Chapitre XI
Deux semaines plus tard, les voila dans leur appartement luxueux. Cole a appris à distinguer sa mère de son père et ses pleurs deviennent de moins en moins réguliers. Celui-ci boit ses six biberons par vingt-quatre heures et il est en pleine forme. Matt n'a toujours pas repris le boulot et Thomas s'occupe de Cole tous les soirs. Il dit que ça lui permet d'avoir un instant père fils. Si j'avais pu parler, je lui aurais dit qu'il a raison, et qu'il faut toujours profiter des instants précieux avant qu'il ne soit trop tard. Mais bon, il est déjà trop tard, on ne peut pas revenir en arrière. On ne le pourra jamais. La vie est telle qu'elle est et nous sommes bien obligés de vivre avec.
Posée sur le canapé du salon, j'admire Matt pianoter avec entrain sur son ordinateur pendant que Cole joue sur son tapis d'éveil rempli de jouets tous plus colorés les uns que les autres. Je me lève et me pose à ses côtés. J'aurais tellement aimé pouvoir le prendre dans mes bras, lui faire des bisous et lui dire que je l'aime. Malheureusement, c'est impossible, ce temps est révolu. Je me le rappelle sans cesse mais j'ose espérer qu'un jour je puisse redécouvrir le bonheur que j'éprouvais à cet instant. Je vois Matt décoller les yeux de son ordinateur pour se poser sur Cole. On peut y lire tout l'amour du monde que peut porter une mère pour son fils. Ma main tente de se poser sur son bras mais celle-ci la traverse et bat de l'air. Mon fils était très beau. Toutes les mères le clament me diriez vous, mais Cole ressemblait énormément à son père. Il a les mêmes yeux marrons mais je suis persuadée que ses yeux se seraient éclaircis s'il avait eu le temps de se développer.
Thomas entre dans la pièce et Cole tourne immédiatement la tête vers lui. Je me relève et pose un peu de distance entre mon fils et moi. Je ne sais plus quand survient le drame mais je sais qu'il est imminent. A force de voir les jours passer, j'en ai perdu la notion du temps. Je n'ai pas cherché à avancer dans le temps bien que cela aurait pu atténuer ma peine et ma douleur. Je voulais simplement me remémorer ces simples souvenirs du quotidien que j'avais oublié. Enfouis au fond de mon esprit, mes souvenirs reviennent par vagues et viennent s'échouer. Cole tape dans ses mains attirant le regard bienveillant de ses parents. Cette scène respire l'amour autant que ces derniers jours et cela me donne la bile.
– Allez Cole, on va prendre le bain ! déclare Thomas dans un sourire.
– Bon, bah pendant ce temps je vais préparer le diner, s'écrie Matt, en rangeant son ordinateur, insouciante. En même temps qui n'aurait pas confiance en son homme ? Je n'essaie pas de me justifier de ma naïveté, simplement d'énoncer ce que j'en pense. Celle-ci se rend dans la cuisine. Celle-ci se rend dans la cuisine tandis que Thomas prend Cole dans ses bras et l'emmène dans la salle de bain. Pendant deux secondes je me tâte à tenir compagnie a Matt pendant que celle-ci prépare le diner mais une autre force me pousse à voir ce qui s'est vraiment passé.
Avant même de pénétrer dans la salle de bain, j'entends les rires mélodieux de Cole qui atteignent mes oreilles :
– Allez loulou, on va se laver ! lui dit Thomas d'un ton doux.
Son téléphone sonne, cassant l'atmosphère douce qu'ils avaient créée. Il décroche, et le met en haut-parleur tout en entreprenant de s'occuper de Cole.
– Thomas, c'est maintenant, dit calmement la voix à travers le téléphone. Encore une fois je la reconnais et celle-ci me glace le sang. Elle ressemble fortement à Amber. Non, c'est impossible ! Cela ne peut pas être elle. Ils ne peuvent pas se connaître. Je m'approche tout en prenant attention à tout ce qui se passe.
