle tension surgit lorsqu'un conflit éclata entre Mvemba a Nzinga et le roi du Portugal, Manuel Ier, concernant les demandes du roi Kongo. Celui-ci sollicita l’envoi d’ingénieurs portugais pour enseigner la technologie et améliorer le royaume. Le roi du Portugal accepta, mais à une condition : le roi Kongo devait payer en esclaves. Bien qu’hésitant au départ, Mvemba a Nzinga finit par accepter l’accord, envoyant des criminels et des prisonniers, espérant ainsi que le roi portugais tiendrait sa promesse. Mais ce dernier ne respecta pas son engagement.

Dans une lettre envoyée en 1526, Mvemba a Nzinga exprima son mécontentement :

« Chaque jour, les commerçants enlèvent notre peuple - les enfants de ce pays, les fils de nos nobles, les vassaux, et même les membres de notre propre famille. Cette corruption et cette dépravation sont si répandues que notre terre est dépeuplée. (…) Nous souhaitons que ce royaume ne soit pas un lieu de commerce et d’esclavage. »

Il ajouta également que l’appétit des Portugais avait conduit certains Kongo à vendre leurs propres membres de famille – des enfants, des femmes, des hommes – pour satisfaire leur désir insatiable d’esclaves. La douleur de voir leur propre peuple dévasté par la cupidité étrangère résonne encore dans les mots du roi.

Ainsi, à travers ce chapitre de l’histoire, se dessine une réalité tragique pour le royaume Kongo, un royaume qui a été victime de l’expansion de l’esclavage, une expansion encouragée par les relations avec les Portugais, mais aussi par les choix politiques de ses dirigeants.

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