Un jour de retour au pays, l’âne rayé décida de se mélanger aux villageois. Il entreprit de flâner au marché hebdomadaire du village. La faune sauvage y troquait à flot, contre des jumelles par-ci, des tenues de camouflages par-là et des limes pour affuter les cornes ou les sabots par là-bas. Zaufo s’arrêta devant l’arracheur de dents. Un vieux buffle aux mains tremblantes.

- Le papy ébène y voit encore quelque chose ? Lança ironiquement l’équidé

- Tu as le privilège de la jeunesse. J’ai celui de la sagesse. Mais je ne vois pas en quoi je serais plus ébène que toi mon fils.

- Ne vois-tu pas mes rayures blanches vieux bouc ?

- Je vois également tes rayures noires jeune idiot.

- Je suis blanc rayé de noir. Comme le tigre, le léopard et le guépard sont de tâches sombres ornés. Jeta d’un air désemparé le zèbre.

L’aîné hocha la tête de gauche à droite avec une moue aux lèvres.

- Tu lis un peu mon fils ? En chuchotant la honte vers le cadet.

- Je suis membre du parti papy ! Indigné.

- Je ne te demande pas ton métier petit.

- Oui, je feuillète la presse… People, le kilimanjaro Closer aussi.

- Sache alors que zèbreau tu étais noire comme nuit sombre dans l’utérus de ta mère. Les rayures blanches vinrent plus tard. Donc techniquement tu n’es pas ce que tu prétends.

- Nan ! Mais non ! Suivi d’un sourire silencieux. Puis Zaufo ria comme un bossu avant de lâcher un torrent de larmes en s’éloignant dans la foule bruyante.

Ce fut le dernier jour où l'on vit son postérieur... avalé par la poussière.