Chapitre 42

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Salon de l'armement, près d'Adrième, Nord-Véerème, 2 février 1994

S'il y avait bien une catégorie de personnes dans la population à qui la guerre profitait, il s'agissait bien des marchands d'armes. Le conflit permettait en effet à tous les fabricants d'armes et de matériel militaire en tout genre de booster leurs ventes. Des grands événements étaient organisés au Véerème et au Nord-Véerème, durant lesquels les industries militaires pouvaient venir présenter leurs créations.

Desmond Wilson avait décidé de participer en personne à l'un de ces salons dédié à l'armement. Celui-ci se tenait en territoire Nord-Véerème et accueillait plusieurs fabricants d'armes, dont les industries technobot de Desmond Wilson. Celui-ci était venu présenter son robot de combat "War Dog MK-1" , une sorte de robot à quatre pattes monté d'une minigun, aussi surnommé le "casseur d'infanterie". D'un côté, Jack était écœuré de voir son allié présenter une telle arme qui aurait pu lui être très utile dans son armée personnelle. Mais de l'autre côté, il comprenait que Desmond Wilson ne pouvait lui fournir du matériel militaire conçu par sa propre entreprise. il savait qu'il se serait exposé à des risques s'il l'aurait fait. Et personne ne devait savoir que Wilson finançait la construction dans une usine top secrète, l'armée de Lorage.

Jack avait décidé de l'accompagner. Toutefois, il savait qu'il devait rester discret, afin que personne ne le reconnaisse. C'est pourquoi, plutôt que de rester près de Wilson, il décida de rester en retrait, mêlé à la foule, vêtu d'un manteau noir et encapuchonné. Le salon se déroulant en extérieur, ou du moins pour certaines démonstration, Jack observait Wilson, accoudé à un arbre.

Desmond était l'une des stars du salon. Beaucoup de représentants des armées humaines étaient près de lui pour admirer sa création. Jack reconnut l'uniforme d'un officier véerèmois, celui d'un officier nord-véerèmois pour en avoir vu il y a quelques mois. Il distingua sans reconnaître, trois autres uniformes. Parmi tous ces individus qui s'intéressait au War Dog MK-1, aucun dalkien, conformément au fait qu'ils refusent catégoriquement d'avoir des unités robotiques dans leur armée, et il ne semblait pas non plus y avoir de représentants de l'armée Impériale. Peut-être parce qu'ils produisaient eux-même leurs propres robotique, pensa Jack. Et puis, d'après ce qu'il avait compris d'eux, l'intégralité de leur arsenal militaire était produit par eux.

D'ailleurs, l'Empire était présent lui aussi. Des représentant de leur industrie militaire étaient ici pour vendre leurs fameux "cubes de commandement", ces fameux mini-QG préfabriqués, que Jack avait déjà vu quatre ans plus tôt lors de la guerre de Dalkia.

Tous ces riches hommes d'affaires, dégouttaient Jack. Même s'il appréciait Wilson pour tout ce qu'il faisait pour sa cause, il était agacé de voir que certains ici étaient présent pour profiter de la guerre, pour s'enrichir. Il décida de se retourner pour observer autre chose. Derrière lui se situer un grand boulevard, bondé de monde.

Jack repéra dans la foule une silhouette qu'il lui semblait familière. Elle était en train de l'observer et lorsqu'elle se rendit compte que le paranormal la remarqua, elle s'en alla. Jack décida d'abandonner Wilson un instant le temps d'aller à la rencontre de cette personne qu'il crut reconnaître comme étant Naturia.

La foule était dense et à plusieurs reprises, Jack dut bousculer certains passants en s'excusant afin d'avancer plus vite pour ne pas perdre de vue la personne qu'il souhaitait rencontrer. Il finit par la rattraper.

—Naturia ?! fit le jeune homme.

La silhouette s'arrêta net puis se retourna. Il s'agissait bel et bien de la protectrice du Pays des Rêves. Jack s'avança lentement vers elle.

—Alors... alors c'est bien toi... Tu me suis ? Depuis combien de temps ?

