Le muguet se défend – par Ninib
Une plainte a été déposée contre vous parce que vous auriez fleuri trop tôt : qu'avez-vous à nous dire à ce sujet ?
L'air était doux au bout des feuilles
La terre humide entre mes pieds,
en surveillant du coin de l'oeil,
J'ai vu des fleurs au vieux pommier.
Pour moi, il n'est date qui tienne,
Et je n'ai de calendrier
Que celui des lunes anciennes...
J'ignore avril et février.
Mais en agissant ainsi, vous avez causé un grave préjudice aux fleuristes... Que leur répondez-vous ?
Certains ont asservi les nôtres,
En rationnant l'eau, la lumière,
Nos clochettes comme les autres,
Petites, n'en sont pas moins fières...
Nous aimons vivre au vent qui passe,
Sentir la mousse du sous-bois,
Choisir nous-mêmes les espaces
Que nous parfumerons tout bas.
Nous sommes libres et sauvages,
Symboles ? Nous n'en avons cure.
Quel affront de nous mettre en vase
Au mépris de mère nature !
Si je comprends bien, vous n'avez que mépris pour les humains qui, eux, vous aiment tant !
Nous aimerions qu'ils soient nos frères
Mais ils se prennent pour des dieux,
Ils nous agencent en parterres
Sans nous comprendre ou bien si peu...
Qu'ils viennent nous rendre visite
Sans montres et à cœur ouvert :
Nous leur dirons ce qui palpite
Secrètement dans l'univers.
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