Laura aimait se sécher les cheveux nue devant la fenêtre, dépourvue de brise-vue. L'idée qu'un voisin, ou qu'une voisine, puisse la regarder de loin l'émoustillait. Etre l'objet des premiers émois d'un jeune adolescent ou encore le fantasme secret d'une épouse lassée de son quotidien. Elle s'inventait des scenarii où ces gens pensaient à elle et avaient le besoin irrépressible de glisser leur mains entre leurs cuisses pour apaiser le feu qu'elle avait créé.

La salle de bain n'était pas le seul lieu où Laura aimait être nue. Mais il n'en avait pas toujours été ainsi. Quand elle vivait encore chez ses parents, la jeune femme n'aurait jamais pensé faire une chose pareille. Sauf peut-être pendant leurs vacances, alors qu'elle avait la maison pour elle toute seule pendant quelques jours. Maintenant qu'elle vivait dans son propre appartement, elle pouvait faire comme bon lui semble. Se promener de la chambre au salon, sans rien sur le dos, par exemple. Cela faisait trois mois que la jeune femme savourait le plaisir de la liberté. A vingt-cinq ans, elle avait réussi des études universitaires et avait enfin trouvé un emploi stable, qui lui avait permis de louer cet appartement au onzième étage en ville. Fille de la campagne, elle avait pourtant ressenti le besoin d'aller vivre dans la métropole. Il faut dire que cela l'arrangeait bien de se rapprocher de son lieu de travail et de couper le cordon avec maman !

Pendant qu'elle se préparait, Laura ne pensait qu'à sa soirée. Voilà une semaine que Magali lui avait proposé, un peu en rigolant, de participer à un speed-dating. Laura n'était pas contre l'idée. Contrairement à son amie, elle ne pensait pas trouver l'âme soeur. Elle voulait juste passer un bon moment avec sa copine, à jouer les commères sur les vieux-beaux de passage. Comme souvent ces derniers jours, Laura avait l'impression d'être observée au moment de mettre ses bas. Ce petit jeu de voyeurisme lui plaisait bien. Ne pas savoir qui se trouvait derrière ces regards l'émoustillait un peu plus.

Une fois dehors, Laura retrouva Magali devant la bouche de métro et passa une bonne soirée. Elle ne trouva pas l'âme soeur mais rentra chez elle accompagnée. Jonathan l'avait fait rire et elle avait eu envie de prolonger la soirée avec lui. Puisqu'il habitait en coloc, elle l'emmena chez elle. Ils firent l'amour dans le salon, à la va-vite. Décevant pour un homme qui semblait être à son écoute durant la soirée. Elle ne le pria pas de rester pour la nuit, il ne chercha pas à renouveller l'expérience non plus.

Le lendemain matin, elle sortit récupérer son courrier oublié la veille. Glissé entre toutes les pubs, elle trouva un petit papier. Plié en quatre, on aurait dit les mots que les adolescents s'envoient pendant les cours. Le texte était cependant moins sympathique que les chamailleries d'écoliers.

"Je n'ai pas apprécié le spectacle d'hier. Je préfère te voir seule. Ne recommence plus."