—C'est toi qui a volé le chaperon maudit, n'est-ce pas ? Demanda l'Elfe afin d'éviter la question de son ancien ami.

—Qu'est-ce qui te fait croire ça ?

—On m'a dit t'avoir vu la nuit de sa disparition.

Jack comprit que c'était le Gnome qu'il avait croisé qui avait vendu la mèche. "J'aurais dû le tuer" pensa-t-il.

—Tu veux pas qu'on poursuive la discussion... en privé ? Demanda Jack en référence au fait qu'ils étaient tous les deux en pleine avenue piétonne, et que des dizaines de passants pouvaient entendre la conversation.

—On est en privé, Jack.

Le jeune paranormal regarda autour de lui et se demanda si la protectrice du Pays des Rêves n'était pas en train de se moquer de lui.

—Et eux ? Ils ne nous entendent pas ?

—Tu n'as pas idée de quoi je suis capable Jack.

Naturia était si puissante qu'elle arrivait à faire en sorte que la foule ne les entende pas. Ainsi, tous le monde passaient devant eux, sans les entendre. De même qu'ils ne donnaient pas l'impression de les voir. C'était comme si elle et Jack étaient invisibles.

—C'est incroyable, fit Jack. Tu arrives à nous dissimuler... J'avoue que je suis impressionné. Très impressionné.

—Tu étais venu pour l'épée, repris l'Elfe, revenant au cœur de la conversation. Sache que tu n'aurais pas pu la contrôler. Seul quelqu'un de bien, renfermant un grand amour peut la contrôler. C'est pas pour rien qu'on l'a surnommé "épée de l'Amour".

—Tu crois que ce n'est pas ce que j'ai en moi ? Demanda Jack.

—Ne confond pas Amour et Haine. Mais peu importe. Tu étais venu pour t'emparer de l'épée. Et voyant qu'elle n'était plus là, tu as décidé de prendre le chaperon...

Jack serra la mâchoire et tenta de garder son calme. Ça l'ennuyait vraiment que celle qui lui avait tout appris ne le soutienne pas.

—Et alors ? demanda-t-il. Tu ne sais même pas pourquoi j'ai fais ça.

—Tu ne connais pas son pouvoir Jack.

—Ça va, fit-il comme pour la rassurer. Je ne l'ai pas confié à un être vivant. Je l'ai enfilé à une machine.

—Parce que ça change quelque chose ? Non ça ne change rien Jack... Que tu l'enfile à un humain, un elfe ou un robot, le chaperon en fera un tueur.

—J'ai passé un contrat avec lui.

Naturia releva la certitude de son ami. Il dégageait une telle assurance, qu'elle le cru sur parole, bien qu'elle ne voyait pas de quoi il parlait.

—Un contrat ?

—Il travaille pour moi. Il fera ce que je lui dirait, quand je lui dirait. Et s'il tente quoi que ce soit qui soit contre ma volonté, je le détruit. C'est aussi simple que ça.

Naturia se mit à rire.

—J'y crois pas... Tu te crois vraiment au dessus de tout...

—C'est pourtant toi qui disais que j'étais puissant. Que tu n'avais, je te cite "jamais vu quelqu'un d'aussi puissant que moi".

—Mais tu aurais pu te servir de ça pour faire le bien ! La puissance n'est pas synonyme de conquête du monde...

Jack abaissa le regard au sol en hochant la tête.

—Je vois... Tu ne comprends pas pourquoi je fais tout ça. Sache que je ne le fais pas pour moi mais pour Utopia.

—Tu es devenu fou..répondit l'Elfe en bougeant la tête de gauche à droite.

—Regarde autour de toi Naturia ! S'énerva Jack. Ces gens vivent dans la peur. Ils se demandent chaque jour s'ils connaîtront un lendemain. A n'importe quel moment la guerre peut arriver chez eux et mettre fin à leur existence. Sans compter les paranormaux qui courent un grand danger si...

—Si...?

—Freya, m'a montré l'avenir. Si je ne fais rien, on mourra tous. Tous les paranormaux mourront Naturia.

Jack tendit la main vers son amie avant de reprendre.

