La première, mademoiselle Verdon, était ma prof de français entre septembre 1983 et juin 1984 ; j'étais alors en sixième et je me souviens encore que je commençais la semaine avec elle par un cours de grammaire en salle 305 (pendant lequel, invariablement, Catherine vomissait, avant ou après son départ à l'infirmerie), et que je la finissais également avec elle (dictée ou rédaction selon les semaines, salle 208).

Ne me demandez pas ce que nous avons étudié ; cela, mon étrange mémoire l'a effacé. Je me souviens d'avoir lu "La Gloire de mon père", mais j'ai oublié sa voix et ce qui m'a été dit de cette œuvre que pourtant j'adore

Mademoiselle Verdon était une petite personne maigre, très brune, aux cheveux très courts. Je retiens d'elle ses vêtements sombres et distingués, sa démarche féline : elle se promenait dans la classe sans aucun bruit, se faufilant entre les tables comme aurait pu le faire un chat, toujours chaussée de ballerines. On eut dit une danseuse, je me souviens que je l'admirais.

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Le second, je l'ai connu en tant que collègue, et ce qui m'amusait toujours, c'était ce que les élèves disaient de lui (et que j'entendais en laissant traîner dans les couloirs mon oreille discrète)

Les élèves filles :

"T'as vu comme il est beau !"

Les garçons :

"C'est nul son cours, on fait que d'écrire"

Les filles ne se préoccupaient pas du cours, elles le regardaient lui.

Vincent était petit et mince, mais il avait tout du "beau gosse" des séries télévisées :

Des cheveux bruns décoiffés, un teint hâlé, de grands yeux noirs, un sourire enjôleur. Il portait toujours un jean serré un sweet à la mode et les baskets fluos ne l'effrayaient pas.

Avec cela, bourreau des cœurs, me causant régulièrement de ses nouvelles conquêtes...