Chapitre 15

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Quelques heures à peine après la fuite de trois résistants montés à cheval, Narbor, sentant qu'il perdait le contrôme de sa polulation, durcit une fois de plus sa politique.

Comme certains habitants de la principauté le craignait dès le départ, les actions de la Voix de l'Espoir, firent de Mils un régime ultra autoritaire.

Cependant, une semaine après l'attaque des écuries, un élément innatendu vint bouleverser une fois encore les plans du prince, et de fait, ceux de Lorage. Au petit matin, un conseiller arriva tout essouflé dans les bureaux princiers.

— Quoi ?! Qu'est-ce qu'il y a ?! hurla le prince.

— Votre excellence... C'est le Véerème. Leurs troupes ont investi la ville. Leur général demande à vous voir tout de suite.

— Non... non... non, fit le prince d'un ton affolé, comprenant très vite ce que cela voulait dire. Dîtes leur que j'arrive dans quelques minutes.

Le conseiller s'eclipsa après avoir salué son prince. De son côté, Narbor courut retrouver sa femme et lui apprit la nouvelle.

— Suzanne. Il faut que tu prennes Marie et que tu t'en aille loin d'ici. Le Véerème a envoyé son armée. Ils sont en ville. Lorage va... il va revenir.

— Quoi ?! hurla Suzanne cachant à peine sa peur. Mais Cassius... Il faut que tu viennes avec nous.

— Non... je ne peux pas, vous ne serez pas en sécurité si je viens. Je suis désolé. Il faut que je reste.

— Mais...

— Fait ce que je te dis ! Marie n'est plus en sécurité ici, tu comprends ?

L'épouse de Narbor se résigna et accepta les instructions.

— Va chez tes parents en Sudéranie, et restes-y, reprit Cassius avant de prendre sa femme et sa fille dans ses bras.

***

Des blindés circulaient dans les rues et des soldats étaient en train de désarmer la milice et démanteler les LB-01.

— Votre Majesté, fit le général véerèmois. Ça fait un moment qu'on vous attend. J'hésitais à envoyer mes hommes vous chercher de force.

— Général.

— Votre petite dictature a assez durée. Je vous arrête pour abus de pouvoir et pour soutiens au terroriste Jack Lorage.

— Vous n'avez aucun droit sur mes terres.

— Jack Lorage non plus, répondit le général. Et nous sommes en guerre. En choisissant de vous allier à l'un de nos ennemis, vous êtes vous même devenu notre ennemi.

— Le peuple de Mils n'acceptera jamais votre ingérence.

Le général véerèmois s'approcha un peu plus du prince et lui répondit d'un ton sérieux :

— Le "peuple" de Mils préférera être sous notre protection qu'être dirigé par un homme comme vous. Un homme qui a partie lié avec Jack Lorage.

— Ecoutez... C'est plus compliqué que ça.

— Alors vous aurez tout le temps de nous expliquer ! lui rétorqua le militaire pendant que deux hommes l'emmenèrent dans un blindé après l'avoir menotté. En attendant, nous prenons le contrôle de Mils.

— Vous ne comprenez pas ! hurla le prince déchu. Il va revenir ! Il va revenir ! Il va tous nous tuer !

Les véerèmois présents autour de la scène y assistèrent en imaginant que ce que disait Narbor puisse être vrai.

— Général... fit un officier subalterne. Vous croyez que Lorage va venir ici ?

Le général abaissa son regard et secoua la tête de bas en haut.

— C'est pas impossible... Je veux que toutes les unités se tiennent prêtes. Et contactez l'état-major pour leur annoncer que nous avons, conformément au plan, pris le commandement de la principauté.

— À vos ordres.

***

Celui qu'il fallait désormais désigner comme étant l'ancien prince, était en route vers les geoles, escorté par quatre soldats véerèmois. Il serait enfermé dans l'une des cellules dans lesquelles il avait envoyé bon nombre de ceux qu'il appelait "insurgés". Les soldats véerèmois avaient reçu l'ordre de l'enfermer et de libérer toutes les personnes ayant été emprisonnées pour s'être dressées contre Narbor et Lorage.

Sur le chemin, le prince se ressassait les dernières semaines. La menace d'affrontement imminent sur son territoire, l'envie de ne s'allier ni au Véerème ni au Efdéème, sa volonté de protéger l'héritage de sa dynastie et l'obligation de se plier aux exigences de la personne la plus crainte du monde. Il regrettait de ne pas s'être allié avec le Véerème au début du conflit. Cela lui aurait évité ce qui lui arrivait en ce moment.

À peine jeté dans sa cellule, Cassius entendit un coup de feu, puis un cri de terreur. Son cœur s'accéléra. Les coups de feu se firent de plus en plus nombreux, tout comme les cris. Cassius devina aisément qu'il s'agissait de ceux des pauvres soldats Véerèmois gardant l'entrée des cellules. Et il devina également l'identité de celui qui était en train de les massacrer.

Les portes s'ouvrirent et Cassius devina la silhouette de celui qui avait fait de sa vie un véritable cauchemar, celui qui avait amené la guerre dans sa ville.

— Lorage... fit-il à voix basse.

La silhouette s'avança vers lui. Cassius avait l'impression de voir la Mort en personne. Partout où Lorage passait, elle n'était jamais bien loin.

— Majesté, répondit le Paranormal. Si toutefois je peux encore vous appeler comme ça. C'est donc ça que vous appelez "régler un problème d'insurrection" ?

— J'ai... j'ai tout fait pour vous. J'ai tenter de détruire le mouvement de résistance, j'ai...

