Chapitre 20: Le collier de Khême

3 minutes de lecture

 Soudain, Amset se souvint de ce pourquoi il avait fait tout ce trajet. Il avait toujours le collier que le vendeur de bougies lui avait remis avec pour mission de le rendre à sa propriétaire. Découvrant que Nochélys était déserté, il avait d’abord pensé que sa tâche était vaine. Mais après l’histoire que venait de lui raconter Orbia, il approchait peut-être de son aboutissement.

 — Tu as bien dit que ta mère était la Guide de Nochélys ?

 — C’est ça, confirma-t-elle en s'essuyant les yeux avec son coude avant de constater que celui-ci était plein de suies suite à leur étreinte. Elle avait un rôle primordial dans nos cérémonies religieuses. Elle était très respectée. Petite, je voulais devenir comme elle.

 — Dans ce cas je suppose que ceci te rev-OUILLE ! s’exclama-t-il soudain en retirant sa main de sa poche avec précipitation.

 Orbia fronça les sourcils, surprise par cette drôle de réaction. Le jeune prêtre, lui, observait sa main sans comprendre avant de souffler dessus pour apaiser la douleur. Il avait ressenti une forte chaleur en touchant le pendentif serti de Khême, comme si le bijou avait été chauffé à blanc. Il cligna des yeux, incrédule. Puis il ramassa une brindille qui trainait par terre et la fourra dans sa poche.

 — Heu… Qu’est-ce que tu fais ? C’est une tradition ?

 — Quoi ? Non, pas du tout, attends.

 En se servant du bout de bois, il retira le bijou avec précaution et le déposa à leurs pieds. Orbia se pencha pour mieux voir et écarquilla les yeux, bouche bée.

 — Où est-ce que tu as trouvé ça ? demanda-t-elle dans un souffle, ébahie.

 — C’est un marchand en voyage qui me l’a confié pour le rendre à la Guide de Nochélys. Il l’avait reconnu, manifestement. Il l’a retrouvé dans un nid de lilifuris, je crois. Toi aussi, tu le reconnais, alors ?

 — Oui, il appartenait bien à ma mère, dit-elle avant de tendre la main pour l’observer de plus près.

 — Attention ! s’écria Amset en essayant trop tard de l’empêcher de s’en emparer. Il est brûlant !

 — Qu’est-ce que tu racontes ? s’étonna de nouveau la jeune femme, amusée, l’objet entre les mains sans en éprouver la moindre gêne. Il n’est pas plus chaud qu’un caillou.

 — Mais… mais pourtant…

 — Tu as dû avoir une hallucination… Une hallucination des mains...

 Ils échangèrent un regard d'incompréhension puis elle haussa les épaules et l’abandonna aux questions qui lui trottaient en tête afin de mieux examiner le pendentif.

 — Si ce n’est pas celui-là, il lui ressemble beaucoup. Je ne me souvenais pas qu’il y avait autant de ces pierres sombres.

 — Ce sont des pierres de Khême, des pierres précieuses très recherchées chez moi.

 — Jamais entendu parler. Tu dis que c’est un marchand qui te l’a donné ?

 — Un vendeur de bougies. Un type un peu bizarre, avec un grand chapeau et des longs cheveux.

 — On avait rarement la visite d’étrangers, encore moins de gens qui viennent de l’autre côté de la montagne, lança la jeune fille, pensive, plus pour elle-même que pour son ami.

 — Et tu… tu es sûre que tu ne ressens pas une intense brûlure sur tes doigts, en ce moment ?

 — Mais non, pouffa-t-elle. En tout cas, merci de me l’avoir ramené, tu as fait tout ce chemin pour ça, je… Je te suis très reconnaissante.

 — Oh, j’y ai aussi gagné au change, bredouilla-t-il. Tu ne veux pas le porter ?

 — Non, il me brûlerait, plaisanta-t-elle en le rangeant dans ses propres poches. Surtout, si Barabbas me voit avec, il va comprendre que tu es encore là.

 — Houlà, alors cache le bien !

 Une fois le bijou à l'abri, elle serra de nouveau Amset contre elle pour le remercier de lui avoir ramené un souvenir de sa mère. Le jeune prêtre se confondit en paroles destinées à atténuer son geste, trop modeste pour accepter ainsi les compliments. Même si son amie ne le prenait pas au sérieux et avait démontré n’avoir aucun souci à le toucher, il ne pouvait cesser de se demander ce qu’il s'était passé dans sa poche, à cet instant. Pourtant, il l’avait déjà touché de nombreuses fois auparavant sans en éprouver la moindre gêne.

Annotations

Vous aimez lire C.Lewis Rave ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0