Chapitre 6

11 minutes de lecture

Jack suivait les deux hommes de Kesselius. Même s'il était dans le quartier cosmopolite de Sylvestria, il y avait énormément d'Elfes. Après tout, ils étaient chez eux, Pacifia, étant la patrie des elfes. L'architecture des maisons étaient comme on pourrait qualifier de "médiéval". Mais avec une petite touche elfique. Pas autant que dans les autres quartiers de Sylvestria mais quand même un peu.

Les non-elfes présents dans le royaume n'étaient que des itinérants, des marchands. Aucun d'entre-eux ne pouvait dire qu'il possédait la nationalité pacifienne qui était uniquement réservée aux elfes.

Le quartier était animé par beaucoup de boutiques et de stands commerciaux. Le jeune paranormal pouvait voir des elfes vendre des produits agricoles locaux, des tapisseries, des tissus elfiques, faisant concurrence aux commerçants Humains et Komitoses. Une vie rythmée par les cris des marchands qui tentaient d'attirer les clients vers leur stand.

— Il est loin le bateau ? demanda Jack à l'un des deux individus qui l'escortait.

— Non, répondit simplement l'un d'entre eux.

— Mais sérieusement... C'est pas vraiment un bateau ? Comment c'est possible de faire naviguer un bateau ici ?

Sylvestria n'était pas une ville côtière et Jack savait qu'aucun fleuve ne passait par là. Il n'y avait qu'un lac.

— Tu... comprendras lorsqu'on y sera.

Jack décida de ne pas demander plus de précision et se contenta de suivre les deux hommes tout en continuant de regarder les alentours. Des calèches finements décorées de motifs rappelant la flore pacifienne, tractées par des cheveaux, des femmes elfes vêtues de longues robes sans doute produites à la main comme le voulait la tradition elfique. Tout un monde que Jack n'avait jusqu'alors vu qu'au travers de clichés et de vidéos.

Quelques minutes plus tard, Jack aperçut enfin le fameux "bateau" du capitaine Kesselius.

— Je vois, dit-il. C'est un bateau volant...

Le bateau faisait environ trente mètres de long avec, sur les côtés à l'arrière, deux énormes réacteurs ainsi que deux plus petits situés plus en avant. Le vaisseau disposait de deux rangées de huit canons, une à bâbord et l'autre à tribord.

C'était la première fois que Jack voyait un truc pareil. Autrefois, ces engins étaient très courants sur Utopia, c'étaient les ancêtres des vaisseaux spatiaux d'aujourd'hui, une technologie Komitose. Mais aujourd'hui, ils étaient obsolètes. Ça paraissait tellement improbable pour Jack d'en voir à une époque où on était capable de construire des avions et des vaisseaux spatiaux bien plus sophistiqués. Il avait du mal à croire ce qu'il voyait. Et pourtant, c'était vrai. Ces "bateaux volants", bien qu'abandonnés dans la plupart des régions du monde, restaient très courant à Pacifia et dans certains petits pays voisins, encore en retard technologiquement par rapport notamment au Véerème ou au Efdéème.

L'engin avait également des signes distinctifs qui permettaient de l'identifier. Tout d'abord, le nom Le Rêveur inscrit à l'arrière, nom qu'avait choisit Kesselius pour son engin. Jack ignorait que le bateau volant de Kesselius n'avait pas toujours porté ce nom. Ensuite, il y avait sa couleur. Une couleur grise assez proche du bleu qui le rendait plus discret lorsqu'il sillonnait les cieux.

Jack et les deux individus montèrent à bord. Tous les membres de l'équipage pointèrent leur regard sur le jeune homme.

— C'est qui lui ? demanda l'un d'entre-eux qui montait la garde au bord du bateau.

— Un client.

— Et le capitaine ?

— Il arrive. Préparez vous à décoller.

Jack posa ses deux sacs sur le pont du bateau. Les membres de l'équipage s'activèrent pour préparer l'engin au décollage. Le timonier prit sa place à la barre, démarra les moteurs et se tint prêt à manœuvrer.

Quelques instants plus tard, Nathaniel Kesselius arriva à bord du bateau. Il n'avait pas remarqué que les trois chasseurs de prime, n'ayant pas gobés sont histoire, contrairement à ce qu'il avait pu croire, l'avaient suivis.

