Chapitre 21: Un nouveau quotidien
Du fait de la suie dont Amset s’était couvert en inspectant sa cheminée, Orbia s’était salie durant leurs étreintes. Comme cela risquait d'éveiller les soupçons de Barabbas, elle annonça qu’elle allait se baigner pas très loin. Gêné, Amset n’osa pas proposer de l’accompagner. Il prétexta avoir encore du boulot s’il voulait continuer à vivre dans les restes de Nochélys. La jeune femme n’insista pas et suggéra qu'ils se retrouvent tous les jours à ce même endroit, lorsque le soleil atteindrait son zénith. Ainsi, ils continueraient de se voir en cachette aussi souvent que possible et cela laisserait le temps nécessaire à l’Assyrien pour organiser son campement. Évidemment, ce dernier accepta immédiatement la proposition.
Un peu troublé, il rentra au village abandonné. Là-bas, il observa les environs avec un grand soupir. Il était difficile d’imaginer qu’un tel drame se soit déroulé ici… Quoique, en repensant aux vêtements qu’il avait trouvés la veille, cela concordait avec le témoignage d’Orbia.
Il examina ensuite la maisonnette où il avait élu domicile. Il avait encore du travail à effectuer pour restaurer cette dernière. Par chance, il avait appris aux côtés d’Hypatie et des autres à fabriquer du mortier à base de terre et de plantes spécifiques. Il n’aurait qu’à trouver le nécessaire pour sécuriser et réparer sa demeure actuelle.
Poursuivant son exploration du village, il s’introduisit dans les habitations dans le but de trouver du matériel utile, sous le regard de l’oiseau qui le surveillait toujours. Hélas, la plupart d'entre-elles avaient déjà été pillées. Il dénicha néanmoins quelques trésors, notamment un arc dont la corde était encore en bon état. Ne lui restait plus qu’à fabriquer des flèches et il pouvait espérer ajouter de la viande à ses repas futurs.
Il ramena ses trouvailles chez lui. Il n’y avait rien de plus que de vieux ustensiles sales ou des morceaux de corde de taille variable, mais il pouvait espérer s’en servir plus tard. Il repartit s’aventurer dans les bois autour du village afin de repérer les arbres fruitiers. Il perçut aussi le glougloutement caractéristique d’un cours d’eau. De peur de surprendre Orbia en train de se baigner et de se faire passer pour un voyeur, il ne s'en approcha pas de suite.
Il revint chez lui près de deux heures après être parti, les bras chargés de bois et de végétaux dont il comptait se servir pour son mortier. Il mangea des bananes et entreprit, avec son maigre couteau, qui n’était d’ailleurs pas du tout adapté, de tailler des flèches de bois. Il s’essaya un peu le soir à tirer à l’arc et ses résultats furent assez décevants.
Comme la nuit tombait, il rentra s’envelopper dans ses draps et tissus, allumant un feu qu’il put garder plus longtemps sans craindre de s’intoxiquer. Sa cheminée fonctionnait déjà bien mieux que la veille et il put ainsi s’endormir sans grelotter.
Le lendemain, il se réveilla tôt et entreprit de fabriquer son mortier. Son premier produit ne le satisfaisait qu’à moitié. Il essaya tout de même d’en remplir les fissures des murs, espérant qu’une fois séché cela resterait assez solide. Il n’était pas bien sûr d’avoir respecté les proportions, ni même d’avoir le bon type de terre à disposition. Mais qui ne tente rien n’a rien. Quand vint midi, il abandonna là son travail et se précipita au point de rendez-vous où il retrouva Orbia qui l’attendait en jouant de sa lyre. Ils échangèrent longuement sur leur pays respectif, chacun posant des questions à l’autre. Puis ils repartirent chacun de leur côté, non sans promettre de se revoir le lendemain.
C’est ainsi que s’instaura une nouvelle routine pour le jeune prêtre qui, malgré sa solitude et le travail harassant, n’en éprouvait aucune gêne. Il ne vivait plus que dans l’attente de voir le soleil haut dans le ciel afin de retrouver son amie.
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