Chapitre 1

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Véra portait une longue robe rose, dos nu avec un grand décolleté. Elle était assise en bout de table, le dos droit, le regard sévère et les jambes croisés. Sa couronne de rubis contrastait avec l’argenté de ses cheveux et le vert de ses yeux. Ses lèvres étaient rehaussées d’un peu de rouges à lèvres. Je ne pouvais m’empêcher de la regarder, je ne parvenais pas à détacher mon regard de la déesse qui était à mes côtés. Ma meilleure amie, mon ange gardien et bientôt ma femme. Le regard de Véra parcourut la salle du Conseil de long en large avant de s’arrêter sur moi. Elle me sourit et mon corps réagit de lui-même. Mes joues s’échauffèrent et je me surpris à mordiller ma lèvre inférieure.

— Mademoiselle Aubelin ! Concentrez-vous, s’il vous plaît, m’interpella l’un des Conseillers de Véra.

— Excusez-moi, vous disiez ?

— Dois-je vraiment tout reprendre depuis le début ? s’agaça-t-il.

— Ce n’est pas de sa faute, intervint Véra en prenant ma défense. Reprenez, je vous prie.

— Sa Majesté vous a fait parvenir son rapport sur l’annexion du Royaume de Thiera. Qu’en pensez-vous ?

— Les conditions m’ont l’air correctes, repris-je. Que deviendra-t-il des dirigeants actuels ?

— Ils sont actuellement incarcérés dans la prison de Glenharm. Ils se sont reconnus coupables du meurtre d’Océane Luisard, de plusieurs domestiques et soldats lors de l’attentat du Jour-Sombre. Ils reconnaissent leur pleine responsabilité des actes menée durant la guerre.

— La Princesse Matia, fille unique de la Reine, de père inconnu, âgée de seize ans, à accepter d’assurer la gestion de ce territoire, sous mes ordres, compléta Véra.

— L’Empire agrandit encore son territoire, soupirais-je.

Depuis que j’étais de retour au palais, Véra m’incluait dans toutes les discussions politiques. Je venais si j’en avais envie. Je n’apportais qu’un simple point de vue extérieur, n’ayant aucune connaissance politique, mais j’appréciais. Je ne voulais pas devenir Impératrice, mais j’aimais qu’on me demande mon avis, d’être écoutée et prise en considération. Les membres du Conseil ne me voyaient plus comme une enfant. Pour eux, j’étais enfin une adulte, la future épouse de Véra De Stinley.

— Maintenant que la situation de Thiera est réglée, enchaîna ma bien-aimée, Conseiller Plans, où en êtes-vous dans la rédaction du contrat de mariage ?

— La base est rédigée, Majesté. Je n’ai plus qu’à le fignoler. D’ailleurs, je me questionnais quant au nouveau statut de Mademoiselle Aubelin, étant donné qu’elle ne souhaite pas régner avec vous.

— Pourquoi pas Reine Consort ? proposa Véra. Est-ce que ça te conviendrait, mon ange ?

— Vous pouvez m’attribuer le titre que vous voulez, ça m’est égal.

— Partons pour le titre de Reine Consorts, dans ce cas, termina le Conseiller.

La suite de la séance du Conseil se termina rapidement. Les Conseillers quittèrent la Salle du Conseil, nous laissant seules. Avant que je ne puisse me lever, Véra s’installa sur mes genoux. Depuis mon retour, ses pulsions possessive et protectrice avaient été multipliées par quatre, pour mon plus grand plaisir. On aurait dit une enfant en manque d’amour, mais avec un trop-plein d’amour à donner. Assise à califourchon sur mes genoux, elle posa ses mains sur le dossier de ma chaise et m’embrassa. Elle était de plus en plus entreprenante, démonstrative et j’acceptais tout, heureuse.

— Ma reine, murmura-t-elle au creux de mon oreille avant d’en mordre délicatement le lobe.

Mon cœur s’accéléra, comme ma respiration. Mes joues se réchauffèrent et je glissais mes mains dans son dos. Elle frissonna quand mes doigts rencontrèrent sa peau à nue. Ses lèvres se rapprochèrent de mon cou et je frissonnais à mon tour. Emportée par l’élan, je parvins à la soulever et l’asseoir sur la table.

— Votre Majesté ? Oh… hum… veuillez m’excuser.

Véra se redressa doucement et je la laissais rejoindre celle qui venait de nous interrompre. Depuis mon retour, ce n’était pas la première fois. Maintenant que Véra se sentait libre de m’aimer en public, nous ne nous cachions plus du tout.

— Merci de m’en avoir informé. Je passerais dans la journée pour organiser ça avec vous.

La jeune domestique se retira dans une révérence et ma fiancée me rejoignit. Elle attrapa ma main et m’embrassa, reprenant où nous en étions, jusqu’à ce que je l’interrompe.

— Un problème ? la questionnais-je.

— Pas du tout. Elle venait me voir à propos du mariage. Il y’a beaucoup de travail.

— Besoin d’aide ?

— Il n’est pas question que je te voie travailler sur ton mariage. Me suis-je bien fait comprendre ?