— Empêchez le de décoller ! cria Leonas.

Les trois assaillants pointèrent leurs fusils sur le bateau et commencèrent à tirer. Kesselius et certains de ses hommes répliquèrent pendant que les autres s'occupaient de faire décoller l'engin. Les civils étaient en panique.

Jack observait les armes des hommes de Kesselius. Elles contrastaient vraiment avec le bateau-dirigeable. Autant ce dernier semblait être composé de technologies assez anciennes, autant les armes elles, étaient plus avancées. Plus avancées mais abandonnées par quasiment toutes les infanteries utopiennes des pays technologiquement avancés. En effet, les armes qu'utilisaient Kesselius et ses hommes étaient des armes à plasma. Elles pouvaient être très puissantes mais aussi très fragiles. C'est l'une des raisons pour lesquelles les armées les plus avancées n'en avaient quasiment pas utilisé. Ça et le fait qu'une balle est beaucoup plus discrète qu'un tir de plasma. Surtout pour les snipers. Les tirs de plasma se voyaient très bien. Un tireur d'élite utilisant ce genre d'arme se ferait plus facilement repérer. De fait, seuls les Flameréens les utilisaient encore dans l'infanterie. Les armées humaines les plus avancées utilisaient des munitions plasma pour leurs avions de chasse, leurs vaisseaux et quelques pièces d'artillerie au sol.

Kesselius abattit l'un des acolytes de Leonas puis le vaisseau commença son ascension dans les airs. Très vite, il se retrouva hors de portée pour les deux chasseurs de prime encore vivants.

— Merde ! cria le dernier acolyte de Leonas encore debout. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

Pris par la colère, Akeba Leonas le tua d'une balle dans la tête puis réfléchit quelques secondes avant de sortir son communicateur. Il était en liaison directe avec des agents efdéèmois.

— Agent Greaves ? Ici Leonas. Ils ont fuit à bord du rêveur, le navire volant du capitaine Kesselius après avoir abattu mes deux hommes, dit Akeba Leonas, cachant qu'il avait lui-même tué l'un d'entre-eux.

— Merde, attendez là où vous êtes... moi et l'agent Zavaletta sommes en chemin.

— Compris, je vous attend à la taverne des oubliés...

Sur ces paroles, Leonas raccrocha et retourna à la taverne. Il ne savait pas comment les deux agents efdéèmois comptaient faire pour retrouver le vaisseau du capitaine Kesselius.

***

Quelques dizaines de minutes plus tard, à bord du bateau volant, Jack accompagnait le capitaine Kesselius jusqu'au pont. Ce dernier s'assit sur un banc et sortit une bouteille. Sur le moment Jack pensait qu'ils s'agissait d'alcool. Il était marqué par un imaginaire qui voulait que tout ceux se déplaçant en bateau, volant ou non, fussent des pirates et que lorsqu'il y avait des pirates, l'alcool coulait généralement à flots.

— Ce n'est pas de l'Alcool... Ne t'inquiètes pas, le rassura Kesselius en invitant, d'un geste de la main, le jeune garçon à s'asseoir à côté de lui. Je suis le capitaine de cet engin... Je ne peux pas me permettre de le diriger ivre.

Jack s'assit à côté du capitaine. Des tas de choses passaient dans sa tête. Des tas de questions.

— Qui étaient ces individus ?

— Des chasseurs de primes...

— Que voulaient-ils ?

— Je vais être franc avec toi... ils te voulaient.

— Moi ?

— Je ne sais pas pourquoi mais oui, c'est après toi qu'ils en ont.

Après cette révélation, Jack devina assez aisément que ces chasseurs de prime devaient très certainement travailler pour le Efdéème. Il se souvint alors des paroles de l'empereur Emilien. Celles qui lui disaient que le Efdéème chercherait à le contrôler. Mais pour ça, il devait d'abord lui mettre la main dessus.

— Le balafré, repris Kesselius en parlant de l'elfe à la cicatrice sur la joue, est l'un des chasseurs de primes les plus efficaces et les plus redoutés. Akeba Léonas. Je peux te dire que celui qui a mis une prime sur ta capture dois vraiment te vouloir... Heureusement pour toi, tu vas au Pays des Rêves... Là bas tu y seras en sécurité.

