Bien après l’abolition de l’apartheid, il existait encore dans un bled perdu du continent africain, un mouvement qui prônait la suprématie raciale sur le seul critère du faible taux de mélanine.

Dans ce groupe d’ignares vivait un âne. Un vrai. Ou plutôt son cousin. Zaufo le zèbre. Il vouait une haine résolue envers tous les animaux à pelage foncé comme les rhinocéros, les éléphants, les hippopotames, les buffles, les gnous, et même les bousiers.

Sa pugnacité, dans cette entreprise, dépassait de loin celle de ses frères d’idée. Personne ne sut de quelle racine amère Zaufo tirait cette haine particulièrement xénophobe envers ses voisins de la savane. Pas même la hyène, hostile et asociale habitante du coin, ne comprenait la passion médiocre de l’équidé.

Dans le village, les réunions ku klux klaniennes des quadripèdes se tenaient à l’écart, prés du mur de l’ancien abreuvoir, sous les baobabs. L’orateur zébré n’avait pas son pareil pour galvaniser les troupes avec ses discours vénéneux.

Les sécheresses se succédant, il a naturellement fini par devenir le daron de la communauté.