Arc II, Chapitre 14 : Encre

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L'aube venait à peine de se lever alors que les premiers coups de hache se plantaient dans le tronc bien mature de l'arbre bien caché dans sa forêt.

Le géant se stoppa un instant pour récupérer son souffle. Comme pour l'aider, un vent doux lui caressa la peau et chassa les gouttes de sueurs qui commençaient à couler le long de son visage.

Après un bref remerciement envers le vent, il agrippa violemment le manche avant de se redresser et reprendre l'abattage de l'arbre.

Pendant son effort, le vent sembla s'enrouler autour de lui en formant quelques mots ou même des phrases :

-"Le prochain arbre est de l'autre côté de l'île, je t'y guiderais."

-"Merci." dit simplement Krayn en achevant l'arbre d'un coup.

Des craquements sourds se firent entendre alors que le tronc commençait à vaciller avant de s'effondrer. Comme guidé lors de sa chute, l'arbre esquiva ses congénères et s'effondra dans des buissons.

Le pin faisant bien une vingtaine de mètres, Krayn se mit en tête de réduire sa taille pour qu'il puisse être transportable. Durant une bonne heure il trancha toutes les branches et découpa le tronc en plusieurs morceaux de cinq mètres chacun.

Une fois satisfait de son travail il prit un morceau par épaule et se mit à le transporter à travers la forêt dense, pourtant les buissons semblaient être écrasés pour lui faciliter le passage.

En quelques minutes il fut sorti de la forêt et il marcha quelques moments pour atteindre la seule scierie du royaume d'Almer. Quand il fut arrivé, il remarqua avec satisfaction que les travailleurs étaient déjà bien occupés à trancher le bois et à le transporter vers le ponton pour monter le bois sur les bateaux.

À son arrivée, deux hommes étaient déjà là avec une petite charrette. Comme habituellement, l'homme de la forêt lâcha le bois dans la charrette avant de serrer joyeusement la main des hommes.

-"Salut, Krayn comment ça va ?" Commença le premier en tapant l'épaule du géant avec un grand sourire."Je te présente mon apprenti, Braulh."

Plutôt impressionné par Krayn, Braulh se contenta de sourire vaguement en détournant le regard.

-"Je vais chercher les autres tronçons," Dit calmement le bûcheron.

-"Oui vas-y donc nous on va déjà amener ces beaux morceaux aux gars là-bas."

D'un hochement de tête communicatif, ils se séparèrent et Krayn rentra à nouveaux dans la forêt accompagnée par le vent.

Trois allés et retours suffirent pour l'arbre soit amené en entier à la scierie sous le regard toujours ébahi de l'apprenti qui voyait un homme seul porter sur ses épaules des morceaux de bois dépassant sûrement la centaine de kilos chacun.

Après avoir montré sur la carte sa prochaine destination Krayn traversa alors la forêt sur un long trajet avant qu'il passe près de l'abre central de la forêt, protégé par le fameux serpent.

-"Tu ne veux pas faire le plein ?" demanda le vent dans un souffle léger.

Krayn se souvint alors qu'il devait bel et bien remplir sa fiole qu'il portait toujours à côté de sa gourde elle-même accrochée à son pagne.

Il dévia donc de sa trajectoire et se rendit à l'arbre géant qui surplombait depuis des dizaines d'années la forêt.

Autour de l'arbre, il y avait pleins de trous d'eaux formant une sorte de marais d'eau douce. L'arbre en lui-même dépassait presque la centaine de mètres et était complètement différent de la forêt de pins l'entourant. C'était presque comme-ci l'arbre existait avant même l'apparition de la forêt... Et c'était le cas.

Alors qu'il s'approchait de son objectif le serpent protecteur sortit des racines et surplomba le géant en sifflant.

-"Prend-donc ce dont tu as besoin." dit sagement le vent alors que le serpent ouvrait la gueule en grand.

Alors le serpent s'abaissait à son niveau et le géant sortit sa fiole pour la glisser dans le croc droit de Vent. Comme un berger, Krayn caressa les écailles du serpent pendant que le venin de ce dernier coulait lentement dans la fiole.

Une fois la fiole remplie, le serpent se retira et le bûcheron boucha la fiole avec un petit bouchon en liège.

-"Ça me rappelle la fois où tu étais partit planter ses œufs, Krayn," siffla le vent, plus proche de son oreille." C'était une grande aventure, n'est-ce pas ?"

-"C'est vrai," acquiesça Krayn en rangeant la fiole."Je n'avais plus eut besoin de faire de tatouage depuis tellement longtemps."

-"Qui aurait cru que tu aurais eu besoin de faire un tatouage pour la future reine."

-"... Et je ne sais toujours pas si c'était une bonne idée."

-"Pour l'instant, les choses n'ont pas l'air de trop mal se passer."

-"Comment se développe le sceau ?"

-"Bien, pour le moment."

Krayn hésita un moment, cherchant les mots justes avant que le départ du serpent le décide à parler.

-"Vent, Savez-vous qui est celui qui a tenté de tuer la princesse ?"

Le serpent s'immobilisa un moment, laissant un faisceau de lumière réfléchir sur ses écailles multicolores. D'un mouvement gracieux, le serpent se retourna et plaça sa tête toute proche du géant et planta son regard dans le sien un moment avant de se retourner alors que la voix tranquille du vent reprenait :

-"Mon vent n'est pas tout puissant, je peux seulement entendre ce qu'il se passe au palais, or l'île d'Oslaw est la plus proche d'ici. Bien que j'aimerais savoir tout ce qu'il se passe dans ce royaume, mais je ne peux pas. Cependant, l'homme qui a eu une entrevue avec la princesse, le commandant je crois, je suis certain qu'il peut trouver s'il y met du sien."

