Chapitre 01 - Première partie - Hashim Benorat

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Note : Le héros de mon histoire est totalement raté dans cette première version. Depuis j'ai réécris deux fois ce premier chapitre que je ne devrais pas tarder à mettre à jour ici sur Scribay.

Avez-vous remarqué combien les nations, les individus se replient sur eux-mêmes en l’attente d’un événement qui semble directement les menacer ? Vous êtes-vous rendu compte que l’humanité se prépare à lutter pour sa survie ? Vous rappelez-vous ce qui s’est passé, la dernière fois que le genre humain a été pris par cette frénésie ?

Vous avez raison d’avoir peur.

— Bonjour Hashim. Je peux vous voir quelques minutes ?

Hashim vient de déposer quelques papiers dans son bureau et s’apprête à débuter une nouvelle journée de travail. Il se tourne vers la voix qui l’interpelle et en reconnaît la propriétaire.

— Bonjour Romane. J’allais prendre un café vite fait avant ma prochaine réunion dans une quarantaine de minutes. Si c’est pour une urgence, j’ai un créneau en début d’après-midi si vous le voulez ?

En voyant l’air dépité de son interlocutrice, Hashim Benorat continue un peu plus chaleureusement :

— Vous pouvez me suivre jusqu’au distributeur automatique du hall, on pourra discuter en consommant une boisson chaude.

— Je ne préférerais pas. J’ai moi-même rendez-vous au port dans une heure pour retourner à Médusa et j’aimerais que notre entretien soit discret. Si je suis venue sur le continent, c’est parce que je veux éviter d’utiliser nos moyens de communication habituels.

Hashim, sentant le café qu’il espérait s’éloigner de lui, se retourne alors en soupirant vers la porte qu’il vient de verrouiller pour inviter son interlocutrice à le suivre. Deux tours de clef plus tard, son bureau apparaît, gris de poussière et rempli de papiers et dossiers de toutes sortes. La lumière du jour provenant d’une petite fenêtre au fond de ce local encombré a bien de la peine à se faufiler entre les meubles pour éclairer faiblement la pièce.

— Je suis désolé, comme je travaille principalement à l’extérieur, ce bureau ressemble un peu à une salle d’archive. Je ne reçois jamais personne. Mais du coup personne n’aura l’idée de venir nous chercher ici. Nous serons donc tranquilles pour tenir une conversation confidentielle.

— Je vous remercie.

— Prenez place. Il retire une pile de papier se trouvant sur le siège visiteur et la pose sur une autre encombrant un meuble bas à côté de la porte. Il fait le tour de son espace de travail pour s’asseoir sur un fauteuil en simili cuir usé un peu bancal pour faire face à sa visiteuse.

S’il n’avait pas déjà rencontré Romane Brilland à de multiples reprises, il pourrait s’interroger sur la nature de son sexe. La quarantaine, grande et filiforme au visage émacié et ciselé comme celui d’un homme, elle est habitée par un regard plein de fièvre comme en arborent tous ceux qui sont dévorés par leur mission. Elle porte des vêtements de marins, sombres et solides et des cheveux gris, mi-longs, décoiffés de façon hirsute. Elle possède autant d’attraits masculins que de grâce féminine et la voix éraillée qui sort de sa bouche aux lèvres fines ne vous donne pas plus d’indications sur son sexe. Même les plus perspicaces ne peuvent que se perdre en conjecture tant qu’ils n’auront pas posé la plus vexante des questions. Les plus goujats d’entre eux, ne sont pas assurés d’avoir une réponse claire tant Romane aime jouer de la dualité induite par son apparence pour déstabiliser ses interlocuteurs.

— Vous avez voyagé avec la navette ? Interroge Hashim en faisant allusion au cargo qui fait l’aller-retour entre Médusa et le continent.

— Oui, j’ai pensé que je pourrais venir vous voir ainsi sans susciter des questions. J’ai prétexté un problème administratif réclamant ma présence à terre pour que personne ne se pose de question.

