Chapitre I (partie 1/2)
Planète inconnue n°178.443
Le vaisseau se posa, la voix mécanique du vaisseau retentit et réveilla le professeur Wyn qui dormait encore. La dernière exploration avait été éprouvante, de plus le doyen de l’université de Lanh-Yakéa allait demander un rapport concis, celui-ci était donc prêt depuis la veille.
- Nous sommes arrivés sur la planète inconnue numéro 178.443
- Tu aurais quand même pu me laisser dormir. Cette information pouvait attendre.
- En effet professeur Wyn, mais j’ai une autre information. Une créature semble s’être accrochée au vaisseau.
- Ne t’en fais pas, je vais aller voir cela tout de suite ! s’enjoua le professeur ravi de rencontrer une nouvelle forme de vie.
Le vestiaire du vaisseau était spacieux, le professeur songea souvent à recruter de petits stagiaires pour travailler avec lui, mais chaque fois qu’il passait à son bureau de l’université il était monopolisé par des réunions et il n’avait jamais eu le temps de faire cela. Pourtant son travail d’exozoologiste était très demandé. De nombreux étudiants en sciences galactiques étaient intéressés.
Le professeur sortit du vaisseau, il lui fallut une poignée de secondes pour s’habituer à la lumière sur ce monde. Les arbres autour de lui étaient gigantesques. C’est ce qui l’avait conduit à se poser ici, une telle forêt ne pouvait que receler une grande diversité d’êtres vivants inconnus à recenser.
- Professeur, je ne détecte plus la présence de la créature.
Daar était perturbé, l’ordinateur avait un don pour toujours interrompre sa réflexion. Il était pourtant persuadé de l’avoir configuré convenablement. Le professeur Wyn émit un grognement et commença à avancer vers l’arbre le plus proche. En atterrissant le vaisseau avait écrasé quelques arbres mais cela ne l’avait pas endommagé. Ils avaient parcouru la planète depuis l’espace et n’avaient trouvé aucune clairière. C’était donc à contrecœur qu’il avait ordonné au vaisseau de se poser en détruisant quelques arbres.
- Professeur, voulez-vous que je passe en standby jusqu’à votre prochain ordre ? demanda Beagle.
- En effet ce serait profitable pour me permettre de prendre des notes.
L’ordinateur de bord du Beagle était suffisamment intelligent pour comprendre que les silences prolongés du scientifique signifiaient qu’il voulait réfléchir en paix.
Le professeur observait les racines de l’arbre devant lequel il se trouvait. D’un diamètre plus que convenable, elles semblaient briller d’un bleu léger, le même que celui qui rayonnait de l’herbe au sol. Les pas du professeur avaient totalement détruit une portion de la végétation herbacée. Daar prit son carnet et nota frénétiquement ses observations.
« La végétation herbacée à proximité du site d’atterrissage semble particulièrement fragile, probablement pauvre en lignine. Cela sera à vérifier lors de prélèvements ultérieurs. »
Une brindille craqua au loin. Le professeur tourna la tête à la recherche de l’animal qui avait produit ce bruit en marchant. Il s’éloigna de l’arbre non sans en dessiner une feuille et une portion de la racine qui brillait en bleu.
Un peu plus loin une seconde brindille craqua. Le professeur réfléchit une seconde puis nota quelques lignes sur son carnet.
« Il existe au moins une espèce animale, cependant celle-ci semble être timide et difficile à apercevoir »
Les pas du professeur le portèrent jusqu’à l’autre coté du site d’atterrissage d’où semblait provenir le bruit. Cette intuition fut confirmée par l’observation au sol d’une brindille cassée. Il la ramassa et fut surpris de voir quatre petites paires de pattes en sortir et se mettre à se débattre pour s’échapper. Daar sortit de son sac une boite miniaturisable, il l’ouvrit et y glissa la petite chose avant de refermer la boite. Il jeta un coup d’œil au travers de la boite.
La petite chose se déplaçait en longeant frénétiquement les bords de la boite, tout en étant incapable de s’attacher aux parois bien trop lisses. Dans son esprit une analogie lui vint, celle de ces araignées de Lanh-Yakéa, incapables de marcher sur des surfaces trop lisses et qui finissaient souvent noyées. Cela lui brisait le cœur. Il observa encore quelques instants et constata que la créature avait un œil unique au milieu de sa tête.
Tout un tas de réflexions s’ouvraient à lui, que pouvait bien manger cette petite chose ? cette réflexion fut coupée par un désir d’enregistrement.
- Beagle ?
- Oui professeur ?
- Enregistre ce spécimen dans la collection s’il te plait.
- Tout de suite professeur ! Sous quelle dénomination ?
- Appelons là Araneus wyneus !
- Voulez-vous que je fasse une observation de ce spécimen pour vous ? proposa gentiment Beagle suivant les directives de son programme à la lettre.
- Non ça ira, laissez-moi faire. Il s’agit là du premier arthropode que je trouve sur ce monde, ce serait dommage de l’observer au travers d’une paire de caméras.
- Je ne sais trop quoi dire professeur, étais-ce une remarque désobligeante ?
Le professeur courroucé songea à débrancher le son de son communicateur mais se ravisa et répondit sur un ton sérieux.
- Que dis ton programme à propos des émotions en réponse à ce que je te dis ?
- Il ne dit rien, aucune trace d’émotions.
- Alors contente toi de ne pas en inventer ! Merci ! laisse-moi travailler.
Une nouvelle fois une brindille craqua sous le poids d’un animal. Cette fois c’était tout proche. Le professeur tourna la tête et aperçut quelque chose qu’il ne s’attendait pas à observer : une créature d’environ un mètre soixante-dix se tenait en face de lui. Elle avait globalement l'allure d'un champignon. Sa peau toute verte et tachetée luisait un peu. La créature avait de grands yeux cachés sous un drôle de chapeau.
- Rutjii ? fit la créature en regardant le professeur.
- Tu tentes de me parler ? demanda Daar.
- Rutjii ! fit de nouveau la créature en s’approchant.
Le professeur recula. Il songea aux dangers d’un tel contact, il se souvenait parfaitement de sa première rencontre avec un Langoustien. Il avait eu besoin de trois semaines pour s’en remettre, il avait attrapé une forme virulente de lèpre chitineuse. Une maladie horrible qui fait pousser des pustules en chitine sur la peau des humains non vaccinés. Depuis, le professeur s’était promis de ne pas toucher à des créatures aussi grandes que lui.
- Beagle ? dit Daar dans son communicateur.
- Oui professeur ? répondit froidement l’ordinateur de bord.
- Nous avons un specimen plus gros, tu pourrais le téléporter en cellule d’observation ?
- Bien sûr professeur.
Dans un éclair de lumière la créature fut vaporisée et rematérialisée dans le vaisseau, dans une zone spécialement aménagée pour contenir et observer les nouvelles espèces probablement intelligentes (NEPE).
- Voulez-vous revenir également au vaisseau ? demanda Beagle.
- Non ça ira, peux-tu juste survoler la zone et me dire si tu repères quelque chose que nous n’aurions pas décelé au premier survol ?
- Bien entendu. Je m’y attèle, je serai de retour dans trente minutes.
- Parfait !
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