Chapitre 2

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Lyra

Aujourd’hui est le premier jour d’une nouvelle vie. Ou du moins c’est ce que je me force à croire.

Je m’assieds sur le lit, ma respiration encore lourde. Ce rêve. Encore ce rêve. Chaque nuit de pleine lune, il revient, toujours aussi intense, toujours aussi réel. Depuis un an, il me hante. Une part de moi le redoute, mais l’autre y puise une étrange force. Comme s’il voulait me conduire quelque part. Je passe une main tremblante dans mes cheveux, tentant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Pourquoi toujours cette forêt ? Et lui. Cette voix.

Je suis à des milliers de kilomètres de chez moi, loin de ma mère, de mon père, et de tout ce que je connaissais. Enfin… mon père, mon beau-père, Phil, celui que j’ai cru être mon père pendant des années.

Lorsque j’ai appris la vérité, tout a basculé. Mon monde s’est effondré. Une partie de moi ne pouvait plus rester là, entourée de secrets et de demi-vérités. Je les aime, tous les deux. Phil, pour tout ce qu’il a été : mon pilier, mon modèle, mon père, même s’il ne l’est pas biologiquement. Et ma mère, malgré tout. Mais je ne peux nier cette colère sourde, cette impression d’avoir été privée d’une partie de ma vie.

Mon vrai père.

Son absence pèse sur moi, même si je ne sais presque rien de lui. Juste qu’il est mort dans un incendie, en tentant de nous protéger. C’est tout ce qu’elle m’a dit. Pas un mot de plus.

Chaque fois que je tentais d’en parler, elle fuyait, changeait de sujet ou se refermait complètement. “C’est mieux ainsi, Lyra,” disait-elle d’un ton ferme, son regard lourd de secrets qu’elle refusait de partager.

Mais ce n’est pas suffisant.

Je mérite de savoir.

Son silence m’étouffait. Alors j’ai décidé de partir. De chercher les réponses par moi-même, à des milliers de kilomètres de cette maison où tout semblait emprisonné dans des non-dits.

Aujourd'hui, me voilà ici, guidée par ce rêve, comme un appel viscéral. Et comme si le destin s’en mêlait, une opportunité s’est présentée : une bourse pour l’université, accompagnée d’un stage dans les laboratoires de Lykos Industries. La vie semble m’offrir un chemin vers les réponses aux questions qui me hantent. Qui était mon père ? Pourquoi ces secrets ? Pourquoi ce rêve ?

Je prends une inspiration et serre le flacon de vitamines que ma mère m’a envoyé avant mon départ.

“Ne les oublie jamais,” répétait-elle, son regard insistant, presque inquiet, chaque fois qu’elle me tendait un nouveau flacon.

J’avale une gélule et glisse le flacon dans mon sac. C’est mon dernier lien tangible avec elle. Mon souffle s’alourdit un instant, mais je me redresse, me prépare et sors de la cité universitaire.

Dehors, l’air est frais, légèrement humide. Les premières lueurs du matin se glissent entre les immeubles. Le chemin qui mène à Lykos Industries est court, moins d’un kilomètre. Pourtant, chaque pas semble s’étirer, chargé d’une étrangeté que je ne parviens pas à nommer. Tout est nouveau ici, mais familier. Je ne peux pas l’expliquer.

Les avenues sont bordées d’arbres imposants, leurs feuilles bruissantes sous la brise matinale. Les vitrines des boutiques brillent doucement sous le soleil levant. Une boulangerie attire mon attention : l’odeur du café chaud, des pancakes et des cookies tout juste sortis du four s’échappe dans l’air. C’est réconfortant. Mais il y a autre chose. Un parfum subtil flotte, sauvage et indéfinissable. Une odeur boisée, musquée, différente de tout ce que je connais, et pourtant… elle me semble étrangement familière. Un frisson parcourt ma peau. L’air semble plus lourd tout à coup, comme si la ville elle-même me regardait.

Je ralentis. Mes poumons se contractent légèrement, et une sensation de vertige monte. Tout autour de moi semble normal, mais en même temps… pas vraiment. La pression dans ma poitrine devient oppressante. Je m’arrête une seconde, levant les yeux vers les immeubles qui se dressent autour de moi. Quelque chose dans cette ville attend de moi que je comprenne. Mais quoi ?

Je reprends ma marche. La silhouette du bâtiment de Lykos Industries apparaît au détour d’une rue. Sobre, moderne, sans ostentation. Sa façade claire capte la lumière du matin, presque aveuglante, et son architecture inspire une sérénité étrange. Pourtant, je ne peux m’empêcher de sentir une tension sous-jacente. Comme si ce lieu savait quelque chose que j’ignorais encore.

Soudain, mes doigts se crispent sur la sangle de mon sac. Ce parfum… Il devient plus intense à chaque pas que je fais. Une chaleur étrange monte dans ma poitrine, et avant même que je ne comprenne pourquoi, ma main cherche mon carnet de dessin. Sans réfléchir, je le sors, mes doigts trouvent un crayon, et une ligne se dessine sur la page blanche. Puis une autre. Encore une autre. Mes mains bougent presque d’elles-mêmes, comme si elles répondaient à une force invisible, à un appel.

Je continue d’avancer, traversant le parking devant Lykos Industries, mais mes yeux restent fixés sur la page. Mes doigts tracent des formes, des ombres. Quelque chose prend vie sous mes mains.

Je ne comprends pas ce que je fais, mais je ne peux pas m’arrêter.

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