— Vous m’inquiétez. Pourquoi toutes ces précautions ?

— Je vous rassure, ce n’est pas à cause de l’une de ces incursions que nous avons déjà eu l’occasion d’affronter. J’ai simplement une question à vous poser qui requiert votre avis et votre discernement.

— Vous avez un problème logistique ?

Lorsque l’on sollicite Hashim Benorat, c’est parce qu’il est le responsable logistique, approvisionnement et transport de SOS Humanité. Personne n’est aussi doué que lui lorsqu’il faut trouver un produit ou matériel bien spécifique pour l’acheminer au plus vite vers Médusa.

— Pas exactement. J’ai besoin d’un autre de vos domaines d’expertise.

— Que voulez-vous dire ?

— Vous souvenez-vous de la soirée succédant au grand meeting de notre organisation en décembre dernier ?

— Je ne bois pas d’alcool alors j’ai plutôt tendance à me rappeler de mes soirées, même quand elles sont bien arrosées comme c’était le cas ce soir-là. Vous voulez parler du moment ou je n’ai pas pu me retenir de céder à votre charme irrésistible et fini la nuit avec vous... Je suis papa ?

Romane ne peut s'empêcher de sourire à la blague de son collègue.

— Bien essayé ! Mais je n’étais pas suffisamment saoule pour oublier que nous n’avons rien fait tous les deux ce soir-là. À l’exception d’une intéressante discussion sur votre passé.

— Vous savez, avant de travailler pour notre organisation, je n’ai pas fait grand-chose de marquant dans ma vie à part essayer de ramener la paix dans des pays qui ne désiraient que la guerre. J’ai tenté d’apporter la sécurité aux populations civiles. J’ai mis plus longtemps que la moyenne pour me rendre compte que c’était totalement vain.

— Vous étiez également aumônier.

Le sourire qui flotte sur les lèvres d’Hashim se referme immédiatement.

— Oui, mais c’est fini tout ça et je préfère éviter le sujet.

— Pourtant c’est à l’homme de foi que j’ai besoin de parler.

Le visage d’Hashim Benorat est devenu aussi expressif qu’un masque mortuaire et le ton de sa voix aussi glacé.

— Vous allez devoir en trouver un autre. Je ne suis plus légitime pour répondre à des questions sur ce type de sujet.

— Je ne voudrais pas que ça sorte du cadre de notre organisation, vous êtes la seule personne de confiance à laquelle je peux m'adresser. Vous n’aurez pas besoin de procéder à une quelconque cérémonie religieuse. Vous pouvez certainement m’aider en faisant appel à quelques souvenirs de l’époque ou vous étiez un représentant de l’église.

Ravagé par une monstrueuse confusion de sentiments antagonistes, Hashim sent une sourde angoisse monter doucement.

Je pensais que cela ne me ferait plus rien aujourd’hui. C’était il y a si longtemps. Mais il semble que je n’en ai pas encore fini avec tout ça. Ne comprend-elle pas combien il est difficile pour moi de parler de cette époque ? Non, elle ne le sait pas, comment pourrait-elle le savoir ? Elle s’est rendu-compte que je n’avais pas envie de lui répondre, pourtant elle insiste. Pourquoi insiste-t-elle à ce point ?

Quelques instants de silence s’imposent de chaque côté du bureau, aussi lourds que les montagnes de dossiers qui le lestent… Hashim Benorat place son index devant sa bouche avec une attitude d’évaluation en fixant son interlocutrice d’un regard aiguisé.

Celle-ci rétorque avec un visage neutre, habité par des yeux interrogateurs et décidés. L’homme prend une profonde inspiration pour tenter de dominer le malaise qui l’envahit et relâche son souffle en parlant d’une voix grave et terne :

— Posez votre question.

— Comment est-il possible de reconnaître un miracle ?

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