— Comment connaissez-vous le pays des rêves ? demanda Jack, changeant complètement de sujet.

Kesselius mit quelques secondes avant de commencer à répondre à la question de Jack.

— C'était il y a une quinzaine d'années... Mon équipage et moi effectuions une course. On devait conduire un homme chez lui, dans son village katalonien. Lorsqu'on est arrivés, il n'y avait plus de village. Il avait été rasé.

— Rasé ? Comment ça ?

— J'en sais rien. D'après les survivants, l'auteur de cette... destruction était le Efdéème. Selon eux, leur "Force Ecarlate" opérait dans le coin à ce moment-là. Ils auraient, pour une mystérieuse raison, demandé une frappe orbitale. La famille de mon client a été décimée. Sauf sa fille qui ne se trouvait pas là à ce moment-là. Inutile de te dire que je ne lui ai pas demandé le paiement...

— C'est une triste histoire... mais quel est le rapport avec le Pays des Rêves ?

Kesselius reprit une gorgé de sa bouteille puis reprit son histoire.

— Dans les décombres, j'ai trouvé une jeune fille, une elfe de quelques mois à peine. Sa famille avait été tuée lors du bombardement. Mais pas elle. Une vraie miraculée. Mon équipage et moi sommes restés pour aider les sinistrés. Au bout de quelques jours, personne ne semblait vouloir réclamer la petite. J'ai donc pris soin de m'en occuper, je l'ai prise avec moi. Elle avait vraiment quelque chose de spécial. C'était comme si lorsqu'elle était là, tous les problèmes du monde cessaient d'exister... Sa présence était tellement apaisante.

Kesselius marqua quelques secondes de pause avant de reprendre.

— Elle est restée près de dix ans sur cet engin. Inutile de te dire qu'elle a été la plus jeune membre que je n'ai jamais compté dans mon équipage...

— Et qu'est-ce qui lui est arrivé ?

— Pas longtemps avant son dixième anniversaire... Je veux dire, sa dixième année passée à bord du bateau, nous nous sommes fait attaquer par des bandits. Imagines une bataille navale aérienne entre plusieurs engins comme celui dans lequel tu te trouve, avec en plus des dragons dans le camp ennemi... On était à un contre dix. On a réussi à détruire quatre engins ennemis et à neutraliser les deux dragons, grâce à la petite.

— Une Elfe de dix ans ?

— Oui... Elle avait des dons incroyables. Même moi j'ai mis du temps à l'accepter, à y croire tellement c'était dingue. Elle pouvait contrôler la nature. Elle arrivait à faire sortir les racines des arbres, à contrôler le vent, toutes ces chose là. Elle pouvait aussi soulever des objets par la pensée... C'était dingue... J'avais entendu parler des paranormaux... Mais c'était la première fois que j'en voyait une pour de vrai... C'est grâce à elle qu'on a réussi à détruire quatre des dix navires qui nous ont attaqué ce jour-là. Mais l'un des six autres à réussi à toucher le notre en son point faible. Naturia... c'est comme ça qu'elle s'appelait. C'est le nom qui était inscrit sur le bracelet qu'elle avait au poignet lorsqu'on l'a trouvé. Elle portait bien son nom. Elle a réussi à nous protéger et à faire en sorte qu'au lieu de nous écraser, on atterrissent en douceur. Enfin presque en douceur...

— Et les six autres navires ?

— Ils ont fuit. Comme s'ils redoutaient quelque chose. Nous, on a atterrit dans le plus étrange des endroits... On avait l'impression d'avoir été téléportés dans ces histoires pour mômes. Autour de nous, on voyait des arc-en-ciels, des champignons géants des trèfles de plus de dix mètres de haut, des nuages habités, des types sauter de nuage en nuage, ce genre de choses. Ma première réaction ça a été de demander à mon cuisto ce qu'il avait mis dans le dernier repas... Mais tout ce que l'on voyait étaient bien réel.

— Le Pays des Rêves ? en déduisit Jack qui comprit que cette "Naturia" devait sûrement être la fille qui l'avait incité à la rejoindre et que par conséquent, elle existait bel et bien..

