Chapitre 4

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J’étais levée depuis sept heures, pour profiter des deux heures supplémentaires de sommeil de Lianna. Tout devait être en place avant que tout le monde arrive. Le repas, la salle de bal, la décoration, tout devait être parfait. C’était le premier bal que j’organisais en tant que fiancée de Véra. Depuis qu’Ilyan avait demandé ce bal à sa sœur, j’alternais entre sa préparation et mon retour à l’Opéra-théâtre.


— Élia ? m’interrompis Véra. Abandonne ce que tu fais, on sort.

— Mais…

— Liva et Sélina prennent le relais, me coupa-t-elle.


Intriguée, je suivis ma fiancée, ma main dans la sienne. Elle m’emmenait là où, visiblement, toute la famille royale s’habillait.


— Bonjour Votre Majesté. Que puis-je pour vous ?

— Votre plus belle robe pour ma femme.

— Véra, soupirais-je, on n’est pas encore mariée.


Elle m’ignora en discutant avec la vendeuse, sur le style de robe qu’elle voulait de moi. Celle-ci s’éloigna en réserve pour ensuite revenir avec une robe incroyable. Une robe bien plus dans le style de Véra que dans le mien. Elle était bleue à bretelle et en soie. Le bustier offrait un magnifique décolleté et il y avait deux bandes de diamant au niveau de la poitrine et de la taille. Sur le devant, la jupe s’arrêtait au-dessus du genou. À l’arrière, elle touchait le sol.


— Elle est magnifique, soufflais-je.

— Va l’essayer, mon ange.


La vendeuse m’aide à la mettre et l’ajuste avec quelques retouches temporaires. Je me regarde dans le miroir et j’y suis bien plus à l’aise que j’aurais cru. Même avec le décolleté.


— Elle est parfaite, murmure Véra en rougissant.

La robe étant validée par ma fiancée, la vendeuse termina les retouches.

— Puis-je vous proposer des chaussures avec ?

— Bien sûr.


Les chaussures sont de couleur argentée, à pied nu avec de hauts talons. Le regard de Véra me parcourut de haut en bas et son sourire me réchauffa le cœur.


— Je vous prends l’ensemble. Reste habillé ainsi, mon ange.


Je ne posais aucune question, laissant ma fiancée tout gérer. Après le coiffeur, le bijoutier. Devant le miroir, je ne me reconnaissais plus.


— Tu es magnifique, mon amour, murmura Véra, me faisant frissonner.

— J’ai l’impression d’être une Princesse.

— Non, tu es une Impératrice Consort. Mon Impératrice.

— Et tout ça, c’est pour quoi ? C’est Ilyan qui a une annonce à faire.

— Tu verras.


Elle m’embrassa dans le cou et je fermais les yeux. Il était désormais temps de rentrer. En ville, les regards étaient sur moi, ce qui me fit rougir. En cet instant, j’étais mieux apprêté que l’Impératrice et tout le monde l’avait remarqué.


— Véra ?


Elle me fit taire en m’embrassant et des jeunes filles gloussèrent. Arrivée au palais, il y avait déjà plein de voitures dans la cour.


— Prête, Mon Impératrice ?

— Je ne sais pas pourquoi, mais oui.

— Sache que je t’aime plus que tout au monde.

— Là tu me fais peur.

— Mais non, c’est une Bonn nouvelle. Et toi, tu m’aimes ?

— Parce que tu en doutes ?


Je glissais ma main dans la sienne et on gravit les marches. Avant d’entrer dans la salle de bal, Liva déposa mon diadème sur ma tête et Véra s’assura que j’étais parfaite. D’un signe, elle ordonna l’ouverture des portes. Je reconnus alors tout le monde. La famille de Véra, en passant par celle de la Reine Lola, la mienne et mes amis. Ils étaient tous sans voix. Comme moi, à vrai dire.


— Qu’est-ce que…


Véra ne me laissa pas parler et m’emmena au milieu de la pièce. Une musique se lança et je reconnus ma sœur. Je suivis les pas de Véra, dansant avec elle, hypnotisée par ses yeux verts. Elle m’embrassa à la fin.


— Mon ange, dis-moi quel jour on est.

— Un jour tout à fait ordinaire. Je ne comprends pas, je croyais que ton frère avait une annonce à faire.

— C’était un prétexte. Tu ne sais vraiment pas ?

— Joyeux anniversaire, mon amour.

— Mais c’est pas aujourd’hui !


J’entendis ma mère rire puis s’approcher. Souriante, elle me prit dans ses bras. Elle aussi portait une jolie robe qui lui allait à merveille.


— Joyeux anniversaire, ma chérie. Tu as dix-huit ans maintenant. Bienvenue chez les grands.

— C’est aujourd’hui ? J’ai vraiment oublié mon propre anniversaire ?

— Comme tous les ans, p’tit moineau, rigola Iléna.

— Mais quelle idiote ! Merci Véra.

— C’est normal, mon amour. Par contre, je veux savoir comment tu as sur, Ilyan.

— J’ai mes secrets, crapauds.


Je suivis le regard du Prince dévier sur ma sœur. Ou plutôt, sur son décolleté. Celle-ci lui souriait et rougit quand elle croisa mon regard. Il y avait quelque chose entre eux, j’en mettrais ma main à couper.


— Lia !


Ma fille hurla, sauta dans mes bras, tira la langue à sa mère et posa sa tête contre ma poitrine. Véra l’ébouriffa légèrement.


