Hôya - Laura Coutier

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Elle avait les pieds dans l’eau et les cheveux aux vents, sa peau était aussi pâle que celle des sirènes, elles étaient devenues des légendes, mais il fut un temps où on y croyait dur comme fer. Elle regardait la mer avec nostalgie, comme si elle lui manquait affreusement. J’étais venu sur la plage pour lire un livre en face du coucher de soleil, mais sa présence m'avait fait retirer les yeux des lignes noircies. Au lieu de lire la fiction, je l’imaginais en temps réel. Elle était soit une sirène, soit une pirate, ou bien les deux. Ce que je savais c’était qu’elle devait rêver de la mer, y retourner, dans ses profondeurs ou à la surface. Elle y avait connu les plus belles rencontres, et la terre était pour elle d’un ennui extrême en comparaison. C’est vrai que j’étais d’accord avec elle, le mouvement des vagues était si agréable, que ce soit sur un bateau ou entre les différents courants. Alors je la comprenais et j'aurais aimé me joindre à elle, juste l’espace de quelques instants, et si elle acceptait ma présence, rester pour toujours à ses côtés.

En fait, mon livre était devenu ennuyeux, il parlait justement de pirate cherchant vainement un trésor, mais elle était devenue mille fois plus intéressante. Je l’imaginais pirate, mais dans un but plus noble, elle sillonnait les mers à la recherche d’une amitié perdue. Leur destin reposait sur ses épaules et elle était la seule à pouvoir recoller les morceaux. J'aurais aimé que tout cela soit vrai, combien j'aurais donné pour rejoindre son aventure. Mais dans ce cas-là, que faisait-elle sur cette plage ? Si elle devait se battre pour leur amitié, aurait-elle abandonné ? Ou attendait-elle les moyens pour s’acheter un bateau ? Mais au vu du regard triste qu’elle lançait à la mer, j’aurai plutôt opté pour la première option. Ce scénario me plaisait, et je mourrais d’envie de l’écrire. Alors j’avais sorti un carnet et de quoi noter, et sans que je contrôle mes émotions, tout s'était aligné sur le papier, La Tragédie de l’Eau était son nom. Je n’avais rien vu, mais il faisait déjà presque nuit, le soleil s’était déjà couché et elle avait disparu. Je n’avais pas été témoin de son départ ni de celui du soleil, j’avais été imprudente. Mais j’étais fière des lignes que j’avais écrites, immortalisant ce moment. Je ne l’oublierai pas, j’en étais certaine.

Quelques jours plus tard, alors que le ciel se faisait de plus en plus sombre, j'avais décidé de retourner à la plage. J’avais emmené tous mes crayons pour dessiner au cas où, mon appareil photo, mon carnet et une serviette de plage. Elle était debout, à la même place, dans la même position, même éclairage, tout comme au premier jour. Alors je l’avais photographiée, dessinée, décrite, imprimée dans mon esprit. Elle était devenue un personnage de fiction et j’avais peur de briser le quatrième mur. Je dirai que réalistiquement, une trentaine de mètres nous séparaient, mais j’avais l’impression que cette trentaine était elle-même multipliée par trente.

Je m’étais levé et étais parti de la plage après le coucher de soleil, mais en me retournant, elle était toujours là, moi qui pensais qu’elle serait partie après le spectacle orangé. J’étais resté quelques instants de plus, avec elle, mais pourtant si loin.

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