— Ouais... J'ai dis à mes hommes de rester sur leurs gardes... J'ai demandé à certains de s'équiper et leur ait demandé d'établir un périmètre de sécurité. Ils n'ont même pas eu le temps de partir explorer les environs que des tas d'individus se sont agglutinés autour de nous.

— Qui ?

— Des habitants du Pays. Mes hommes ont eut le réflexe de pointer leurs armes sur eux. C'est à ce moment-là que Naturia les a tous désarmés. Elle leur a arraché leurs armes des mains grâce à ses dons. Sur le coup j'ai hurlé en lui demandant ce qu'elle faisait. Elle m'a dit que rien ne justifiait qu'on se balade armés, qu'il n'y avait aucun danger. Nous on en savait rien... Mais elle, elle le savait.

— Comment ?

— Elle le ressentait. Elle sent le bien. C'est l'un de ses nombreux dons.

Jack ne comprenait pas comment on pouvait ressentir ce genre de chose... Ainsi, les paranormaux pouvaient maîtriser plus de pouvoirs qu'il ne l'avait imaginé.

— Et qu'est-ce qui s'est passé ensuite ? demanda t-il.

— Crois le ou pas, les habitants du Pays des Rêves se sont tous agenouillés devant Naturia.

— Pourquoi ?

— Parce qu'ils attendaient son retour.

— Son retour ?

— Ses parents étaient apparemment originaires de cet endroit et non pas de là où on avait trouvé la petite. Selon les habitants, ses parents étaient à Katalonia pour une "mission". Et sa mère a accouché d'elle là-bas. Et pour la raison que je viens de te raconter, ils ne sont jamais revenus.

— Quel genre de "mission" faisaient ses parents ?

— J'en sais rien. Les autochtones ont parlé de mission mais je n'ai jamais posé la question pour savoir quel genre d'activités faisaient les parents de Naturia. Ce qui m'importait c'était la réparation de mon bateau.

— Et une fois réparé... Qu'est devenue Naturia ?

Kesselius posa sa bouteille par terre, à côté de lui.

— On est repartis... Et elle, elle est restée là-bas. Sa place était auprès de ces gens. J'y suis retourné à quelques reprises. Elle est considérée par les habitants comme la protectrice du Pays des Rêves... La "lady", comme ils l'appellent. Mes hommes et moi avons fait la promesse de ne jamais divulguer l'emplacement du pays à qui que ce soit.

— Mais alors... pourquoi avez vous accepté de m'y conduire si vous refusez d'en divulguer l'emplacement ? Tout à l'heure vous m'avez dit que le Pays des Rêves était votre destination la moins chère... C'est que vous y conduisait des gens, je me trompe ?

— À vrai dire, très peu. En ce qui te concerne, si j'ai accepté de t'y conduire, c'est parce que je savais qui tu étais au moment où tu es venu me voir dans la taverne...

Jack fut grandement surprit par ce que venait de lui dire Nathaniel. Comment pouvait-il le connaître ?

— Moi ?

— Oui... C'est Naturia qui t'a demandé d'aller la voir n'est-ce pas ? Elle me l'a dit. Elle m'a dit que tu viendrais me voir dans cette taverne pour me demander de te conduire au Pays des Rêves.

— Donc vous savez qui je suis et d'où je viens ?

— Tu es Jack Lorage, héros de la Résistance dalkienne et aussi... paranormal. Oui, elle m'a bien parlé de toi.

"Incroyable" pensa Jack qui ne savait plus quoi dire.

— Maintenant, repose-toi, reprit Kesselius. Nous serons au Pays des Rêves dès ce soir.

Le Capitaine emmena Jack dans les dortoirs de son bateau dans lesquels se trouvait une petite pièce à part. Il s'agissait de l'endroit où logeaient les clients de Kesselius. Tout était très propre, comme le reste du vaisseau d'ailleurs. Kesselius prenait soin de son appareil. Jack s'allongea sur le lit puis ferma les yeux. Il repensa à la conversation qu'il venait d'avoir, les chasseurs de primes, Naturia. Il ne mit que quelques minutes avant de s'endormir.

Annotations

Vous aimez lire Jonathan.H ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0