Chapitre 7
Haydée
De retour dans le repaire de Blake, celui -ci partit rassembler ses affaires avant de retourner auprès d’Haydée, qui l’attendait patiemment. Sa brioche toujours entre ses mains, elle était perdue dans ses pensées.
- On a du mal avec la brioche, à la farine de ver de terre ? demanda Blake, intrigué.
Haydée secoua la tête puis elle mordit dans sa brioche, mais eut du mal à la mâcher. Le jeune homme se rapprocha d’elle, la fixant droit dans les yeux avec son regard séducteur. Puis croqua à pleine dent dans sa brioche. Haydée devint rouge pivoine, complètement déstabilisée par cette proximité. Celui-ci grigna et recracha immédiatement le morceau.
- Pas étonnant que tu n’en voulais pas, elle est rassie ! s’exclama-t-il.
La petite Reila détourna le regard intimidé.
- Essaie celle-ci ! dit-il, en lui sortant une autre brioche fraichement cuite.
Haydée sépara la brioche en deux, tendant l’autre moitié à Blake.
- Tu devrais la manger entière !
Mais la petite Reila insista, celui-ci perplexe accepta et la remercia. Haydée lui retourna son remerciement avec un beau sourire, puis porta la brioche à sa bouche, savourant chaque bouchée.
- Je m’excuse pour ce matin, ajouta Blake le regard dans le vide.
Celle-ci baissa les yeux, esquissant un sourire discret.
- Aider ton prochain. Ça fait partie de tes devoirs de Reila ? lança Blake dépité
Haydée sortit son calepin et y inscrivit
- Ce sont plus des préceptes et des enseignements, plutôt que des devoirs
- C’est pour ça, que tu refuses de parler ? demanda Blake intrigué.
Haydée se figea, démasquée.
- J’avais déjà lu cela quelque part. Certaines Reila font vœux de silence pour se rapprocher de leur dieu, expliqua Blake intrigué.
- Je dois racheter mes péchés avec des épreuves, écrivit-elle avec confiance.
- Je vois, jusqu’à quand ? interpella-t-il.
Haydée resta perplexe.
- Jusqu’à ce qu’il t’envoie d’autres “épreuves” ? Tu ne trouves pas que t’en as assez bavé ? fit-il, en indiquant l’hématome qu’elle avait au visage.
- J’ai confiance, même si tout ne parait pas clair pour le moment ! Tout ceci s’est déroulé pour une raison, écrivit-elle.
- La seule personne qui peut te sauver, c’est toi-même et pas ton « dieu ». En situation de crise c’est celui qui réagit le plus vite qui survit ! conseilla t-il avec sérieux.
Haydée griffonna une note, qu’elle tendit au jeune voleur.
- notre rencontre fait partie de son œuvre ! J'en suis certaine ! lut Blake, à voix haute.
- Eh bien, tu as beaucoup à apprendre ! lança Blake d'un air moqueur.
Haydée lui tendit une autre note.
- Toi aussi ! lut -il, à voix haute.
Haydée campa sur ses positions. Blake amusé, reprit ses préparatifs, lui tendant des vêtements à lui.
- Je pense que ça t’ira ! C’est pas aussi seyant que ta petite robe, mais tu attireras moins l’attention, ajouta t-il avec un sourire en coin.
Haydée déplia les vêtements et le remercia.
Löwenn
Löwenn continua ses recherches dans l’Underworld.
Au détour d’une ruelle, il croisa un groupe d’enfants qui trainait dans le coin. Il partit à leur rencontre, ceux-ci le dévisagèrent lorsqu’ils le virent.
- Bonjour, les enfants ! Est - ce que vous avez vu une jeune femme aux cheveux blanc dans les parages ? demanda-t-il en se mettant à leur niveau.
Le plus jeune d’entre eux était tétanisé mais ses ainés lui firent signe de se taire.
-Et qu’est - ce que vous nous donnez en échange ? lança l’un.
Löwenn sortit deux pièces d'argent de sa bourse.
- Alors qu’as-tu vu ? fit-il en s’adressant au plus jeune enfant du groupe. Celui-ci devint livide.
- J’ai eu si peur monsieur, c’était une sorcière aux cheveux blanc ! On a eu de la chance mais pas… expliqua-t-il apeuré
- Qui ça ? demanda Löwenn.
- Va falloir payer pour le reste M’sieu, fit l’un de ses aînés.
Löwenn le dévisagea, estomaqué.
- Je pense que j’aurai plus de chance avec l’homme qui est au coin, lança le jeune homme au regard azur.
Puis il leur remit les deux pièces et repartit de son côté.
Le jeune épéiste sentit leur regard dans son dos, il dégaina son sabre, parant leur coup instinctivement.
- N’essayez même pas, déclara-t-il en se mettant en garde.
