Chapitre 37: À l'assaut!
Les quatre esclaves s’étaient munis de pieux et de lances qu’ils avaient taillés. Hélas, ils n’avaient ni l’adresse ni la force de Spartacus. Si ce dernier était capable d’embrocher à main nue quelqu’un avec pareil morceau de bois, ce n’était pas leur cas. Ils pouvaient tout de même s’en servir pour assommer leur cible, comme l’avait fait Sertorius quand Orbia les avait surpris dans sa maisonnette. Cependant, à entendre ce qui se rapprochait, ils n’étaient clairement pas rassurés.
De fait, lorsqu’ils virent enfin le responsable de tout ce tintamarre, ils poussèrent des jurons effrayés, voire paniqués. Ce n’était ni plus ni moins qu’un velucéros qui était en train de foncer droit vers eux. Il était précédé par une nuée d’araquets qui pinaillaient pour guider l’énorme animal. De plus, ils étaient trois Assyriens sur son dos, brandissant leurs bâtons et outils comme si ç’avait été des fourches.
Marthe frappa au mur en criant pour prévenir les autres que la charge risquait de faire très mal, même à l’intérieur. Les trois hommes s’écartèrent rapidement, préférant éviter d’être embrochés ou piétinés sur le passage de Célian. Brusquement la bête aux longs poils freina avant d’avoir atteint le mur, sur la demande d’Amset. N’ayant pas repéré son amie, il en avait déduit qu’elle était à l’intérieur et ne voulait pas prendre le risque de la blesser. Si les esclaves poussèrent un soupir de soulagement, ce ne fut que de courte durée.
Amset, Jessé et Samuel sautèrent du dos de la créature. Le prêtre banda son arc, pointant vers le sol, tandis que ses deux comparses brandissaient leurs armes respectives. Quetzu s’était installé sur les épaules du cultiste. Il dévoilait sa collerette, menaçant. Intimidés par le velucéros, les esclaves reculèrent de quelques pas, prêts à riposter. C'est Marthe, la Denienne restée près de la masure, qui engagea les hostilités. Elle courut vers Jessé pour le frapper comme on l’aurait fait d’un rongeur. L’ainé para le coup avec sa pelle et répliqua avec la partie plate, l’obligeant à reculer. Malgré sa tentative avortée, Marthe avait entrainé ses compagnons masculins dans son sillage. Eux aussi partirent à l’assaut.
À trois contre cinq, les Assyriens se mirent en posture défensive. Amset hésitait à viser ces hommes avec son arme. Le souvenir d’en avoir blessé un était encore trop douloureux dans sa mémoire. Son esprit luttait entre ses remords et son envie de protéger Orbia. Il ne voulait pas tuer, juste la libérer. Quetzu, par contre, tirait sa langue fourchue, prêt à fondre sur celui qui s’approcherait trop. Il n’en eut pas l’occasion car Paco et les autres araquets piquèrent soudain du ciel pour fondre sur leurs assaillants. Aveuglés par un torrent de plumes et de coups de becs, les esclaves protestèrent et interrompirent leur assaut. Ils frappaient au hasard, en totale confusion, abattant quelques oiseaux au passage.
Quand les araquets quittèrent la scène, se posant sur des branches d’arbres, les esclaves poussèrent des jurons de surprise. David, Saul et Nathan venaient d’arriver, essoufflés mais prêts à en découdre. Les quatre comparses échangèrent des regards crispés. Puis, comme s’ils étaient résolus à vendre chèrement leur peau, ils se mirent à courir vers les Assyriens, tout en poussant des cris pour se donner courage.
Chaque esclave trouva un adversaire à qui se mesurer. Marthe, la seule femme sur place, se jeta de nouveau sur Jessé. Elle enchainait les attaques rapides, misant sur la vitesse pour vaincre le père de famille. Pendant ce temps, David était en prise avec Sertorius, un Cobalte. Celui-ci feintait et reculait rapidement, espérant que le jeune homme soit emporté dans son élan de riposte. Armé de sa hachette, David était bien décidé à réduire son bout de bois en morceaux. Samuel, avec sa machette de cuisine, peinait un peu plus avec son opposant. Carmelo, un Safranien, disposait d’une bien meilleure allonge. Il était bien décidé à garder cet avantage ainsi que ses distances. Nathan, enfin, affrontait Olaf, un Majore barbu. Il le désarma aisément avant de se prendre un violent coup de poing. Nathan peina à se relever et ne dut son salut qu’à l’intervention de plusieurs araquets venus gêner Olaf.
Ne restaient qu’Amset et Saul. Le serpent sur les épaules du premier et la taille plus impressionnante du second étaient sûrement la cause de leur manque d’adversaire. Si le prêtre s’était d’abord avancé afin de prêter main forte à David ou Nathan, le grand Assyrien lui bloqua la route. Il désigna d’un geste de tête la masure.
— Ton amie est là-dedans, non ? cria-t-il pour couvrir le bruit des combats. Ne perdons pas de temps !
— Mais…
— T’occupe pas de nous ! intervint David. Allez-y !
Le cultiste déglutit, serrant son arc et sa flèche plus fort, au point de se faire mal. Puis, décidé, il approuva d’un hochement de tête et tourna les talons. Marthe essaya de leur faire barrage mais Jessé en profita pour lui rendre les coups qu’elle lui avait assénés depuis le début de leur altercation et la fit reculer. Aussi, sans plus attendre, Amset et Saul se précipitèrent à l’intérieur de la masure.
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