—Joint toi à moi. Tu serais un atout pour nous. On a besoin de toi Naturia. Il faut que l'on sauve le monde. Que l'on sauve nos semblables.

Jack resta quelques secondes la main tendue vers l'elfe avant que celle-ci ne lui réponde.

—Non Jack... Je sais reconnaître les bonnes personnes. Et ce n'est plus ce que je vois en toi. Je suis désolée.

Elle recula de quelques pas. Des larmes commencèrent à couler le long de ses joues. Puis elle tourna le dos à son ancien ami et s'éloigna peu à peu. Jack la regarda disparaître dans la foule après quoi il retourna au salon, retrouver Wilson qui pour la première fois depuis sa présence ici, avait enfin pu s'accorder une petite pause café. Jack s'avança vers lui. Il était dans un petit local réservé aux participants du salon. Jack avait réussit à s'y introduire, sans que personne ne le remarque.

—Desmond...

—Ah, mon ami. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

—Bah j'en sais rien... vous tirer d'ici par exemple...

—Je te demande pardon ? demanda l'industriel étonné.

—Celle qui m'a appris à maîtriser mes dons... la paranormale qui était avec moi à Adrième...

—Je vois de qui tu parles, oui. Et alors ?

—Elle est ici.

—Ça m'étonnerait qu'elle tenterait quoi que ce soit contre moi. Elle ne sait pas que nous travaillons ensemble. D'ailleurs, personne ne le sait.

—C'est justement pour ça que je m'inquiète. Si elle le découvre, elle peut tout faire foirer à elle toute seule.

Wilson termina sa tasse de café avant de répondre.

—Je suis sur le point de décrocher des contrats pour le War Dog. Les commandes devraient me rapporter au moins dix millions d'unités. Je ne peux pas m'en aller maintenant. Et même si c'est malheureux de l'admettre, le débarquement efdéèmois à Katalonia est en train de booster mes ventes, je...

—Le quoi ? Le coupa Jack.

Wilson le regarda dans les yeux. Lorage ne semblait pas être au courant de cet événement. Et son regard montrait qu'il était terrifié.

—Tu ne le savais pas ? s'étonna à nouveau Desmond.

—Nan... mais... je... ça fait quelques jours que je ne suis plus l'actualité...

Jack réalisa l'ampleur de la situation. si le Efdéème avait débarqué des troupes à Katalonia, ça voulait dire que la guerre se rapprochait de Dalkia. Même si Olympe lui avait clairement fait comprendre qu'elle ne voulait plus le revoir et qu'elle ne ressentait plus rien pour lui, bien qu'il le cachait, il l'aimait encore et il ne voulait pas qu'elle disparaisse dans cette guerre. Et puis "Katalonia"... Il avait une amie là-bas.

—Il faut faire quelque chose.

—Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ? demanda Wilson après s'être assuré que personne n'écoutait la conversation. D'après ce que je sais, l'armée katalonienne est en train de se faire balayer. Espérons pour eux que le Véerème leur vienne en aide. C'est tout ce qu'on peut faire pour eux... espérer.

Jack secoua la tête.

—Non. Il y a forcement autre chose à faire.

—Quoi ?

—Il faut que j'aille sur place.

—Mais tu es cinglé ? Tu vas y aller, seul ?

—Elena m'a dis que même s'il fallait encore attendre trois mois avant d'avoir assez de bots pour en faire une armée, on en avait assez pour "commencer". Et puis... on a aussi le chaperon.

Wilson vérifia une nouvelle fois les alentours avant de revenir vers Jack.

—Oui, je sais... mais tu veux vraiment faire ça maintenant ? Tu veux vraiment te révéler au grand jour maintenant ? Pense aux conséquences... Le Efdéème est sans doute déjà à tes trousses. Si tu fais ça maintenant, tu te mettre à dos toutes les autres nations. Ils te verront tous comme un tyran potentiel à éliminer.

—Maintenant, demain, dans un an, ça n'a plus d'importance. Le monde vis déjà dans la peur. Autant que nos ennemis apprennent à nous craindre aujourd'hui.

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