Chapitre 2 : Amnésie (ou pourquoi poser sa mémoire quelque part, sans savoir trop où exactement, est une très, très mauvaise idée…)
Elle ne s’en rappelait PLUS ! Elle, Alix Fall’a, avait perdu la mémoire ! Elle fronça les sourcils. Im-po-ssible ! Sa mémoire était infaillible. Elle se souvenait de chaque moment de sa vie, les images, les sons, les odeurs, les goûts, les matières. Tout le monde (sauf Annabelle) disait que c’était impossible, mais personne ne se souvenait de ce qu’elle se souvenait. On l’accusait de mentir, de tricher. Mais là ! Elle croyait qu’elle se souviendrait toujours de cet affreux moment, mais non. Elle savait qu’elle s’était évanouie, mais après, rien. Rien de chez rien. Vide, vide, et re-vide.
Elle fit le tour de son lit, s'appuya à la baie vitrée et recommença à fouiller dans son cerveau. La seul chose qu'elle savait, c'était qu'elle s'était évanouhit. En fait, elle n'avait jamais essayé de se remettre en tête cette horrible histoire. Elle savait que rien que revoir son oeil tomber suffirai à lui donner la nausée. Mais elle était sûre qu'il était resté dans sa tête.
De rage, elle frappa dans la baie. Elle ne s'attendait pas à la voir se casser sous l'impact. Perplexe, elle regarda sa main. Celle-ci était ensanglanté, parsemé de petits bouts de verres enfoncés dans la chair. Mais elle ne ressentait aucune douleur. Pas le moindre picotement. La seule chose qu'elle sentait, c'était l'air frais qui s'engouffrait dans la chambre par la baie vitrée cassée. Choquée, elle regarda la vitre (en fait, elle ne pouvait pas la regarder puisqu'ellle n'était plus là... Mais vous m'avez compris), puis sa main. La vitre, sa main, la vitre, sa main.
Après trente seconde de ce manège, elle pris une grande inspiration, et partie dehors. N'importe qui comprendrait pourquoi. Elle venait de casser une baie vitrée à main nue, et Annabelle savait crier très, très fort.
Alix marcha pieds nus dans le gazon jusqu'au lac. Elle s'y assit, et trempa ses pieds dans l'eau. Le brisage de vitre (oui, je sais, le mot brisage n'existe pas) lui avais complètement fait oublier son amnésie. Elle trempa ses doigts dans l'eau. Le contact du frais l'apaisa. Elle soupira. Elle n'était pas malheureuse, loin de là, mais tourmentée. Elle se posait souvent des question sur son future. Elle pense qu'elle deviendra mathématicienne, ou prof de physique. Elle se trouvera un mari et aura des enfants. Elle vivra dans un cottage avec sa famille. Une vie simple, quoi.
Sa main se crispa sur la jonquille qu'elle avait cueilli. Elle vivrai simplement et sa soeur sous les étoiles. Elle restera dans l'ombre et ne serrai rien d'autre que "la soeur" de la Grande Alice. Elle savait qu'elle jouerai ce rôle pour sa soeur. Mais elle avait conscience que la boule qui était dans son ventre lui disait : "Tu vaux mieux que ça, ressaisit toi ! Vous pouvez être toutes les deux des stars."
Soudain, la fleur prit feu. Le feu consuma la jonquille jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un petit tas de cendres dans les mains d'Alix. Celle-ci, stupéfaite encore une fois, souffla sur les cendres et le petit tas s'envola comme si rien ne s'était passé. Mais quand la jeune fille regarda sa main, elle vit qu'elle était brûlé, alors qu'elle ne sentait rien. Ses doigts et ses ongles avaient fondus et au bout de sa paume, il y avait de la peau fondue. Là seulement elle commença à paniquer.
Elle fonça vers sa chambre, rentra, et fut bien embêté pour fermer la baie. Vu que quoi qu'il arrive, elle était toujours ouverte. Elle fit donc simple, elle ne la ferma pas. Puis, elle courut jusque dans la buanderie où se trouvait la trousse de secours. Elle en sortit une pommade pour brûlures.
Elle fixa tour à tour la photo d'une toute petite cloque sur la pommade et sa fondue de peau, perplexe. Elle haussa les épaules en mit quand même sur sa main calcinée. Elle n'eut pas "moins mal", puisqu'elle n'avait jamais eut mal, mais ses bouts de peau rouges palirent et devinrent plus, disons, présentable.
Mais le problème restait le même.
Elle n'avait plus de doigts.
Alix décida d'aller voir le médecin du vilage. Il ne pourrait pas y faire grand-chose, mais elle devait savoir ce qui lui était arrivé avant qu'Alice et Annabelle reviennent. Enfin, elle devait surtout trouver une excuse pour la vitre brisée.
Soudain, elle réalisa l'énormité de ce qui lui arrivait. Elle n'avait plus de doigts ! Cette pensée l'arrêta net. Elle se mit à pleurer. Plus jamais elle ne serai normal ! Elle entendait déjà les cris d'horreurs des autres ados. Déjà qu'elle n'était pas très intègrée dans son collège, alors là ! Elle serai "Celle sans doigts". Les enfants du village se raconteront son histoire pour se faire peur, et personne ne voudra plus l'approcher. Heureusement, c'était sa main gauche et elle était droitière. Elle pourrait encore écrire.
Elle voulut se ressaisir pour reprendre son chemin, quand elle prit conscience de quelquechose.
Alice aura peur d'elle et la fuira comme la peste.
Cette pensée fut de trop.
Elle coura comme une dératée jusqu'au pont qui permettait de franchir le torent. Elle regarda en bas. Dix mètres plus bas, les rochers étaient pointus et le courant fort. Ses doigts se crispèrent sur la rembarde. Elle enjamba cette barre de fer qui l'empêchait de franchir le pas de la mort.
Elle s'apprêtait àlacher la rambarde qu'elle tenait de sa main valide, quand une voix l'interpella :
" Eh vous ! Là haut ! Ne faites pas ça, vous le regretterez plus tard.
Un vieillard se tenait en bas, en train de pêcherdans le torent.
- Je ne pourrait pas le regretter plus tard, car plus tard, je serai morte.
- Ah ouais ? On pari ?
Il rigolait, là ? On ne pari pas alors que l'on s'apprête à crever. C'est déloyal, puisqu'on ne pourra pas rembourser nos dettes
- Pourquoi je parirais avec vous ? Vous êtes un inconnu à mes yeux, et on ne pari pas avec un inconnu.
L'homme la toisa, et dit :
- Ma p'tite, tu sais pas jouer aux paris. A ce jeu, tout est permis.Même de parler avec un inconnu. Même de parier avant sa mort. Quoique, là, si je gagne le paris, tu reste vivante. Donc soit on récupère de la paté de vous à l'arrivée, soit vous allez devoir me suporter en train de dire " J'ai gagné !" pendant une heure. (Il sourit encore plus et continua :) Deal ?
Elle sourit à mon tour.
- Deal.
Et elle lacha la rambarde.
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