Chapitre 34: Mission de sauvetage

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  L’inquiétude avait rempli le prêtre d’une force nouvelle. Il courut jusqu’au village, ignorant la fatigue, comme si sa vie en dépendait. Car, songeait-il, c’était un peu le cas. Il ne s'imaginait plus vivre sans Orbia, sa bonne humeur contagieuse, le frisson qu'il ressentait quand elle posait sur lui son regard aux reflets de ciel bleu, l'odeur enivrante de ses cheveux noisette. Il ne pouvait pas la laisser aux prises avec ces bandits ! Cependant, il ne pouvait pas non plus y aller seul. Car s'il ne connaissait pas leur nombre exact, ils étaient sûrement plus que deux, d’après ce que son amie avait eu l’air de dire à leur sujet.

 Voyant les maisonnettes se profiler, il commença à héler ses compatriotes qui devaient être en train de se reposer. Il vit deux têtes apparaitre de derrière des murs et les entendit proférer des mots qu’il ne comprit qu’à moitié, trop paniqué qu’il était. Saul et Nathan se précipitèrent vers lui, des bâtons en main, ce qui surprit le jeune prêtre. Ce n’est que lorsqu’il sentit derrière lui le serpent à plumes freiner brusquement qu’il comprit qu’il devait y avoir eu un quiproquo. Aussi se figea-t-il en agitant les bras de manière à apaiser ses amis.

 — Écarte-toi, Amset ! lui cria Saul en accélérant.

 — Il ne me veut pas de mal ! s’exclama précipitamment le prêtre. C’est le serpent d’Orbia !

 Nathan s’arrêta immédiatement de courir, lâchant son arme de fortune tandis que Saul ralentissait. Il s’arrêta finalement à quelques mètres d’eux, le regard alternant entre le reptile ailé et son compagnon. Il poussa un soupir de soulagement avant de leur adresser une mimique de reproche.

 — Ça va pas de nous faire des peurs pareilles ? J’ai cru que t’allais te faire bouffer !

 — J’aurais franchement préféré, maugréa Amset en recommençant à courir vers le village. Venez, je vais vous expliquer, le temps presse !

 Ni Nathan ni Saul n’avaient jamais vu leur ami arborer une expression aussi grave, pas même lorsqu’il s’était fait renvoyer par Mgr Ascalaphe. Ils échangèrent un regard tandis que le cultiste et l'animal leur passaient devant. Puis ils accoururent à leur suite avec appréhension.

 Comme ils avaient fait beaucoup de bruit, les quatre derniers Assyriens étaient sortis à leur tour de leur abri. Arrivé à leur hauteur, Amset fit de son mieux pour reprendre sa respiration tandis que Quetzu se postait derrière lui, se dressant sur toute sa longueur en agitant sa langue fourchue. Il attendit que Saul et Nathan arrivent, lui donnant quelques secondes de répit supplémentaires, avant d’aller droit au but.

 — Orbia a été enlevée, annonça-t-il entre deux souffles. Les esclaves de Réunion… ce sont eux qui ont fait le coup…

 Ses amis le dévisagèrent, entre stupeur et surprise. Si Jessé et Hypatie ouvrirent la bouche pour réagir, Amset les en empêcha en dressant la main d’un geste autoritaire qu’on ne lui connaissait pas. Alors qu'il reprenait encore son souffle, quelque chose dans son regard avait changé.

 — Je vais essayer de la sauver. Je refuse de rester sans rien faire. Je sais que je vous en demande beaucoup, mais…

 — C’est compris, l’interrompit Saul en dressant son bâton à la manière d’un gourdin. On te suit.

 Les autres approuvèrent d’un hochement de tête. Le jeune prêtre était rassuré. Quand bien même il y serait allé s’il avait été seul, la compagnie de cinq gars costauds n’était pas pour lui déplaire. Il allait mener la marche quand il se souvint de l’état catastrophique dans lequel il avait laissé Barabbas. Aussi tourna-t-il la tête vers Hypatie, la regardant dans les yeux.

 — L’homme qui vit avec Orbia a été blessé, lui lança-t-il. Il est dans un très sale état, je ne pense pas qu’il puisse survivre mais, franchement, si quelqu’un peut l’aider, ce ne peut être que toi.

 — Moi ? Mais je…

 — À moins que quelqu’un ici ait des notions de médecine ? demanda-t-il en s’adressant aux autres.

 — Ce n’est pas ce type qui t’a chassé de ses terres avec des menaces en prime ? fit remarquer David, perplexe. Tu veux vraiment l’aider ?

 — Il a beau paraitre bourru, ça n’en reste pas moins un être humain. Si Orbia devait le perdre, ce serait un désastre pour elle… Je compte sur toi, Hypatie.

 — Je ne garantis rien. Même si j’ai les bases théoriques, ça fait longtemps que je n’ai plus exercé… Par où dois-je aller ?

 Le cultiste lui expliqua comment se rendre à la maison d’Orbia et Barabbas tandis que ses compagnons allaient chercher de quoi mener l’assaut. Si Saul et Nathan avaient conservé leurs bâtons, Samuel avait pris une machette qui lui servait à découper la viande. Jessé avait attrapé la pelle et rangé une truelle à sa ceinture, au cas où il serait désarmé. David, enfin, avait choisi une hachette, une petite arme en mauvais état, destinée au petit bois. Pour finir, on alla rapidement chercher l’arc et les flèches taillées qu'on confia au prêtre. Hypatie les abandonna afin de mener à bien sa mission tandis que les hommes se tenaient au garde à vous, attendant les ordres d’Amset. Ce dernier se sentait pousser des ailes de les voir ainsi, prêts à en découdre à ses côtés. C’en était presque grisant.

 — Amset, dis-moi, lança alors Jessé, un peu dubitatif. Tu as un plan ?

 — Oui, confirma-t-il. Par contre, je ne suis pas certain qu’il vous plaise.

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