Chapitre 3

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La douce chaleur du soleil sur ma peau me réveilla. En ouvrant les yeux, je remarquais le bras d’Océane autour de mon ventre. Je me tournais vers elle et le regardais dormir. Elle était magnifique et semblait apaisée. Délicatement, je déplaçais une mèche de cheveux derrière son oreille. Mon regard glissa le long de son visage, de son cou, jusque sur sa poitrine, sous la couverture.


— Tu as fini de me mater ? rigola Océane en ouvrant les yeux.

— Non, je n’arrêterais jamais.

— Embrasse-moi à la place alors.

— C’est si gentiment demander.


Je soulevais la couverture et me rapprochais d’elle. Je passais un bras au-dessus d’elle pour prendre appui avant de l’embrasser. Elle m’entoura la taille de ses bras, posant ses mains sur mon dos, m’embrassant à son tour. Quand ses mains glissèrent le long de mon dos, sous ma chemise de nuit, j’arrêtais de l’embrasser.


— Qu’est-ce qu’il y a ? m’interrogea alors Océane.

— Je t’aime mais… je ne suis pas prête.

— Ne t’inquiète pas, je comprends, enchaîna-t-elle en enlevant ses mains. J’attendrais, comme tu m’as attendu.

— Merci.


Je m’éloignais d’elle pour récupérer mon téléphone. Quand je vis l’heure, je repoussais la couverture et me levais. Il était déjà dix heures et j’étais en retard pour ma réunion avec le Conseil.


— Toi, tu es en retard, se moqua alors Océane.

— Je reviens aussi vite que je peux, je te le promets.

— Dépêche-toi Elena, dépêche-toi.

— Tu as raison, j’y vais.


Je récupérais ma chemise de nuit, embrassais Océane rapidement et me dépêchais d’aller dans ma chambre prendre une douche et mettre une robe propre. Je me rendis ensuite dans la Grande Salle où mes conseillers m’attendaient depuis vingt minutes.


— Excusez-moi pour le retard. Je ne me suis pas réveillée.

— De toute façon, on ne peut rien faire sans vous.

— Bien, dans ce cas commençons. Je ne veux pas nous retarder plus que nécessaire.

— La semaine dernière, nous avions évoqué la possibilité de participer financièrement à la fête de la musique de cette année, commença l’un des conseillers.

— C’est vrai. Je vous propose de privilégier les étudiants en musique cette année. En représentant leur conservatoire, ils leur feraient aussi de la pub. Certains jeunes pensent encore qu’être musicien n’est pas un métier.

— Ça me semble être une bonne idée. On pourrait faire pareil avec les conservatoires de danse et de chant

— Je note ça. Pour la justice, s’en est où ?

— Les derniers codes vont bientôt être distribués aux avocats et juges de l’Empire, ainsi qu’aux universités de droit.

— Parfait.


On continua de discuter de tout ce qu’il devait être fait et de tout ce qu’il y avait encore à faire. Soit beaucoup trop de choses. Je n’aurais jamais assez de toute une vie pour réparer toute les horreurs de ma mère. Néanmoins on avançait et ça faisait plaisir. Il ne me restait plus qu’à expliquer à Océane tout ce que j’avais fait pendant son coma. J’avais hâte que cette réunion se termine pour retrouver les bras d’Océane.

Quand elle se termina enfin, mon ventre criait famine, n’ayant pas mangé depuis plusieurs heures. Je passais rapidement en cuisine, pour leur demander de nous apporter le déjeuner dans la chambre d’Océane et la rejoignis ensuite.


— Alors cette réunion ? m’interrogea-t-elle tandis que je m’asseyais à côté d’elle, sur le lit.

— Plutôt bien. On commence à préparer la fête de la musique et nous avons enfin des lois définitives.

— C’est trop bien ça. Tu as beaucoup avancé à ce que je vois.

— En six mois oui, j’ai modifié pas mal de choses. Il y a encore beaucoup à faire mais je suis déjà satisfaite de ce que j’ai fait.

— C’est le principal. Rien à voir avec ta mère donc.

— Non, rien à voir. Je cherche justement à faire le contraire d’elle. Elle a volontairement abandonné l’éducation, je travaille dessus et valorise leur travail. Pour la fête de la musique par exemple, je veux que ce soient les étudiants en danse, chant et musique qui participent à l’animation.

— C’est une super idée.

— Vraiment, tu trouves ?

— Bien sûr.

— Tu sais, ça compte beaucoup pour moi que tu approuves mes choix. Depuis le début, je me demande toujours ce que tu aurais fait à ma place ou ce que tu en aurais pensé. À chaque fois, j’ai peur de mal faire mais quand je vois le sourire des habitants et même ceux des domestiques, ça me rassure.

