Izmeer et Ashka (Partie 2)
Alors que la caravane se préparait à passer une nuit paisible, le vent du désert murmurait doucement. Izmeer était prêt à continuer son voyage, avec la conviction que le futur lui réserverait des jours plus cléments.
Le lendemain matin, la caravane se mit en mouvement, reprenant sa progression vers le sud. La province méridionale de Kinumar était à portée de main et chacun se demandait ce qu'ils y trouveraient.
Ils traversèrent nombre de royaumes en ruines, de cité réduites à néant. Malgré ce constat désespérant, l'optimisme du convoi ne fut pas ébranlé.
Enfin, après de longues octaves de voyage, ils aperçurent l'Akh Em Bahir. Aux pieds des murailles de feu le royaume de Qajhib, l'immense étendue d'eau scintillait à l'horizon et reflétait les couleurs chaudes du coucher du soleil. Un émerveillement collectif s'empara des voyageurs, qui ne pouvaient détourner les yeux de cette merveille. Izmeer se sentait ému, car il savait que cet océan était un symbole puissant, le point de rencontre entre la fin de cette impitoyable désolation et une oasis de vie et de renouveau.
La caravane s'installa sur le rivage, prenant le temps de se reposer après ce long voyage. Ils avaient réussi à amener la caravane au travers Menmerun, concrétisant ainsi l'espoir qui les avait animés tout au long du voyage. Sans volonté de s'installer en ces lieux, la caravane profita néanmoins de la sérénité ambiante pour y allonger son séjour. Ashka semblait se détendre peu à peu, se laissant aller à la douceur de l'océan. Les autres membres de la caravane la voyaient de plus en plus souriante et apaisée, comme si l'Akh Em Bahir avait le pouvoir de guérir les blessures de l'âme.
Un jour, alors qu'Izmeer s'était éloigné du campement pour méditer seul, il fit une découverte surprenante. Sous l'arche calcinée d'une ancienne demeure noble, il trouva un ancien parchemin. Un conte jahad, à demi effacé et rongé par le temps. À la lecture de cet ouvrage, Izmeer se sentit investi d'une mission, celle de conter sa propre histoire et celle de ses amis afin de faire comprendre à tous le sacrifice de Kalaar et le destin qui l'avait lié à cette terre désolée.
Pendant ce temps, la vie sur le littoral de l'Akh Em Bahir s'épanouissait. La volonté de franchir les eaux pour rejoindre la province de Kinumar s'était étiolée. À la place, la caravane avait bâti des abris permanents, transformant cet endroit en un foyer chaleureux et fondant de ce fait une communauté où ils pouvaient être eux-mêmes, se libérant des fardeaux du passé. Ashka avait retrouvé sa voix, une voix douce et mélodieuse, qui enchantait les nuits autour des feux de camp. Elle faisait revivre son passé de pirate et de soldat, enluminant sa propre histoire sans trop y croire.
Pendant ce temps, Izmeer se plongeait dans l'écriture, tentant de coucher sur le vélin ses souvenirs les plus forts. Des jours et des nuits s'écoulèrent sans qu'il ne trouve de réponses concrètes, mais il sentait que cet acte le conduirait vers une vérité supérieure. Un jour, alors qu'Izmeer était plongé dans ses recherches, il sentit une présence à ses côtés. C'était Ashka, qui avait été intriguée par son absence prolongée. Elle s'assit près de lui, sans dire un mot. Ils restèrent là, silencieux, observant ensemble le coucher de soleil sur les eaux scintillantes. Izmeer sentit le lien qui les unissait, un lien fait de douleurs et d'espoir. Ashka semblait comprendre son besoin de découvrir la vérité sur le Sablefeu et elle était là, à ses côtés, prête à le soutenir.
Les jours passèrent et Izmeer commença à entrevoir des significations cachées à ses aventures. Il comprit qu'au-delà de la colère vengeresse et aveugle qui l'habita sur ses derniers instants, colère justifiée par les évènements tragiques qui endeuillèrent sa vie, la Ligresse avait agi par amour pour protéger ses amis et renvoyer Bolga dans son domaine divin. Il sentait que Kalaar l'accompagnait toujours, d'une manière ou d'une autre, que le Sablefeu avait été le moyen de préserver la vie et l'espoir dans le Dhazzem, et ce même s'il avait entraîné la ruine de tout Menmerun.
Un soir, alors que la caravane se rassemblait autour du feu de camp, Izmeer prit la parole. Il raconta les découvertes qu'il avait faites, les mystères qu'il avait déchiffrés et qu'il avait consigné dans ses écrits. Les membres de la caravane écoutaient avec attention, captivés par les révélations de leur meneur. Ashka écoutait également, son regard posé sur Izmeer avec une tendresse infinie. Elle sentait qu'une nouvelle étape de leur vie commençait.
Les jours se transformèrent en mois, et la caravane continua à prospérer sur la côte de l'Akh Em Bahir. Izmeer était désormais convaincu que sa place était ici, qu'il avait trouvé sa renaissance sur ces terres dévastées. Les légendes de Kalaar, d'Izmeer et d'Ashka se répandirent dans tout le Dhazzem, inspirant de nouveaux voyageurs à les rejoindre sur les bords de l'Akh Em Bahir.
L'ancienne caravane, désormais une grande communauté, célébrait chaque année l'anniversaire de son arrivée à l'Akh Em Bahir. C'était une célébration joyeuse, un rappel de leur voyage incroyable et des liens qui les unissaient. Izmeer et Ashka s'étaient retrouvés dans ce désert impitoyable et ensemble, ils avaient trouvé un nouvel espoir. Ils savaient que le futur pouvait être difficile, que de nouveaux défis les attendaient, mais ils étaient prêts à les affronter, main dans la main, comme des âmes sœurs unies par le Dhazzem.
Ainsi se conclut l'épopée de Kalaar, d'Izmeer et d'Ashka, une histoire qui devint légendaire dans les annales du Dhazzem.
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