Elle m'a embrassé deux fois, elle n'aurait jamais dû !
de Charlie Toune
Si la vie s'était comporté mieux, j'aurais dû être écrivain, certes pas un grand écrivain du style Hugo, Zola Céline, mais un petit écrivain capable de gagner modestement sa vie en tissant et brodant des mots pour en faire de jolies dentelles de belles histoires, que les gens auraient lues sur les quais de gare. Mais, je ne le peux, car elle m'a embrassée deux fois... Une fois de trop !
Aussitôt que je suis né à la maternité, comme je crevais la dalle d'avoir fait tant d'efforts à me tortiller dans tunnel sombre qui mène à la Lumière de la vie, je me jetais sur le sein maternel, et le vidais goulûment d'un coup. Ensuite, bien rassasié, le ventre bedonnant, bien au chaud contre ma maman, j'allais m'endormir, quand je me suis dit, pourquoi ne pas visiter ma tête où j'étais censé vivre toute ma vie au lieu de roupiller.
Alors j'ai fermé les yeux et me suis concentré, c'est comme cela que je me suis retrouvé dans mon appartement. Il n'était pas terrible, petit, les murs sombres verdâtres et fenêtres bouchées par des parpaings me firent grimacer de déception, car je m'attendais un château flamboyant aux murs d'or. Comme meubles, il n'y avait qu'un vieux canapé jaune et une table basse de verre et d'acier qui se trouvait plantée au beau milieu de la pièce en parquet.
Sur la table basse, il y avait un petit morceau de papier sur lequel il était écrit « aux bons soins du propriétaire ». J'en étais à méditer sur la signification de ce message, quand tout d'un coup, je sursautais d'étonnement, car l'on venait de sonner à la porte d'entrée de ma tête. Comme je savais que je ne risquais rien vu que j'étais dans les bras protecteurs de ma maman. Alors, à poil, maladroitement, titubant sur mes petites jambes arquées, la couche au cul, émoustillé par la curiosité. je suis allé ouvrir la grande porte de bois rouge.
La porte entrebâillée, et je suis resté là, complètement, totalement médusé... J'étais figé tel le Sphinx dans son immobilité éternelle à la regarder...non, à l'admirer tant sa sublime beauté éclairait tout mon petit être. Je ne sus que lui dire « t'es qui ? ». La magnifique jeune femme habillée d'une robe de pétales de toutes les couleurs, où scintillaient les perles rosée matinale, me sourit et répondit, d'une voix douce... " je suis Sinaïde, la fée imaginaire, je suis là pour le baiser du don, c'est la volonté de Mère Nature "... À ce moment la fée se baissa et mis un genou à terre, sa belle robe était cousue d'éclats d'argent, ça brillait dans mes yeux.
Elle approcha son beau visage du mien, elle sentait bon, et récita des mots que je ne comprenais pas, puis elle déposa un long et doux baiser sur mon front et se releva avec un grand joli sourire de satisfaction.
Elle me fit un signe d'adieu et dans une gracieuse élégance féminine, me tourna le dos, toutes les couleurs de sa robe se mélangeaient sans arrêt, ce qui donnait de magnifiques géométries complexes colorées. C'est à ce moment que je ne pus me retenir de lui dire... « t'es trop belle, je voudrais me marier avec toi ». Elle se retourna et vint vers moi, et me dit « tu es trop mignon, quoique Mère Nature l’interdise formellement, je te fais un deuxième baiser, juste un tout petit ».
Résumé
Cinq années plus tard, j'étais devant Mère Nature qui me dit en me caressant les cheveux " bonjour Charlie, voici ton don « elle me tendit un encrier et une plume et continua « tu verras les couleurs de l'invisible, et tu les écriras sur le blanc de tes songes, pour faire rêver ton prochain...au suivant ! »
Malheureusement, le deuxième baiser de Sinaïde boosta tellement mon imaginaire, qu'il m'est impossible d'écrire une histoire, car j'écris toujours dans le paragraphe ( j'explique pas). Pour écrire, il me faudrait ouvrir les cahiers de l'éternité... Tout ça, juste pour un deuxième baiser...juste pour un baiser de trop !
Aujourd'hui, mon p'tit appartement n’existe plus, il y a longtemps, qu'il est devenu mon royaume imaginaire resplendissant où j'écris de petites histoires sans fin pour les elfes et lutins des bois qui vivent dans ma tête.
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