Nuances

LITZY

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[Sans Lui – entre les rives noires et blanches]

Tu penses à la violence.

Tu te demandes qui a pu l’instiller en toi, la tisser à travers chacune de tes fibres pour qu’elle se déverse inlassablement, goutte après goutte, dans ton sang. Jusqu’à cette main tendue vers une lame brillante. L’appel, irrésistible et puissant.

Tu te questionnes sur cette force qui engloutit en toi tout autre désir et éveille tes sens avec une nouvelle acuité. Donne des couleurs chatoyantes aux sons les plus imperceptibles. À ces respirations cahoteuses, ce frisson de l’échine, ces crispations des articulations lorsque la proie marque l’arrêt. À la détente, ensuite, comme un élastique, de tout un corps qui répond à l’instinct le plus vif qui soit.

Tu penses à la violence.

À celles et ceux qui l’ont instillée en toi. Un délicieux poison qui imprègne chacune de tes décisions. Une bête étrange, fluide et visqueuse, dont les écailles chamarrées se fondent dans le décor sauvage d’une ville avec trop de vide entre ses tours et pas assez de passerelles.

Tu l’apprivoises, doucement. Tu la câlines, la cajoles, la récompense de sa patience. Tu t’éveilles au plaisir de la chasse. Le choix, la stratégie, la traque et enfin, la mise à mort.

À moins que cela ne soit l’inverse…

Tu penses à cette violence, ta violence, qui n’a rien d’animal. Non, non. Cette violence-là, gratuite, dépourvue de tout instinct primaire de conservation, qui déferle parfois en rafale de sensations faisant trembler tes petites mains. Brute. Véloce. Mais en rien « naturelle ».

Tu te questionnes. Sur ce que tu es. Ce qu’ils ont fait de toi. De vous. Ce qu’ils en attendent.

Et tu sais, tu sais avec cette intensité qui est la tienne que ce n’est pas vraiment de la violence. Que c’est plus que ça ! Bien plus qu’une réponse à la peur la plus ancestrale. Qu’il s’agit là d’une sensibilité exacerbée qui cherche la paix dans l’absolue conquête de l’autre.

Tu te sens si seule, à présent.