Chapitre 14
Principauté de Mils, 3 Novembre 2000
Il faisait nuit. La ville était éclairée par la lumière de la lune utopienne et par l'éclairage public. Le ciel était dégagé, et illuminé d'étoiles scintillantes que Holly regardait en rêvassant, jusqu'à ce que des explosions lointaines la ramenèrent à la réalité. Son groupe n'attendait que ça pour pouvoir se préparer à l'attaque des écuries.
Les premières détonations près du palais indiquèrent que le point de non retour venait d'être franchi. L'opération était lancée et ne se concluerait qu'avec la réussite des résistants, ou leur échec. La voix de l'Espoir n'avait pas pour objectif de prendre le contrôle du palais. Mais juste de le faire croire pour que la Milice déploie le gros de ses hommes autour de l'édificee et ainsi créer diversion.
Narbor, pensant alors à une tentative de coup d'état, mordit à l'ameçon et ordonna à ses hommes de protéger le palais. Ces derniers furent accompagnés par des dizaines de bots.
Holly, Kalvin et le reste de leur groupe d'infiltration, virent des cohortes de LB-01 monter à bord de camions pour se diriger vers le palais princier. Les véhicules à moteur n'avaient d'ordinaire pas l'autorisation de circuler dans la cité de Mils. Mais Lorage s'étant octroyé tous les droits, avait fait venir plusieurs de ces engins pour l'acheminement et le déploiement de ses forces robotiques.
— Ça marche, dit Holly. Ils se dirigent vers le palais.
— Que tous le monde se tienne prêt, ajouta Kalvin au reste du peloton.
Les résistants qui les accompagnaient vérifièrent leurs armes. Même si la plupart des LB-01 qui défendaient les écuries venaient de quitter les lieux, il restait plusieurs hommes de la milice de Narbor. Ceux-ci étant à la fois intrigués par ces mystérieuses explosions, mais rassurés de ne pas y être. Les malheureux, ignoraient qu'ils étaient sur le point de se retrouver au coeur d'une escarmouche.
— On y va ! cria Kalvin.
Le groupe passa à l'assaut, prenant par surprise les gardes qui n'eurent le temps de riposter convenablement à leurs premières salves.
Bien que bénéficiant de l'effet de surprise et de la supériorité numérique, le groupes de Kalvin subit tout de même quatre pertes. Mais pas le temps de les pleurer ou de s'occuper de leurs corps. Les rescapés devaient passer à la deuxième phase.
— Tous le monde à cheval, fit Kalvin. On fonce à la porte Ouest.
— En espérant que les autres aient réussi à en prendre le contrôle, ajouta Holly.
Holly, Kalvin et les autres membres du groupe chevauchèrent leurs montures et galopèrent à travers les rues de la ville, sous les yeux des habitants qui regardaient la scène depuis leurs fenêtres, les yeux plein d'espoir. Les cavaliers étaient conscients de l'espoir qu'ils inspiraient à leurs compatriotes. Ou du moins à certains d'entre-eux, toujours plus nombreux. D'autres, restaient farouchement opposés à la voix de l'Espoir, craignant une répression dure de la part de Lorage.
Holly et ses compagnons aperçurent la porte Ouest droit devant eux. Elle était en train de s'ouvrir. La jeune femme esquissa un grand sourire de satisfaction et d'espoir. L'ouverture de la porte signifiait que les résistants affectés à la prise de la porte avaient accompli leur mission. Il ne restait alors plus qu'aux cavaliers à franchir le seuil de la porte et à foncer droit vers les Royaumes-Unis afin d'y chercher le soutien du Véerème.
Mais ça ne se passerait pas aussi facilement que ça. Après avoir eut vent de ce qui venait de se passer aux écuries et à la porte Ouest, la milice avait compris ce que les insurgés avaient préparés. Une partie s'était alors redéployée pour intercepter les fuyards. Ces derniers se retrouvèrent alors sous leur feu.
— Descendez-les ! hurla un milicien.
La plupart des cavaliers se firent cribler de balles. Sur les vingt-trois, seuls deux réussirent à quitter la ville sain et sauf.
Kalvin fit partie des victimes des tirs. Le cheval de Holly se fit lui aussi abattre, la faisant chuter. Lorsqu'elle se releva, elle vit le corps de son petit ami, inerte au sol.
— Kalvin ! cria Holly en courant jusqu'à lui.
Ignorant les tirs ennemis qui continuaient à pleuvoir, elle termina sa course à côté de Kalvin. Elle s'agenouilla et le prit dans ses bras. Les tirs cessèrent.
— Holly, prononça Kalvin agonisant. Je suis... désolé.
La jeune femme constata que son amant était mortellement touché à l'abdomen, se vidant de son sang.
— Kalvin...
— Un jour nous regagnerons notre liberté. Un jour le monde vivra en paix. Uni.
Sur ces paroles, le chef de la voix de l'Espoir s'éteignit pour toujours. Laissant Holly, seule au milieu des cadavres de ses amis et des chevaux tombés pour la liberté.
Les bots et quelques hommes de la milice de Narbor s'approchèrent d'elle, en la tenant en joug. Holly se coucha sur le corps de Kalvin et attendit la mort. Mais à sa plus grande surprise, celle-ci semblait ne pas vouloir d'elle.
— Ne tirez pas ! cria le capitaine de la Milice. Le prince voudra l'interroger.
Les miliciens et les bots baissèrent leurs armes.
— Emmenez-la.
Deux hommes se ruèrent vers la jeune femme pour l'arracher au corps du défunt chef du mouvement rebelle, et l'emmenèrent dans les prisons de la ville. Un endroit froid et sombre, d'où elle ne ressortirait probablement jamais.
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