Un village imaginaire

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C'est un village imaginaire
Où le temps se laisse oublier,
Un puits de silence lunaire
Dont l'écho va se délier
Sous l’épicéa millénaire,
Là où le rêve se retire
À petits pas semés sans bruit
Alors que l'aube qui s'étire
Chasse les ombres de la nuit
Que le Soleil ne sait pas lire.

Pour le trouver ? Par mes aïeux,
Il n'y a rien de plus facile !
Il suffit de fermer les yeux
Et s'imaginer sur une île
Au-delà des mers et des cieux,
Un pétale posé sur l'eau
Des idées folles, vagabondes,
Et son horizon rigolo
Qui s'amuse en idylle ronde
Aux reflets d'azur en tableau.

Laissez-vous porter par le vent
Qui se faufile entre les songes
Et caresse l'âme souvent
De ses bruissements qui s'allongent
En souriant comme un auvent,
Respirez l'arôme irréel
Des espérances symphoniques
Illuminant les vœux du ciel
De sillages métaphoriques
En lunes d'orange et de miel.

L'air est serein,
L'or immobile,
Soleil d'airain,
Flamme en idylle.


Quelque-part, un petit rondel
Enrobe ses chemins, ses doutes
Et se lève en tissant l'autel
De filets sillonnant les routes
Aux limbes de l'intemporel,
Un chant iridescent de vie,
De fougue, de chansons, d'espoir,
Et d'un peu de mélancolie
Afin que si tombe le soir
Les souvenances la délient.

Un ange y passe tout l'hiver
À compter les plumes de neige
Et les arceaux du rayon vert
En se disant que son arpège
Silencieux est une mer
Docile en arabesques lisses
Aux vagues en reflets de fer,
Que le courroux dont les flots bruissent
Est aussi doux que les enfers
Aux flammes rouges de réglisse.

Quelques Nymphes, de temps en temps,
Viennent effleurer le silence,
Prélude aux larmes du printemps
De rosée en fût d'innocence
Et d'une ondée en contretemps ;
Elles y glanent les couleurs
Iridescentes des étoiles
Et les horizons roucouleurs
Illuminant mille pétales
Où s'enlacent rires et pleurs.

Le ciel frémit,
Le vent se lève :
Un rêve en mi
Bémol et sève.


C'est un labyrinthe éphémère
Où dérivent les souvenirs
Et les rimes de la chimère
Riant de fous et vains soupirs
Se liant comme un polymère,
Un lambeau de monde irréel,
Inespéré comme un refuge,
Un petit fragment bleu de ciel
Lorsque le cœur est en déluge
Et ses larmes en caramel.

C'est un petit coin de verdure
Tapissé d'amour et de fleurs,
Où le vent rêve de nature
Et l'aube efface les douleurs
D'un cirrus en belle rature,
Un songe où les nuages pleurent
Quelques gouttes d'or et d'azur
Ruisselant sur le flot des heures,
Un petit coin de Soleil pur
Que les doigts de la Muse effleurent.

C'est l'inconnu couleur pastel
Épousant les rondeaux de pluie,
Un cil au sillage-hydromel
Illuminé d'une aile enfuie
Effilant son masque de sel,
Là où le Monde se repose
En dessinant sur l'océan
Quelques épines d'une rose,
Écume au charme du néant
Ouvert et doux à toute chose.

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