Ils étaient cinq, lui arrivant à peine à la taille. Armés de petites lames rouillées, Ils attaquèrent tous en même temps. Filant comme le vent, rapides et agiles à la fois, Löwenn eut du mal à parer leurs attaques sournoises.
- Je ne veux pas vous faire de mal ! Rentrez chez vous avant que je m'énerve réellement ! menaça t-il.
Il n'eut pas le temps de réagir, qu'un des enfants le toucha à la côte, enfonçant sa lame dans sa chair. Löwenn hurla de douleur, attrapa l'enfant et le balança contre le mur. Les autres sautèrent sur l'occasion pour se jeter sur lui.
Par réflexe, il lança un coup circulaire qui repoussa les enfants, sauf un qui se faufila à travers son attaque. Bondissant sur Löwenn, le jeune épéiste brandit son sabre, coupant le bras du jeune garçon. Du sang jaillit de son petit membre amputé. Löwenn réalisant ce qui venait de se passer, fut envahi par la tristesse et le désarroi.
Livide, ses mains tremblaient. Les enfants se figèrent, lâchant leur petite lame, ils s'enfuirent en courant, laissant leur camarade agoniser à terre. Löwenn se précipita à son aide, faisant un garrot à son bras. L'enfant perdant peu à peu connaissance, il le prit dans ses bras, frappa à toutes les portes des maisons, en demandant de l'aide mais personne ne répondit. Il interpela quelques passants dans les rues, mais ceux-ci fuirent.
Löwenn décida de l'emmener à la frontière chez les sentinelles.
- Il va mourir si l'on ne fait rien ! hurla t-il désemparé
- Je regrette Monsieur ! Nous ne prenons pas en charge les personnes sans visa, répondit la sentinelle, calmement.
- Je prendrai en charge tous les frais hospitaliers ! lança t-il fermement, en leur jetant sa bourse remplie de pièces d'or. Les sentinelles emmenèrent l'enfant à l'infirmerie où ils prirent soin de lui.
Le jeune homme au regard azur attendit auprès des sentinelles, donnant l’apparence d’un détachement exemplaire. Mais au fond de lui, il savait que ce séjour à l’Underworld le marquerait.
Jérémiah
Jérémiah retranché dans son bureau, réfléchissait aux preuves qu’il avait acumulées.
La situation géographique donnait un avantage certain aux rebelles. Orald était perdue au milieu d’une mer asséchée et entourée de marécage. Les rebelles pouvaient aisément attaquer les réseaux ferrés qui traversaient ces marais. Et passer la frontière pour se cacher dans l’abondante forêt sacrée des Reilas.
Le prince Karsten avaient fait construire plusieurs relais pour faciliter les trajets, mais ces guérillas incessantes ralentissaient son économie et son système. Jérémiah sentait que les rebelles préparaient quelque chose.
Il retira ses lunettes et sortit une dose d'ambroisie qu'il s'administra dans le globe oculaire. En pleine jouissance chimique, il s'arrêta devant le portrait de l'ancienne Reine d'Orald. Elle était d'une grande beauté dans sa longue robe d'une blancheur immaculé, sa chevelure flamboyante lui arrivant au niveau des genoux. Lorsque le tableau fut peint, elle devait être à peine plus âgé que Löwenn. Quand le Prince Karsten, d'Orfenheim s'installa dans le palais, il ordonna aux serviteurs de détruire tous les tableaux et les statues à l’effigie de l'ancienne famille royal.
Jérémiah dut lutter pour garder celui-ci. Les circonstances de sa mort furent sordide et tragique. Officiellement, la reine s'était suicidée avant l'arrivée des soldats Orféniens, mais Jérémiah connaissait la véritable histoire.
Il se rappelait de son regard désespéré lorsqu’il rentra en elle, de son visage et son esprit brisé lorsqu’il la pénétra avec son fusil vectis prime. La main dans son pantalon, il commença à se soulager lorsqu’il fut interrompu par un coursier qui lui remit une lettre. Cette missive, portait le cachet de Löwenn. Il l'ouvrit et la lut rapidement. Enervé, il saisit son manteau et se rendit à la frontière sur le champs.
Will
Hàlcon, accompagnés de Will et de Kenneth, se rendirent au point de rendez vous des Guanas, des iguanes à forme humaines.
A la frontière entre l'Underworld et Orald, les Guanas aidaient les résistants à charger la poudre noire des Orféniens sur leur charrette. Will les fixait pendant de longues minutes, intriguée par leur peau écailleuses, leurs longues griffes et leur gueule remplit de dents pointus. Hàlcon négocia avec Raecknor, le chef des Guanas, sa longue queue robuste serpentant au sol.
Will aperçut des champignons fluorescents et partit les cueillir.
