Chapitre 37
Marc avait réussi à convaincre tout le monde que j’étais malade et en particulier le Dr Langstone. En réalité, je ne pouvais plus lutter contre Marc et me laissais mourir, espérant que quelqu’un me vienne en aide. Marc me maintenait en permanence attachée, sauf quand le médecin venait m’ausculter. Il me détachait, soignait mes blessures et les cachait. De toute façon, j’étais tellement mal et épuisée que je ne sortais même plus de mon lit, même détaché. Comme je ne mangeais plus, le Dr Langstone avait dû me mettre une perfusion. Il me voyait tous les jours, mais ne semblait pas s’inquiéter plus que ça de mon état. À croire que Marc avait aussi réussi à le manipuler lui aussi. Je savais aussi qu’Océane connaissait mon état, mais que Marc faisait tout pour l’empêcher d’entrer au sein du château. Il contrôlait tout et il en était fier.
— Lève-toi, aujourd’hui j’annonce ta grossesse à tout l’Empire. Et tu as intérêt à faire croire que nous vivons le plus merveilleux des mariages.
Sans aucune conviction ni émotion, je sortis du lit et enfilais la robe que Marc m’avait sortie, sans même y prêter attention. Il soigna rapidement mes poignées, changea les draps tachés de sang avant de faire entrer Emma pour qu’elle me coiffe. Complètement ailleurs, je n’écoutais même pas ce qu’elle me disait. Je voulais que tout ça se termine une bonne fois pour toutes. Que ce soit par la mort de Marc ou par la mienne. Pour mieux me contrôler, il avait attendu que je sois à cinq mois de grossesse, que mes vingt et un ans soit passé pour faire cette annonce. Mon anniversaire, je l’avais passé au fond de mon lit, seule.
Quand Emma annonça qu’elle avait fini, je me levais instinctivement et suivis Marc jusque dans la cour. La lumière du soleil me brûla les yeux. Lumière que je n’avais pas vue depuis une éternité. Derrière nous, Emma voulut me prendre à part pour discuter, mais Marc la prit de court en m’entourant la taille de son bras pour me rapprocher de lui. Autour de nous, j’entendais les acclamations des villageois venus pour l’occasion, je voyais les flashs des appareils photo alors que je devais avoir une tête affreuse. Pour faire croire qu’il était là pour moi, il posa ma tête sur son épaule.
— Bonjour à tous. Ses derniers mois ont été très difficiles pour Elena. Comme vous pouvez le voir, elle n’est pas au mieux de sa forme, mais a fait l’effort de venir. Comme convenu dans notre contrat de mariage, nous avons l’héritier tant attendu. Elena est même enceinte de jumeaux. Une fille et un garçon. N’est-ce pas incroyable ?
Des jumeaux ? Je m’étais si peu occupée de moi ses derniers mois que je venais d’apprendre que j’étais enceinte de jumeaux. Pourtant ça ne se voyait toujours pas, parce que je n’en voulais pas.
— Elena est enceinte de cinq mois et même si ça ne se voit pas, elle l’est bien. Sa grossesse est difficile d’où la fatigue intense ressentie par ma femme.
Marc savait si bien mentir que tout le monde le croyait. L’ensemble des spectateurs sur place ne cessait de m’envoyer des encouragements. Mais en réalité, ce n’était pas tant la grossesse qui m’épuisait, mais mon mari et tout ce qu’il me faisait subir pour que je reste sous son contrôle.
— Bat-toi, Elena. Pour ses enfants, ne les laisse pas vivre avec un tel père. Laisse-leur une chance de grandir normalement, aimée. Océane est celle qui te faut pour élever correctement ses enfants, pas Marc. Réveille-toi et bats-toi pour eux.
La voix dans ma tête était de nouveau revenue. Mais cette fois-ci elle me disait de lutter contre Marc. Pourtant, je ne parvenais pas à l’écouter.
— Ne fais pas ta tête de mule et sors-toi de là une bonne fois pour tout. Ne serait-ce que pour Océane.
La voix avait raison, les bébés n’y étaient pour rien. Ce n’étaient pas leurs fautes si leur père était un psychopathe et un pervers narcissique. Ce n’étaient pas leurs fautes si j’étais si faible, si je ne parvenais pas à lutter contre lui. Pourtant je me devais d’essayer. Je devais lutter, en tant que Femme, Impératrice et mère pour qu’ils aient la vie qu’ils méritent d’avoir. Pour qu’ils grandissent entourés d’amour, mais surtout avec des parents heureux. Avec Océane et moi.
Pour me permettre de ne pas faire trop d’effort, Marc avait fait installer un pupitre juste devant nous, pour que je prenne appui dessus. Je devais trouver le moyen de m’éloigner. Quand j’aperçus Océane dans la foule, je sus ce que j’avais à faire.
— Marc, réussis-je à dire tout bas, j’ai des nausées, il faut que…
— Oh oui bien sûr. Voyez à quel point sa grossesse est difficile. Elle est en permanence sujette à de fortes nausées.
Il me lâcha enfin et j’en profitais pour m’éloigner. Mais au lieu de retourner dans le château, je rejoignis Océane, qui s’était approchée de nous.
— Océ, sauve-moi de lui. Il va finir par me tuer, avouais-je en sachant que ceux qui étaient autour de nous écoutaient.
Mais avant même qu’elle puisse faire quoi que ce soit, Marc m’avait rattrapé et ramené vers le pupitre. Énervé, sans même avoir entendu mes paroles, il attrapa mon poignet dans sa main et serra de toute ses forces, m’arrachant un cri de douleur.
— Tu… tu me fais mal, dis-je à voix haute.
— Tais-toi. Je n’en ai rien à foutre, repris-t-il sur la même tonalité.
En face de moi, j’entendais Océane tentée d’informer les autres habitants de ma demande. Ils étaient les seuls à pouvoir me sortir de cet enfer. J’essayais de m’éloigner de Marc, de retirer mon poignet de sa main, mais il me rapprochait toujours plus de lui. Il me plaça devant lui et posa sa main sur mon ventre, me bloquant de tous mouvements.
— Enlève tes sales pattes d’elle, connard ! hurla Océane, se rapprochant toujours plus de nous.
— Je ne sais pas ce que tu lui as dit, mais tu vas le regretter, me chuchota-t-il.
La terreur s’empara de moi, me paralysant de la tête au pied avant que je reprenne le contrôle de la situation et que je tente de me sortir de là. Quand il comprit que je luttais contre lui, il me poussa violemment en arrière et ma tête se cogna contre le béton de l’une des marches du palais. Incapable de me relever, les sens engourdit et la respiration couper, je vis Marc se jette sur moi pour m’étrangler de tout son poids. Malgré les cris des villageois et les menaces des soldats, il ne me lâchait pas. Il était décidé à me tuer une bonne fois pour toutes.
Je ne pouvais plus respirer, je ne pouvais plus bouger, totalement prisonnière de mon mari. J’entendais les soldats l’ordonner de me lâcher alors qu’il renforcer sa prise autour de mon cou. J’étouffais, ma gorge coincée entre ses mains de psychopathes.
— Excuse-moi mon amour. Je fais ça parce que je t’aime.
Ce furent les dernières paroles que j’entendis avant d’entendre mon cœur s’arrêter de battre. Ma vision obscurcie jusqu’à ce que je ne ressente plus rien. Plus aucune douleur, plus de besoin de respirer. Je m’enfonçais dans un monde inconnu, enfin libéré de mon mari.
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