Chapitre 17.5

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17.5

Le Journal : "Et si je le perdais ?"

Samedi 3 avril, hôpital de Lake Town.


J'ai envie de sortir. Le printemps est vraiment là. Il doit faire doux à l'extérieur. Rester enfermé toute la journée à voir les infirmiers et les médecins passer les uns après les autres est horrible. Ils me donnent la même sensation que les professeurs de mon collège : je ne suis qu'un mauvais moment de leur journée à passer.


Dimanche 4 avril.


Mr Grace est venu me voir aujourd'hui. Il avait l'air aussi épuisé que les dernières fois. Il me fait pitié. J'aimerais l'aider, mais je sais que c'est moi la cause de ses malheurs.


Mercredi 7 avril.


Expliquer comment on en est arrivés là ?

J'en sais rien. Je regrette tellement ! Si seulement je pouvais revenir en arrière...

C'était le dimanche 7. Ça fera déjà bientôt deux mois.

Raylen et moi avions prévu de passer la journée ensemble. Je me rappelle que sa lèvre était fendue quand je l'ai retrouvé. Son père avait encore bu et l'avait frappé la veille au soir. On a commencé par fumer derrière le gymnase du collège. Il faisait gris et froid. Je tremblais et la seule source de chaleur était la fumée qui glissait dans ma gorge. Raylen a ensuite fait un joint. Il m'a demandé de faire le gai à l'angle du bâtiment pour le prévenir si un passant ou la police débarquait. On commençait à être connus par les flics du coin à cause de nos conneries. Vols à l'étalage, possession illégale d'alcool et de substances illicites, destruction et dégradation de biens publics, racket sur des plus petits que nous...

On a pu fumer le joint tranquillement à tour de rôle sans être dérangés.

C'est qu'une fois qu'on avait le cerveau en ébullition et les idées confuses que Ray s'est avancé dans le parking, m'a montré une voiture grise banale et m'a lancé sur un ton de défi « C'est la bagnole de Mme Hudson, cette conne de prof d'histoire. J'parie que t'as pas les couilles de péter une vitre ». Bien sûr je lui ai répondu que c'était faux et que je le ferais si je le voulais. « Non, j'ai encore une meilleure idée » il a dit avant que je passe à l'action. « On va péter la vitre et voler la voiture ».

On l'a fait.

Le père de Ray était garagiste. Il en savait long sur les voitures et il a appris à son fils pas mal de choses. En quelques minutes, Raylen et moi étions assis dans la voiture, à faire des tours dans le parking. Pendant au moins deux heures, on s'est entraîné à conduire.

Ray m'a alors défié d'aller sur la route avec la voiture. J'ai refusé. Je savais à peine conduire, c'était trop dangereux. Il m'a traité de poule mouillée. Une boule s'est coincée dans ma gorge. Et si je le perdais ? Et s'il se trouvait d'autres amis pour me remplacer ? J'étais mort de trouille à l'idée qu'il m'abandonne. Alors je lui ai dit que j'allais le faire. Il a récupéré son sac sur la banquette arrière et en a sorti une bouteille de vodka. Je l'ai dévisagé avec des yeux ronds. « Pour t'encourager » il m'a dit avec un sourire entendu. « Elle est à mon père et il risque de me tuer s'il voit que je l'ai prise, mais je m'en fous ».

J'ai bu le premier au goulot. L'alcool a brûlé ma gorge et j'ai toussé pendant une bonne minute, les larmes aux yeux, avant de récupérer mon souffle. Raylen a bu à son tour et a eu la même réaction. Pendant qu'il se pliait en deux en toussant, j'ai récupéré la bouteille et j'en ai avalé plusieurs gorgées. Pourquoi ne pouvais-je pas profiter de ma jeunesse ? C'était maintenant ou jamais.

Je me suis engagé sur la route, du feu à la place du sang. Plusieurs dizaines de minutes plus tard, j'ai percuté Alison Grace et ses filles sur un passage piéton.

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