— Je comprends. Ta mère ne t’a jamais dit quand tu faisais quelque chose de bien. C’est normal que tu cherches le maximum d’approbation possible.


À ce moment-là, Emma frappa à la porte pour nous apporter le repas. Quand je vis le grand sourire qu’elle portait, je suis tout de suite ce qu’elle allait me dire mais la laissa faire.


— Et voilà mesdemoiselles.

— Merci Emma.

— Serais-tu malade Elena ? J’ai été surprise d’apprendre que tu étais allé de toi-même en cuisine demander à manger.

— Je te l’avais dit, tout ce que je voulais c’était qu’Océane se réveille.

— Sinon, le Dr Langstone passera te voir dans l’après-midi. Pour mettre en place ta rééducation, enchaîna-t-elle à destination d’Océane.

— Pas de soucis.

— Et comme ça va sûrement durer plusieurs mois, on pourra les passer ensemble, ajoutais-je.

— Toujours accro à ce que je vois, rigola-t-elle.

— On dirait.


Souriante, je l’embrassais avec de récupérer la table amovible pour qu’on puisse manger tout en étant sur le lit. De toute façon, Océane ne pouvait pas sortir du lit, encore moins marcher. Pas tant qu’elle n’aurait pas commencé sa rééducation avec le Dr Langstone. Même si je n’aimais pas la voir souffrir, je ne pouvais m’empêcher d’être contente. Elle serait là, pendant plusieurs mois. Nous allions pouvoir rattraper le temps perdu avant qu’elles doivent rentrer chez elle, une fois complètement rétabli.

Pour un premier repas en compagnie d’Océane, ça faisait du bien. Ça faisait un moment que je n’avais pas pris le temps de manger correctement. Depuis six mois, je mangeais en dix minutes. Aujourd’hui, je mis trente minutes. On discutait, on rigolait, et j’étais beaucoup plus rassuré de la savoir réveillée à côté de moi.

Dès que le Dr Langstone arriva pour le programme de rééducation d’Océane, je les laissais seules, retournant travailler dans la grande salle. Je devais programmer des rencontres avec les directeurs des différents conservatoires de Glenharm.


— Tu as repris des couleurs, m’interrompit Emma en s’asseyant en face de moi.

— Je suis tellement rassurée qu’Océane soit enfin réveillée.

— Quand elle a dit que tu étais toujours accro, elle n’avait pas tort on dirait.

— Je ne sais pas si on peut dire que je suis accro à elle mais je l’aime oui. Tout ce que je veux, c’est elle.

— Ça ne te déplairait pas de vivre avec elle si je comprends bien.

— Carrément pas. Après même si j’ai l’impression de la connaître depuis toujours, on ne se connaît pas réellement et encore moins en tant que… couple.

— Tu appréhendes ?

— Oui. Je plonge littéralement dans l’inconnue avec elle. Je ne sais pas si ce que je fais ou dit c’est bien. J’ai peur de faire une erreur et qu’elle me rejette pour ça.

— Je ne pense pas qu’elle te rejetterait pour ça. Elle sait ce que tu as endurée avec ta mère et à quel point c’était difficile. Elle sait que ta mère ne t’a jamais montré la moindre once d’amour. Mais tu devrais lui dire ça. Vous devriez en parler.

— Je ne sais pas.

— Crois-moi Elena, parler résout beaucoup de problèmes. Sois honnête avec elle, parle-lui de tes peurs et elle saura te conseiller, te rassurer ou te réconforter quand il faudra.

— Je vais suivre ton conseil alors, merci, Emma.

— Mais de rien. Je te laisse travailler dans ce cas.


Elle se leva, fis le tour de la table pour poser sa main sur mon épaule avant de sortir de la pièce. Je me reconcentrais sur mes documents et les donnais au chargé des correspondances pour qu’il envoie mes courriers. Une fois fait, je retournais dans la chambre pour retrouver Océane, qui s’était endormie. Je récupérais la chaise de mon bureau et m’installais à côté du lit d’Océane pour la regarder dormir. Dans son sommeil, elle souriait. Son doux et beau sourire fit accélérer les battements de mon cœur. Peut-être qu’elles avaient raison en fin de compte. Peut-être que j’étais vraiment accro à elle. À son odeur, son sourire et son rire, sa peau contre la mienne. En pensant à ça, je souris à mon tour. Je m’étais battue pour mon trône, pour être respectée mais j’étais prête à tout abandonner pour pouvoir l’aimer, pour vivre avec elle jusqu’à la fin de ma vie. Sortant de ma rêverie, je récupérais mon livre, mon téléphone et mes écouteurs sur mon bureau et commençais ma lecture. Je ne m’arrêtais de lire qu’au réveil de celle qui faisait battre mon cœur.

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