Entre les mondes
Quel est ce mal en moi
Qui m’enserre,
L’écho de mon émoi
Délétère ?
Quelle vague orageuse en fileuse fêlure
Dans mon cœur
A tué l’avenir et semé la fissure
Qui se meurt ?
Fissure sur le ciel en aile et plume d’if
Laissant passer, parfois, les doigts fins du Soleil,
Fêlure en file belle et hune d’un esquif
Voguant sous l’océan balancé de vermeil ;
Féline rime, or envolé d’amère idylle
Assassinant le crépuscule,
Fissile cime à peine en mer en mille
Sanglots d’une île,
Comme une bulle
de
solitude
brisée…
Le vide en moi souvent se fait le sidéral,
Gonflé d’imaginaire et soufflé d’écorchure,
Brûlé de désamour : abyssale blessure
Étouffant mon ego de son bras minéral.
Écrire alors un peu,
Essayer d’oublier,
D’éclabousser les maux
Comme un sauve-qui-peut,
De ravir et noyer
Ma peine au fil des mots…
Quand la plume se pose
En deux sons délavés,
Diamants d’un morose
Cil aux feux enclavés
Qu’une larme repose,
Le vélin développe un austère zéphyr,
Voile en brume à venir en venin d’enveloppe,
Un chemin qui m’achoppe et ballade en saphir
L’étau venu finir au déni d’apocope…
Un silence azuré enivre la rivière
Où se pose à tâtons le talon rose et doux
De l’aube...
Écrire tous ces cris qui ne veulent sortir,
En rire sans bonheur et sans indifférence,
Crever de m’écrouer en mon incohérence
Rêver de ce regard où j’irais me blottir...
La romance dorée en romande chimère
D’une rose-incendie-abandons innocents
Sourit...
J’ai revu le mirage immonde
Au fil de pas collés au mur,
Fuyants passés coulants à l’onde
Océanique et sans futur ;
J’erre en aveugle au sein du monde,
Enseveli sous mon obscur,
Laissant rouler chaque seconde :
Isolement au lit d’azur…
Un cirrus, envoûté par la brise d’automne,
S’écoule incidemment sur les rives du ciel,
Dessinant un sourire où le monde s’étonne
De scintillations en rune monotone
Et reflets harmonieux d’amples rêves de miel...
Égaré, faible et maladif,
Un chant blessé caresse en vain
La main qui griffe l’écrivain
De son labeur infinitif
Et dans mon cœur un peu réglisse,
Roule une larme lisse, amère,
Et dans mon âme élastomère
Coule une lame en fer éclisse.
Une feuille au matin s’envole dans les airs,
Insouciante...
Une feuille jolie en ses longs tirets verts,
Passagère d’un jour, envoûtée, élancée
Et mourante...
Une feuille rêveuse à ligne balancée
Sur un filet de vent comme un drap de satin...
Incessante,
Une feuille s’envole en son dernier matin.
Blessé dans mon ego ouvert à tous les vents,
Écorché d’une vague orageuse et vacarmes,
Je m’affaisse, me cède aux brumeux contrevents
Sous le froid me vidant d’hémorragie en larmes ;
Percé de cent regards assassins,
Grises rimes, mornes dessins,
D‘une Lune de rêve où ma jeunesse glisse
Et se perd
En sillages vitreux environnant l’esquisse
De l’enfer,
Je ne suis qu’un reflet brisé de lassitude
Dès qu’un seul mot s’en va tuer ma solitude.
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