K@mel
Des horizons nouveaux se dessinent dans les lignes qui courent sur l’écran blanc, à la recherche toujours d’un point, un monde sans virgules où les lettres n’ont d’existence que rêvée, cette volonté de dessiner l’autre à l’aquarelle de ses envies.
Le désir de l’autre. De lui, d’elle. Un rêve d’amour croqué au bord des songes.
K@mel ne voit pas son reflet dans la glace, mais dans les yeux d’autrui, les iris contrariés qui s’éteignent aussitôt à l’aune de son sourire : ses parents qui murmurent en coin, au repas du soir, les regards fuyants et silencieux de ses camarades. Mais qui sait ce qu’il est, qui il est, alors qu’il ne le sait pas lui-même, toujours à courir parmi les illusions qu’il se tisse, au fil du temps ?
Dans l’eau troublée ou la transparence cruelle des miroirs, K@mel cherche K-Mel en ombre chinoise, Kamel qu’il n’a pas connu et qui, sur les photographies, ressemble à un petit garçon qu’il aurait pu aimer. Où sont donc passées ces vies, se demande K@mel, ces existences passées qui n’ont plus le goût de l’autrefois ?
Où trouver les réponses quand Nourah et Yvan disparaissent dans la brume grise des jours nouveaux, emportant avec eux ses derniers refrains, cette volonté immense de dire, d’aimer, de vivre ?
K@mel regarde le vide qui ondoie au précipice de ses nuits obsidiennes. C’est une nouvelle vie qui meurt, une autre qui se dessine dans l’horizon : il faut se débarrasser de tout, de tout, même de sa peau ! K@mel pleure, un peu, peut-être, dans ce silence qu’il s’invente.
(Nos vies ne sont faites que de départs. D’autres villes, comme des phares dans la nuit, le guideront.)
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