-"Et comment savez-vous ça ?"

-"Ce garçon était tellement heureux quand il avait rencontré le roi après la mort de son père. Il était à l'époque plein d'ambition et de loyauté, un bon garçon. Pourtant devant l'incompétence des autres il s'est retrouvé avec trop de tâches sur ses épaules et l'avarice a fini par prendre le dessus et il s'est bien reposé sur ses lauriers ces dernières années. Mais au vu de la future reine, il est très probable qu'il soit obligé de reprendre son service."

Krayn resta un moment pensif, cherchant à savoir si cela était une bonne chose une mauvaise, mais comprendre ce genre de choses-là était décidément trop compliqué pour lui et il abandonna dans un soupire.

-"Je dois aller couper le second arbre, merci pour l'encre."

***

-"C'est bon, posez ça là," ordonna le jeune homme en cachant mal sa joie.

Le transporteur obéit et déposa alors le le dernier vase sur l'étagère en prenant soin de ne pas le faire tomber. Jayce se précipita pour vérifier sa position, l'ajustant pour qu'elle soit parfaite à ses yeux.

-"Très bien, votre argent est sur le comptoir," finit par dire l'ancien prince avec un sourire béant."Vous pouvez vérifier le compte si cela vous chante."

Le transporteur hocha de la tête et passa derrière le prince pour récupérer la bourse et après avoir jeté un coup d'oeil à l'intérieur tout en la pesant de la main il remercia chaleureusement son client avant de sortir du magasin.

En ouvrant la porte, une petite cloche sonna au plaisir incroyable du Prince qui se tourna vers l'entrée plutôt terne de son propre magasin.

Au départ, il avait souhaité voyagé et être un marchand itinérant mais voyager sans grandes connaissances du continent était une mauvaise idée, une très mauvaise idée.

Il s'en était rendu compte en parlant avec l'un d'entre eux qu'il rencontra à la taverne du coin lors d'une soirée très agréable. Dès lors, toute la subtilité de savoir où aller et quand l'avait frappé.

Le voyage était coûteux et le faire sans savoir réellement qui à besoin de quoi serait perdre du temps et de l'argent.

Donc sa seule option pour le moment était d'acheter le droit à avoir son magasin et surtout de commercer, ce que seul de greffier peut offrir.

Malheureusement pour lui, les formalités furent plus longues que prévues et il ne put acheter son échoppe après une semaine complète, ce qui fut long considéré les travaux nécessaires et l'emménagement.

Au final il avait pu acheter une échoppe d'une trentaine de mètre carrés avec un escalier menant à son lieu d'habitation composé d'un étage avec sa cuisine et autres.

Aujourd'hui était son jour tant attendu malgré qu'il soit l'après-midi déjà. Il venait enfin de terminer l'agencement de la boutique, plaçant avec précaution des vases, ustensiles et même des objets d'intérieurs typiques des Îles d'Almer à son plus grand plaisir.

Son objectif principal était de pouvoir subsister quelques années ici tout en se renseignant sur les villages et villes aux alentours, voir même d'autres royaumes !

Reprenant ses esprits, Jayce se mit en tête d'à nouveau vérifier chaque objet mis en vente pour être certain que leurs positions deviennent la plus attrayante possible. Après quelques minutes passées, il abandonna l'idée et sortit de sa boutique pour la voir de l'extérieur.

Un beau bâtiment d'un gros bloc avec une petite vitrine au rez-de-chaussée présentant quelques peaux et babioles de tous les jours joliment décorés. De l'étage l'on pouvait apercevoir uniquement deux petites fenêtres, l'une pour la cuisine et l'autre pour la chambre mais bien sûr il était impossible de voir l'intérieur des pièces d'en bas.

Après s'être délecté de la façade de son bâtiment, il se tourna vers la rue pour observer avec attention les habitants de cette dernière.

Dans son quartier, les gens étaient relativement aisés et les vêtements colorés qu'ils portaient le démontrer bien et bien qu'ils soient relativement intéressés par les babioles présentées à la vitrine, ils restaient plutôt méfiants envers le marchand tenant celle-ci.

Mais c'était quelque chose à laquelle il s'attendait, après tout il avait clairement des traits plus carrés par rapport à ses origines et cela n'avait pas l'air de plaire à certaines personnes qui dévisageaient l'ancien prince comme s'il n'était qu'un vaurien ou un charlatan. Et naturellement il était plus que déterminer à leurs prouver le contraire et à montrer ses talents en marchandage.

Jayce sourit à nouveau comme un gamin devant son trésor et demain il commencera enfin son travail et ouvrira sa boutique aux yeux de tous.

Un frisson d'excitation lui parcourut l'échine alors qu'il passait la clef dans serrure pour fermer la porte avant un regard attendrit sur le volet se fermant sur la vitrine protégeant ses précieux trésors qu'il bloqua d'un coup de clef à nouveau.

Après avoir rangé ses clefs dans sa poche, il commença son petit bout de chemin en direction de la taverne la plus proche cherchant à se faire des connaissances et s'amuser un peu. Autant mélanger travail et plaisir.

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