— Oui, Ma Dame.

— Tu recommences, Élia, soupira-t-elle.

— Je sais, je fais exprès

Je glisse à nouveau mes bras dans son dos, pour l’embrasser. Étant plus grand que moi, c’était plus simple que d’entourer son cou.

— Au fait, repris-je. Pour Liva et Sélina, il serait temps de les promouvoir, tu ne crois pas ? Comme tu refuses que je travaille.

— C’est vrai que tu ne peux plus être ma dame de chambre maintenant.

— Non pas que ça me déplaise. J’avais accès à beaucoup de choses, jouais-je.

— Perverse, rigola-t-elle. Tu as accès à bien plus en étant ma fiancée. Convoque-les dans mon bureau dès que possible.

— Je te fais ça tous de suite.

De par mon nouveau statut de fiancée de l’Impératrice et mon poignet encore immobilisé pour une semaine, je n’avais plus le droit de travail. Je remontais dans l’antichambre, où les deux femmes travaillaient. Liva s’occupait de la chambre de Lianna tandis que Sélia rangeait celle de Véra.

— Les filles ? les interpellais-je. Véra vous demande. Elle vous attend dans son bureau.

J’attendis qu’elles rangent leur matériel pour les accompagner. Je frappais à la porte du bureau et c’est Rosalie qui nous ouvrit. Les deux femmes s’assirent en face de Véra tandis que je me plaçais à ses côtés.

— Merci d’être venue aussi vite. Comme vous le savez, Élia est officiellement ma fiancée et ne peut donc plus prétendre au poste de Dame de chambre. Nous avons donc décidé, conjointement, de vous accorder une promotion.

— A nous deux ? se questionna Liva. Il n’y a pas qu’un seul poste ?

— Vous serez toutes les deux Dames de chambre. Sélia, tu seras la mienne et toi, Liva, tu seras celle d’Élia.

— Rassurez-vous, repris-je. Sélina, je t’expliquerais tout à propos des besoins de Véra. Liva, quant aux miens, on les découvrira ensemble.

— Si vous sentez que vous avez besoin de demoiselle de chambre pour vous aider, n’hésitez pas à en informer Rosalie qui ouvrira les candidatures. Avez-vous des questions ?

— Non, répondit Liva. Juste… merci de nous faire confiance.

— Si ça vous convient, enchaîna Véra, je vous laisse signer vos nouveaux contrats.

Dès que les contrats furent signés, on laissa Véra et Rosalie travailler. Avec l’annexion du Thiera, elles étaient débordées. Même si, officiellement, je ne pouvais toujours pas danser, je partis m’entraîner dans mon studio. Pour pas que je prenne trop de retard, le Professeur Lane m’avait envoyé une vidéo avec toute la chorégraphie. Dans cette pièce insonorisée, je pus prendre un peu de temps pour moi. Depuis mon retour, Véra avait affecté un garde supplémentaire à ma sécurité, en poste seulement la nuit et Sacha ne me lâchait plus en journée. Mon studio était la seule pièce où je pouvais rester seule. Je me visais la tête pendant une heure avant de retrouver le médecin du palais. N’ayant pu être soigné correctement la première semaine, il avait réadapté mon traitement. Ma guérison approchait. Je partis ensuite retrouver Véra pour les déjeuners. Quand j’entrais dans l’antichambre, les conversations se turent.

— Qu’est-ce qu’il se passe ?

— Rien du tout, mon ange. Viens t’asseoir, nous t’attendions.

Véra me tira une chaise pour que je puisse m’asseoir à côté d’elle. Je sentais qu’elles me cachaient quelque chose, mais décidais de ne pas chercher. La confiance était primordiale.

— Tu pourras me faire une liste des personnes que tu veux inviter au mariage ? ajouta-t-elle.

— Je peux m’en occuper dans la semaine ?

— Tu as autant de temps qu’il te faut. Je ne compte pas envoyer les invitations avant plusieurs mois.

— Je te ferais ça alors.

— Merci.

Le repas arriva et Liva me servit mon assiette. En fond sonore, la radio tournait toujours. Au milieu du repas, je reconnus une voix, mais aussi une mélodie. J’augmentais le son et les discussions se stoppèrent. Ma sœur passait à la radio, sur l’une de ces chansons que je connaissais par cœur. Je n’aurais jamais douté qu’elle commencerait par celle-là.

— Elle a réussi, commentais-je.

— C’est grâce à toi, compléta Véra. Tu as chanté l’une de ses chansons en direct, devant tout l’Empire. J’ai reçu plusieurs appels de producteur qui voulait contacter ta sœur. Je lui ai transmis les informations et elle a fait son choix.

— Tu savais qu’elle allait passer à la radio ?

— Oui, c’est pour ça que je l’ai allumée.

— Je suis tellement contente pour elle, c’était son rêve.

S’il y avait une chose que je pouvais retenir de bien dans mon enlèvement, c’était que j’avais permis à Iléna d’être connue, de démarrer sa carrière musicale. Je me réjouissais pour elle malgré tout ce qu’il s’était passé.

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