Chapitre 113 : Le temps des semailles, deuxième semaine cinquième jour (Un secret bien gardé) (1/4)
Chapitre 113 : Le temps des semailles, deuxième semaine cinquième jour (Un secret bien gardé) (1/4)
« Eldarian »
Comme les matins précédents, le lever pour Eldarian se fit dès l’aube pour sitôt avoir ingurgité une boisson chaude et insipide, se retrouver dans la même position inconfortable que ces derniers jours.
Le maître guerrier s’en accommoderait bien s’il n’y avait pas cette odeur forte venant aussi bien de son corps que de celui de son gardien, qui tout comme lui ne s’est pas lavé depuis le rapt.
Une grimace lui vient alors en se rappelant ce qu’il a dû faire durant la nuit et qui ne lui a pas laissé d’autre alternative que de prendre en bouche l’organe turgescent du mercenaire, faisant fi des odeurs plus que suspectes qui en émanaient.
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Ce n’est que dans l’après-midi alors que le soleil commence à être très bas dans le ciel, qu’il discerne au loin l’immense bâtisse fortifiée, but de leur voyage.
Eldarian hésite dans son rôle à jouer, doit-il toujours laisser penser qu’il est le fameux apprenti magicien qu’attend l’archiprêtre en prenant le risque des conséquences que cela impliquerait, ou prendre de suite le parti de se rebeller en révélant sa véritable identité.
Il pèse les arguments pour ou contre des deux cas de figure, décidant finalement que ce seront les futurs événements qui décideront à sa place.
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« Bureau de l’archiprêtre »
Le miroir lui renvoie l’image d’un vieillard légèrement bedonnant qui ne porte pas encore trop mal ses soixante-deux « doubles lunes » quand Don Artaud l’archiprêtre de l’église du dieu unique se mire devant comme il se plaît à le faire chaque jour qui passe.
Il va bientôt être temps pense-t-il de préparer sa succession, non pas qu’il en ait la réelle envie mais tout simplement parce que sa charge lui pèse chaque « double lune » davantage et que certaines tâches lui deviennent de plus en plus ardues à réaliser.
Don Artaud a beau passer en revue ses principaux collaborateurs, il n’arrive pas à voir dans aucun d’entre eux un éventuel successeur et le seul qui pourrait sans conteste à ses yeux accéder au poste suprême de l’église, n’est personne d’autre que celui qu’il a dû bannir suite à ses idées contraires aux siennes sur le sort à réserver à ceux qui portent les marques honnies de la magie.
L’archiprêtre pousse un profond soupir de contrariété en reprenant sa place assise devant son bureau, posant un regard noir sur la paperasse qu’il lui reste encore à traiter et qu’il reporte déjà depuis bien trop longtemps.
Sa main se pose sur le dossier au-dessus de la pile, quand un son de cor résonne depuis les remparts et lui donne par là-même, l’excuse qu’il désespérait trouver pour ne pas avoir à s’atteler cette fois encore à la tâche fastidieuse à souhait qui lui incombe.
L’archiprêtre se lève donc et va jusqu’à la meurtrière qui donne une vue directe sur le pont surplombant les douves, apercevant au loin les cavaliers qui arrivent à bride abattue en laissant derrière eux un nuage de poussière.
Il ne faut pas longtemps à Don Artaud pour visualiser et comprendre que le fardeau porté en travers de la selle par l’un des hommes n’est rien de moins que le garçon faisant l’objet de leur mission.
C’est donc avec une réelle satisfaction que l’archiprêtre quitte son bureau afin de se rendre à leur rencontre, curieux de voir enfin à qui il a à faire mais surtout d’avoir une fois de plus la satisfaction de le voir souffrir le martyre quand il lui fera porter l’un des anneaux de contre-pouvoir toujours en possession de l’église et forgé du temps du haut mage félon pour aider les hommes à vaincre ses pairs.
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Sitôt arrivé dans l’enceinte de la cathédrale, Eldarian est emmené sans douceur jusqu’au poste de garde où il y est jeté au sol comme un vulgaire ballot de paille.
Il entend les hommes qui l’ont amené jusqu’ici réclamer la prime pour la capture de l’apprenti magicien, la réponse ne semblant pas vraiment être à leur convenance.
- Vous devrez attendre sa seigneurie, elle seule décidera si vous avez bien rempli votre mission !!
Le chef des mercenaires montre Eldarian, en contenant visiblement très mal sa colère.
- Vous en avez vu beaucoup d’autres de cet âge-là avec de telles marques ??
- Vous a-t-il jeté quelques sorts pour tenter de fuir ??
- Non !! Mais ce n’est qu’un apprenti qui n’a passé que deux semaines avec son Maistre !!
- L’avez vu avec son Maistre ?
- Bien sûr que non !! Croyez-vous qu’il nous aurait laissé nous en emparer sans réagir ?? Nous l’avons trouvé en compagnie des deux fils de sire Childebert, accompagnés de seulement trois hommes de troupe, d’une jeune paysanne et d’un autre garçon très certainement paysan lui aussi.
- Que faisaient donc les deux princes en telle compagnie ??
- Qu’est-ce que j’en sais, moi !! Vous croyez quoi ?? Que j’ai pris le temps de faire les présentations peut-être ?? Un bon coup sur la calebasse et basta !! On a filé direct avec l’apprenti sans se poser de questions !!
- Vous avez agressé les deux princes ??
Le mercenaire sort visiblement de ses gonds.
- Mais pas du tout !! On leur a offert des sucreries en leur chantant une berceuse !! Il serait de bon ton que vous sortiez à l’extérieur de temps en temps, histoire de voir que la vie n’est pas faite que de prières !!
Voyant que le sergent de garde va pour protester.
- Ça suffit maintenant !! Ou vous nous versez la prime promise à qui amènera l’apprenti, ou nous le reprenons pour le ramener là où nous l’avons capturé !! Après tout il ne nous a rien fait ce môme !!
Le mercenaire jette un coup d’œil vers celui de ses compagnons qui s’occupait d’Eldarian.
- Je pourrai même avouer qu’il a été plutôt conciliant ! Ha ! Ha !
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