- Je ne m'en approcherais pas, si j'étais toi ! avertit Kenneth
- Nous avons toujours besoin de poison, répondit -elle
Tout deux aperçurent Hàlcon qui finalisait sa transaction auprès de Raecknor, à la lueur des lanternes
- Je n'aime pas les Guanas, confia Kenneth à Will
- Pour quelles raisons ? demanda Will intriguée
- Les Guanas sont des créatures intéressées ! ils seraient capable de nous vendre à Orfenheim si ça leur rapporteraient plus, expliqua t-il
- Ils auraient tout à gagner, en nous aidant à remporter la guerre, répondit elle en donnant son point de vue.
Après avoir tout chargés, ils firent route vers le restaurant. Lorsqu' Hàlcon arrêta le cheval brusquement, apercevant un cavalier royal qui se précipita en leur direction.
- Toi avec moi ! fit-il à Kenneth.
Puis Hàlcon et Kenneth se cachèrent parmi la cargaison, laissant Will aux commandes.
- Tu nous en débarrasse ! ordonna le Zolos nerveux.
Le cavalier s'arrêta à quelques pas d'eux, se révélant à la lueur de sa lanterne.
Will reconnut Jérémiah, grâce à son manteau bleu nuit de la garde royale. Nerveuse, elle dénoua ses cheveux, faisant virevolter sa chevelure flamboyante, avant de partir à sa rencontre.
- Tout va bien madame ? demanda-t-il,
- Vous m'avez fait peur, je ne vous avais pas reconnu dans le noir, s'exclama-t-elle avec douceur.
- Vous travaillez à l’Orfenia ? Si je m’abuse, lui demanda t-il avec le sourire.
- C’est exact, répondit Will, avec un faux sourire.
- Pardonnez mes manières ! Je suis Jérémiah Stoltz, chef de la garde royale, se présenta t-il en inclinant la tête.
- Enchantée, Will, se présenta-t-elle avec un faux sourire.
- Mademoiselle Will, que faites-vous au beau milieu de la nuit sur la route menant à la frontière ? demanda-t-il méfiant.
Will garda son calme.
- J'étais venue chercher des épices, répondit-elle, en le fixant dans les yeux.
- A la frontière de l'Underworld ? reprit-il suspicieux.
Will se glaça, cherchant des réponses. Jérémiah se rapprocha dangereusement de la charrette. Hàlcon et Kenneth se préparèrent à attaquer.
- Vous m'avez démasquée, s'exclama Will en se plaçant devant.
Elle attrapa son panier et lui montra les champignons qu'elle avait récolté.
- Pourquoi avez-vous besoin de champignons aussi toxique ? demanda-t-il intrigué
- Nous faisons face à une invasion de rats, ils sont devenus de plus en plus résistants ! mentit-elle avec aplomb.
- Je pensais que vous ne reviendriez plus, si vous appreniez que nous sommes infestés par les rats, affirma-t-elle, en se rapprochant doucement de lui.
- Pourquoi ferais-je cela ? Votre cuisine est bien meilleure que ce qu'on nous sert au palais, rassura - t-il en lui caressant le bras.
Will eut un sursaut de frisson lorsqu'il la toucha.
- Vous ne devriez pas vous aventurer seule en pleine nuit sur ces routes. Je ne serais pas toujours là pour vous protéger, dit-il, en plongeant son regard dans le sien.
Will se crispa en entendant ses mots, son horrible parfum lui donnait la nausée.
- Vous avez raison, je devrais rentrer au plus vite au restaurant, dit-elle en le regardant dans les yeux.
Puis elle regagna sa charrette, lorsque Jérémiah la retint par le bras.
- Etes-vous disponible, demain soir ? lui demanda-t-il, légèrement nerveux
- Je n'ai rien de prévu, répondit-elle surprise.
- Dans ce cas, je passerai vous prendre à 20 heures précise ! affirma-t-il en la dévorant des yeux.
- C'est d'accord, répondit-elle faussement hésitante.
Le haut gradé lui adressa un regard remplit d'émotion
- Je n'ai jamais vu des yeux de cette teinte, avoua -t-il en lui baisant la main. Puis Jérémiah remonta sur sa monture.
- Vivement demain soir ! s'exclama t-il en lançant un dernier regard vers Will avant de repartir dans l'autre direction.
Will démarra sa charrette pendant que Hàlcon et le tavernier sortirent de leur cachette.
- Bien joué Will ! Cela fait plusieurs mois que nous attendions une telle occasion s'exclama le Zolos en jubilant.
Will demeura silencieuse, le dégoût se lut sur son visage.
- Il me répugne, lança t-elle glaciale
- Ne t’en fait pas tu n’es ni la première ni la dernière ! C'est bien les femmes d'être autant sentimentale ! jubilait -il.
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