Une fois qu’Océane me rejoignit dans la voiture, le chauffeur roula jusqu’à Glenharm. En ville, Océane attrapa ma main et on marchait jusqu’au lac où elle aimait aller. Là où nous nous étions embrassées pour la première fois. Elle installa une serviette sur le sable pour qu’on puisse s’asseoir dessus.

— Bienvenue au premier rendez-vous que j’ai organisé.

— Le repas ne va pas se réchauffer d’ici midi ?

— Non, Emma a tout prévu.

— On va nager un peu alors ?

Océane se leva pour se déshabiller. Quand elle enleva son tee-shirt, je pus admirer ses abdos. Océane le remarqua et me sourit avant d’aller plonger dans l’eau. Je me dépêchais de me déshabiller à mon tour pour la rejoindre.

— Elena, ça me dérange que tes gardes soient là.

— J’avoue, moi aussi. On ne peut pas être totalement nous même avec eux dans les parages. Mais en même temps, ils sont là pour me protéger.

— Et moi alors ? Je peux te protéger aussi. Je suis triple championne de karaté, je te rappelle.

— Tu as raison, je n’ai pas besoin d’avoir des gardes quand je t’ai toi.

Je sortis de l’eau et me dirigeais vers les soldats. Ils hésitèrent de longues minutes à me laisser seule mais obtempérèrent enfin. Quand deux jeunes filles arrivèrent sur la plage, elles aussi avec un panier repas, ils voulurent revenir mais je les en empêchais et leur ordonnait de rentrer au palais pour deux heures minimum. Respectueuses, elles s’installèrent à l’écart. Je m’allongeais sur ma serviette et Océane me rejoignit.

— Je les connais. On était dans la même classe au lycée.

— Va leur parler.

— Je ne peux pas. Je n’ai jamais été amie avec elles et… j’étais une vraie connasse à cet âge.

— Comment ça ?

Intriguée, je me tournais sur le côté et posais ma tête dans ma main pour pouvoir l’observer.

— Au lycée, j’étais une garce avec tous ceux qui été en couple et surtout avec les couples comme nous qui se cachait à cause de la loi.

— Pourquoi ? Je ne te vois pas du tout être comme ça.

— Je ne suis plus cette fille, Elena. Je me suis mise en couple avec Julien lors de ma première année de lycée mais même si je ne voulais pas l’admettre, je n’étais pas heureuse avec lui. Ça me faisait mal de voir les autres en couple et heureux alors que je ne l’étais pas. Et ses filles, je leur ai fait trop de mal.

— Il est temps de réparer tes erreurs, tu ne crois pas ? Comme tu viens de le dire, tu n’es plus cette fille-là et elles t’ont peux être déjà pardonné.

— Je ne sais pas.

— Dans ce cas, est-ce que tu t’es pardonné ? Va leur parler et propose-leur de venir manger avec nous.

— Tu es sûr ?

— Mais oui, allez, dépêche-toi.

Océane hésita quelques instants avant de se lever. Lentement, la tête baissée et les mains dans le dos, elle s’approcha des deux filles. De là où j’étais, je pouvais voir le regard noir qu’adressaient les deux filles à mon amante.

— Salut, commença-t-elle, nerveuse.

— Qu’est-ce que tu veux ? rétorqua l’une des deux filles.

— Je voulais m’excuser. Ce que je vous aie fait au lycée, ce n’était pas cool. Je m’en rends compte aujourd’hui et je suis vraiment désolé.

— Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?

— Une amie. Si vous voulez, vous pouvez manger avec nous.

— On va y réfléchir.

Tout en gardant la tête baissée, Océane revint vers moi et s’allongea sur sa serviette. Ses bras sous sa tête, elle regarda un long moment le ciel en silence. Souhaitant la laisser réfléchir seule un moment, je partis faire quelques longueurs dans le lac. Je m’arrêtais quand je vis les deux filles s’approcher d’Océane, main dans la main.

— Tout va bien ? les interrompis-je.

— Oui, répondit Océane, tout va bien. Elena, je te présente Clémence et Chloé.

— Enchantée, répondis-je.

— Elles ont accepté de manger avec nous.

— Super ça !

Je m’assis sur ma serviette, à côté d’Océane tandis que Clémence et Chloé s’installèrent en face de nous. Il me suffisait de les observer pour comprendre qu’elles étaient ensemble. Tout ce que je voyais en elles c’est ce que je ne faisais pas avec Océane. Du moins en public.

— Vous vous êtes rencontrées toutes les deux ? nous interrogea Clémence.

— Elena m’a sauvé, répondit Océane en me regardant. Quelqu’un allait me tuer et elle s’est interposée.

— Et grâce à Océane, j’ai réussi à me libérer de l’oppression de cette personne.

— Et du coup, vous êtes amie ? enchaîna Chloé.

— Oui, répondis-je du tac au tac.

Océane tourna aussitôt la tête vers moi. Ces deux filles ne semblaient pas savoir que j’étais l’Impératrice et je ne voulais pas qu’elles le sachent. Pas pour le moment du moins. Quant à Océane et moi, si je commençais à dire à tort et travers qu’on sortait ensemble, il y aurait de nombreuses conséquences derrière dont beaucoup avec le Conseil. Ce que je ne voulais pas.

— Oui, voilà, c’est ça, enchaîna-t-elle perturbée par ma réponse. Ça vous dit d’aller vous baigner un peu avant de manger ?

— Super idée.

Les deux filles coururent aussitôt dans l’eau et Océane posa sa main sur la mienne.

— Tu m’expliques ?

— Excuse-moi, j’ai paniqué.

— Ne me dis pas que tu as peur de leur réaction ?

— Non ! C’est juste que, si on leur dit…

— Tu ne veux pas officialiser notre relation en fait.

— Je n’y suis pas prête, Océ. Et tant que je n’aurais pas trouvé un moyen de supprimer cette loi…

— J’ai compris, ajouta-t-elle vexé.

Elle se leva pour rejoindre Clémence et Chloé. Spontanément, je me levais aussi et l’interpellais. Je vérifiais autour de nous que nous étions bien seules avant de courir vers elle pour l’embrasser.

— Elena, soupira-t-elle.

— Je sais que ça te fait de la peine que je ne dise rien mais… mais je t’aime Océ. J’ai aussi envie que tout le monde sache à quel point tu es précieuse pour moi mais je ne peux pas à cause de cette loi.

— Tu finiras par trouver une solution, j’en suis sûr. Fais-toi juste un petit peu plus confiance.

Elle attrapa ma main et me tira dans l’eau. Je passais à côté de Clémence qui me sourit avec un clin d’œil. Si elles avaient réussi à s’aimer toutes ses années sans que ma mère les fasse exécuter, je pouvais aimer Océane de la même façon jusqu’à être prête.