– La voie est libre ! intervient Thomas en portant Cole. Il laisse son téléphone posé sur la planche à langer et fait couler de l'eau chaude dans la baignoire.
– Assure toi d'être discret ! Il n'y a pas de place pour l'erreur ou tu finiras comme ton fils ! Elle raccroche subitement et celui-ci soupire.
A quoi rime cet appel absurde ?
– Je suis désolé loulou, confie Thomas à son fils en le serrant dans ses bras. Il dépose un baiser sur sa tempe avant de le plonger dans la baignoire. Cole bat des bras l'eau chaude qui l'éclabousse. L'eau continue de couler du robinet. Si j'avais été là, je lui aurais dit d'arrêter l'eau mais là, je ne peux rien faire. Thomas n'a d'yeux que pour Cole et il n'a pas l'air décidé a stopper l'eau. Il n'arrête pas de s'excuser.
– Je suis vraiment désolé, je ne peux pas faire autrement. Il n'y a pas d'autres solutions, c'est ça ou nous tombons à deux ! C'est la seule chose que je peux faire ! Je dois le faire ! Pardonne moi Cole !
Il affiche un air désolé et je vois ses mains enfoncer la tête de Cole dans l'eau chaude qui ne cesse de couler. Mon cœur s'arrête, mon corps se bloque, mes muscles se crispent. Une partie de moi se déchire pour ne pas dire s'effondrer. Je me prends la vérité en pleine face telle une claque. Comment a-t-il pu me faire ça ? Il savait a quel point je l'aimais plus que ma propre vie et que j'étais prête à tout donner pour lui. C'était mon fils, ma raison de vivre, mon bonheur. J'aimais Thomas mais mon fils passe avant. Mes jambes flageolent et mon corps menace de tomber. Mes membres tremblent. J'ai envie de hurler, de le tuer, de me venger de toute la douleur qu'il m'a apporté. J'ai beaucoup d'idées en tête mais en même temps, mon esprit est vide de sens. Je me mets a me parler à moi-même :
– THOMAS, JE VAIS TE TUER PUTAIN ! hurlais je en me jetant au sol.
Moi qui pensais que j'avais vécu le pire, j'étais loin d'imaginer la vérité. Qui est-il véritablement ? Qui est-il pour se permettre de tuer mon fils ? Mes yeux rivés sur les mains de Thomas qui maintient toujours la tête de Cole sous l'eau, je ne cesse de prier pour que tout s'arrête. Prise d'espoir, je me relève sur mes jambes et me précipite vers la baignoire. Mes mains tentent de récupérer Cole, mais je brasse de l'air, je passe au travers. Je hurle de douleurs :
– NON COLE ! BATS TOI MON CHERI ! . . .
Mais au plus le temps passe, au plus les secondes s'égrènent. Un humain ne peut rester sous l'eau autant de temps, encore moins un bébé. Thomas est en train de le tuer sous mes yeux et je suis complètement démunie. J'aurais beau lui hurler dessus, je ne suis qu'une spectatrice. Je ne peux pas agir sur le passé, j'en suis incapable.
– MATT, C'EST COLE ! crie soudainement Thomas. DEPECHE TOI !
On entend le bruit des casseroles qui tintent dans un fracas et Matt déboule dans la salle de bain.
– Qu'est ce qui . . . Elle n'a pas le temps de finir sa phrase qu'elle se précipite sur son fils et le sors de l'eau. Elle a le premier réflexe de prendre son téléphone et d'appeler les secours. Qu'est ce qui s'est passé Thomas ? demande-t-elle dans un tremblement.
– Je ne sais pas, j'ai baissé la surveillance quelques secondes et il s'est retrouvé complétement submergé dans l'eau. C'est de ma faute, je suis désolé, je suis désolé ! ne cesse t'il de répéter.