— Tu devrais te marier avec ta fille, Élia, pas avec moi, rigola Véra.

— Et t’abandonner ? Jamais. Je suis si heureuse avec toi.

— Et moi donc. Tu viens ouvrir tes cadeaux ?

— Je suppose que j’aurais plus qu’un téléphone cette fois-ci.

— De un, tu as dix-huit ans, de deux, il y a beaucoup plus de personnes pour te souhaiter ton anniversaire que l’année dernière.


Lianna fut la première à me remettre son dessin et sa fleur. Ma sœur m’offrit une série de livres et ma mère une nouvelle robe de danse. Avec Marcus et Isa, j’eus droit à une magnifique broche à cheveux. Mes camarades de danse d’Edel s’étaient cotisés pour un set beauté. Ceux de l’opéra, diverses bougies. Lizéa m’offrit une robe de créateur, modèle unique. J’avais une montagne de cadeau quand Elena s’approcha, les mains vide.


— Élia, je n’ai pas pu apporter ton cadeau ici.

— Votre présence me suffit.

— Ces clés sont pour toi.

— Je ne comprends pas.

— Je sais mieux que quiconque que la vie au palais peut être étouffante. Je t’offre ta première maison.

— A… attendez, quoi ? Une maison ?


Mon cœur s’emballait dans ma poitrine. Elena m’offrait une maison. Je n’arrivais pas à y croire. L’avait-elle seulement fait avec ses propres enfants ?


— On vivra là-bas, mon amour. Le palais, ce sera notre résidence secondaire, ajouta Véra.

— Mais comment…

— Seules Sélina et Liva y auront accès. Tu te souviens de la vie de famille de mes rêves ?
— Une maison de campagne, mais pas trop loin avec un jardin.

— Oui et on maintenant, on y a droit.

— Merci Elena. C’est… incroyable.

— Joyeux anniversaire, Élia.

— Mon cadeau aussi n’est pas ici, enchaîna Véra.

— Qu’est-ce que tu as encore fait ? la taquinais-je.

— Remémore-toi l’orphelinat d’Edel. C’est bon ? Maintenant, regarde les photos.

— Mais… par la couronne, Véra !


Je sautais dans ses bras, les larmes aux yeux. Elle avait tout compris. Mon cadeau, c’était la rénovation complète de l’orphelinat. Les jeunes avaient droit à un magnifique uniforme et tous bénéficieraient d’une bourse d’études.


— Je savais qu’un autre cadeau physique ne te satisferait pas. Tu n’es pas matérialiste. Avec l’aide de Jordan et de l’architecte du palais, je l’ai fait rénover avec mes fonds personnels.

— Merci. Merci mille fois. Je t’aime tellement.

— Je t’aime aussi.

— Ah d’ailleurs, Élia, ajoute Lizéa, mes filles sont d’accord. Même celles en formation.

— Génial, merci, Liz.

— On danse ? m’invita Véra, la main tendue.

— Avec plaisir.


Je posais délicatement ma main dans la sienne, qu’elle serra doucement. Elle m’invita sur une valse et d’autres couples se joignirent à nous, dont la Reine Lola et le Roi Stanislas. Celle-ci me sourit en croisant mon regard. Cette fois-ci, ses appareils auditifs étaient visibles, ses cheveux étant relevés. Elle suivait son mari pour rester en rythme.


— Merci Véra. Pour cette surprise, mais aussi pour ceux que tu as invités.

— Tu parles de la Reine Lola ? Ma tante Emma m’a expliqué qu’elle s’était occupée de toi pendant l’invasion.

— Entre autres, oui. C’est Ilyan qui a eu l’idée, c’est ça ?

— Oui, mais je ne sais pas comment.

— J’ai ma petite idée, souriais-je. Je crois que ton frère est en couple avec ma sœur.

— Mais non ! Tu crois ?

— Regarde-les, ils hésitent même à danser ensemble.

— Allons les aider.


La lueur de malice dans les yeux de ma fiancée me fit rire. Sans attendre, je crois, malgré mes talons, jusqu’à ma sœur. Le DJ lança une musique techno, digne des discothèques, avec des jeux de lumière. J’attrapais le poignet de ma sœur et la tire sur la piste de danse. Bientôt rejoint par Véra et son frère, je pousse Iléna dans les bras du Prince, en lui adressant un clin d’œil.


— Je crois que ta sœur valide, l’entendis-je chuchoter à Iléna.

— Valider quoi ?

— Bah nous deux.

— N’importe quoi.


Ce soir, ma sœur était plus bête que ses pieds. Ilyan, lui au moins, avait compris ce que Véra et moi venions de faire pour eux. Je me devais d’intervenir pour qu’elle comprenne.


— Bon, vous comptez vous embrasser maintenant ou attendre que je sois mariée ? je tente.

— Mais, Élia…

— T’es bête, Léna. Votre Altesse, si vous faites du mal à ma sœur, vous aurez affaire à moi.

— Je vous promets de faire attention, Mon Impératrice, joue-t-il.

— Je ne suis pas d’accord, là, intervint Véra. Élia est mon Impératrice, insiste-t-elle.


Je rigole et embrasse ma fiancée. J’aimais ce caractère possessif d’elle. J’aimais que chaque fibre de mon corps lui appartienne. J’aimais la voir prendre ma défense, proclamer son amour pour moi haut et fort. J’aimais tous de la femme avec qui je vivais et avec qui je vivrais pour toujours. Cela faisait très longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi heureuse, vivante, et moi-même et c’était grâce à Véra.

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