Le prince déchu fut interrompu par une pression sur sa trachée.

— Si... s'il... vous plait, supplia-t-il.

— Je vous avait pourtant dit ce qui arriverait en cas d'échec.

Le Paranormal continua d'écraser la trachée de sa victime via la pensée, jusqu'à le tuer. Après quoi, il laissa tomber le corps du prince au sol. Des pleurs retentirent. Il s'agissait d'une jeune femme emprisonnée dans une autre cellule.

Lorage s'avança vers elle.

— Toi, fit-il pour attirer son attention. Qui es-tu ?

La jeune femme n'arrivait pas à répondre. Elle était terrifiée. Elle qui ces derniers jours, placardait des affiches contre l'homme qui se dressait à présent en face d'elle, tout en combattant ses troupes robotiques.

— Ne craint rien, fit Lorage. Je ne te ferai aucun mal. Qui es-tu ?

— Ho-Holly Verner.

— Holly Verner, répéta Jack en s'agenouillant. Et pourquoi es-tu ici ?

La question était trop compliquée pour la jeune femme. Devait-elle avouer au monstre que si elle était enfermée ici, c'était parce qu'elle avait refusé de céder à la peur et à la mainmise du Paranormal ? C'était trop risqué. Elle se repassait en boucle ce qu'elle venait de voir. Lui avouer la vérité signerait sûrement son arrêt de mort.

— Eh bien, je t'écoutes, reprit Lorage.

— Je-Je suis ici par-parce que... parce que le prince m'a prit pour...pour une insurgée.

Jack hocha la tête.

— Ah... je vois, fit-il. Et c'est vrai ? Tu es vraiment une insurgée ?

— N-non, mentit la jeune femme.

Jack ricana.

— De toute façon ça m'est égal Holly. Que tu en soit une ou non, à présent, tu sais qui je suis et ce dont je suis capable. Les véerèmois arriveront d'une minute à l'autre. Heureusement pour eux, je serai parti depuis un moment.

La peur montait en intensité. Holly se voyait déjà morte, lorsque le Paranormal reprit.

— Et... tu es la seule survivante ici, n'est-ce pas ?

— Ou-oui.

— Alors si je te tue, personne ne pourra raconter ce qu'il s'est passé.

La jeune femme leva les yeux vers son interlocuteur. Elle y vit l'incarnation de tout ce qu'il pouvait avoir de plus mauvais chez un Paranormal. Elle devina que la seule raison pour laquelle elle était encore vie, était parce que Lorage voulait qu'elle raconte ce qui s'était passé. Mais le saurait-elle ?

— Tu vois Holly, reprit le Paranormal sourire aux lèvres. Je n'ai aucune raison de te tuer.

Lorage se releva et s'éloigna d'un pas assuré, laissant la jeune femme seule et traumatisée par ce qu'elle venait de voir, et sa rencontre avec la personne la plus dangereuse et crainte du monde.

***

Quelques minutes plus tard, le général véerèmois et une vingtaine d'hommes armées arrivèrent aux cellules. Ils furent horrifiés lorsqu'ils virent les cadavres de leurs camarades. Et ils avaient du mal à croire qu'un seul homme était à l'origine de tout ça.

— Mais... mais qui a pu faire ça ? demanda le sergent.

— Je crois qu'on connait tous la réponse. Et je crois que le maire avait raison sur un point... Il n'avait rien à voir avec tout ça. C'était Lorage qui tirait les ficelles.

Le général s'avança vers la jeune femme qui parlait toute seule. Elle semblait visiblement avoir été traumatisée par quelque chose.

— Vous, fit le général. Qui êtes vous ?

— Nan ! hurla la jeune femme qui avait l'impression de revivre la même scène, celle où le monstre était venu vers elle. Laissez moi ! Je vous en prie !

Holly fondit en larme.

— Pitié... laissez moi...

Le général lança un regard à ses hommes. Tous ne comprenaient pas ce qui avait bien pu mettre cette pauvre fille dans cet état.

— Mademoiselle, reprit le général en lui prenant la main pour la rassurer. On ne vous fera aucun mal.

— Aucun mal, répéta la fille. Aucun mal... aucun mal. Il a dit ça aussi. Aucun mal... il a dit ça aussi.

— Qui ? Qui a dit ça ?

Holly tourna la tête vers le général.

— Il était là... Il était là !

— Qui ?

— Lorage...

Le général lâcha la main de la jeune femme et se releva. "Jack Lorage" pensa-t-il. Le maire avait raison.

— Général. fit le sergent. Vous voulez que je demande l'envoie de renforts ?

— Oh non sergent. Ça ne sera pas nécessaire. Lorage doit être loin à l'heure qu'il est. Il n'est pas assez fou pour rester dans cette ville. Même s'il est très puissant, il sait qu'il y a un risque pour lui, s'il reste.

Pendant ce temps dans les rues de Mils, les habitants, et désormais "ex-résistants" tels qu'Enrik qui fit partie des trois cavaliers ayant réussi à quitter Mils pour soliciter l'aide du Véerème, fêtaient la venue de ce dernier. Tous criaient leur joie, jetaient des confettis. Y compris ceux qui avaient été les plus réticents aux activités de la voix de l'Espoir. Certes la guerre n'était pas terminée, mais l'arrivée du Véerème marqua tout de même une victoire pour la liberté.

Le général véerèmois garderait le contrôle de la principauté afin d'assurer une transition pacifique, le temps qu'un successeur à Narbor soit trouvé. L'ancienne famille princière s'exila quant à elle en Sudéranie, pays d'origine de la femme de feu le prince Narbor.

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