Matt prend son calme et se met à procurer les premiers soins à Cole qui ne respire plus. Un calme pesant règne dans la pièce. Thomas ne bouge pas. Si j'avais su, je l'aurais assassiné sur place. Si un regard pouvait tuer, il serait mort sur le coup. Les gyrophares du SAMU se mettent à hurler dans tout le quartier et bientôt, Cole est pris en charge par les urgentistes. Etrangement, Matt parait sereine mais je sais que ce n'est qu'une façade pour ne pas faiblir devant tant de personnes. Elle sait que si elle panique, elle n'aura plus d'espoir. Cole est embarqué dans le véhicule du SAMU et Matt et Thomas à leur suite. Je ne les suis pas. Je sais très bien ce qui se passe. Il ne survivra pas. Son corps était trop faible pour supporter un tel manque d'oxygène. La vie est injuste mais elle est faite ainsi. Le plus dur est de devoir tourner la page. On ne peut pas oublier si vite un tel bonheur. Il était mon étoile filante dans ma nuit noire. Elle ne devait pas s'éteindre si vite. Malheureusement la durée de vie d'une étoile filante est extrêmement courte. En général, ces éclats lumineux ne durent que quelques secondes, le temps que le météoroïde se consume complètement dans l'atmosphère. La vitesse à laquelle ils traversent le ciel contribue également à la brièveté de leur visibilité. Un peu comme Cole finalement. L'appartement est maintenant vite, plongé dans le calme. Je déambule. Maintenant, le temps devrait s'avancer. Thomas est un traitre. C'est un putain de traitre et je n'ai jamais rien vu. J'étais aveugle. Rongée par le désespoir et le mal être, je décide de m'endormir un peu, essayant d'accumuler toute l'horreur de la scène.
***
Deux semaines ont passés et pourtant, le temps n'a toujours pas avancé. Je ne sais pas si je n'ai oublié des évènements mais je ne comprends pas trop pourquoi je ne passe pas à autre choses comme les fois précédentes. J'ai même fini par ignorer Matt et Thomas qui ont fini par ne plus sortir et ont arrêtés de travailler.
– Comment tu as pu laisser passer ça Thomas ? demande calmement Matt qui tente d'atténuer ses pleurs.
– Je ne sais pas Matt, je ne sais pas ! répond il en jetant un œil sur son téléphone toutes les deux secondes.
Je décide de me rapprocher et jette un œil à son téléphone. Cette fois ci, j'en ai le cœur net, il était de mèche avec Amber. Les messages qu'il entretient avec elle sont à l'appui. Il s'est permit d'échanger avec elle alors qu'elle a détruit toute ma famille. Il a comploté avec elle. Mais pourquoi ? Pourquoi m'avoir fait ça ? Savoir que Thomas n'était qu'un acteur et qu'il n'avait jamais rien voulu avec moi me blesse, mais rajoutez à cela qu'il a osé toucher à mon fils, qu'il l'a tué derrière mon dos, et qu'il a prétendu ne pas l'avoir fait exprès est un crime. Je lui en voudrais toute ma vie.
Amber > Maintenant que le gamin est mort, tu devrais arreter de mentir à Matt ! La pauvre, elle qui te pensait honnête avec elle . . . Haha !
Thomas > Et qu'est ce que je suis censé faire ? L'abandonner ? Moi qui avait tout construit avec elle ? Donne moi ce que tu me devais et laisse moi tranquille Amber !
Amber > Fais ce que je te dis !
Thomas > Amber, tu m'avais promis que tu respecterai ta part de marché !
Amber > Thomas
Amber > Tu connais la suite. Soit tu fais ce que je te dis, soit tu finis comme ton fils ! A toi de voir. Sacges que je n'ai qu'une seule parole.
Amber > Tu as tout bien accompli alors continue ou tu risque de tout gacher ! Si tu ne te sens pas capable, alors je le ferais moi meme !
Thomas > D'accord !
Moi qui pensais qu'il était parti parce qu'il ne ressentait plus rien , je suis bien loin de la vérité. Amber a planifié toutes les morts de ma famille, maintenant, j'en suis sure. Mon père, ma meilleure amie et ensuite mon fils. Cela ne m'étonnerait même pas que Thomas soit mort à son tour. Depuis le temps que je ne l'ai pas vu . . . S'il n'est pas déjà mort, je le tuerais moi-même.
Justine.H
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