67 - Citseko : Au moins, Meb ne me sacrifierait pas aussi facilement

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En voyant Matior vider une autre bouteille d'eau, Citseko recommença à s'inquiéter pour leur réserve. Cependant, il garda le silence. Après tout, il n'était probablement pas le seul à y penser. Même si les autres n'ont pas l'air spécialement soucieux.

-C'est quoi ça ?

Citseko releva la tête pour suivre la direction indiquée par Lyert. Il pointait un endroit entre les arbres que l'adolescent ne pouvait pas encore voir.

-Vous voyez pas ? Juste là.

Matior le rassura :

-Si, si, je vois, mais je ne sais pas ce que c'est.

Citseko avança encore jusqu'à apercevoir une teinte grise entre les arbres. Il plissa les yeux comme si cela pouvait l'aider à mieux voir, tandis qu'Ora supposait :

-On dirait un bâtiment non ?

Matior fit remarquer :

-Ça tombe bien, c'est par là qu'on va.

Citseko jeta un œil à sa tablette et vit que le point indiquant leur but se trouvait bien de ce côté. Mais les autres ne semblent pas y être. Il se demanda ce que Meb pouvait être en train de faire et s'il allait bien. Au fur et à mesure qu'ils s'en approchaient, le bâtiment se découvrit à leur yeux. Il fit l'effet d'un énorme cube de béton. Une série d'ouverture à sa base permettait d'y entrer, aucunes portes ne bloquaient l'accès. Ils s'arrêtèrent en ligne, une fois devant. Matior ironisa :

-Voilà qui est rassurant. Qui entre en premier ?

Lyert fit un geste de la tête :

-Vas-y, je ne voudrais pas te priver.

Matior rit faiblement sans rien ajouter. Aucune lumière ne venait des couloirs sombres qu'ils apercevaient par les ouvertures. Ora s'approcha :

-On peut déjà essayer de voir quelque chose avec nos lampes.

Elle alluma la tablette qu'elle pointa dans un des passages :

-Juste un couloir ici.

Les autres l'imitèrent et Citseko prit une ouverture sur la gauche :

-Je crois qu'il y a un escalier qui descend par là.

Lyert annonça :

-J'en ai un qui monte ici.

Matior se recula :

-Aucun des couloirs ne semblent aller au même endroit. Comment on fait pour savoir lequel prendre ? Vish, une suggestion ?

Citseko vit la jeune fille se crisper quand elle entendit son nom. Elle est sur la défensive. L'adolescent glissa un regard plein d'appréhension à l'héritier d'argent. Pourquoi attirait-il soudainement l'attention sur Vish ? Voulait-il la provoquer sans raison ? L'héritière d'or répondit, sans le quitter des yeux :

-Je suppose que le seul moyen de le savoir, c'est d'entrer.

Elle avait parlé d'une voix qu'elle espérait calme et sans sous-entendu. Matior croisa les bras :

-C'est sûr. Mais, lequel choisir ? Ora, une suggestion ?

L'adolescente l'imita en croisant les bras :

-Matior, une suggestion ?

Le garçon se frotta le menton comme s'il était plongé dans une profonde réflexion :

-Non, Lyert, une suggestion ?

Son ami s'était penché tant que possible dans le couloir pour mieux y voir sans y entrer. Tout en continuant à observer les murs et le sol à la recherche d'un signe quelconque, il répondit :

-Arrête de faire le con.

Ora claqua des doigts :

-Excellente suggestion.

Matior se défendit :

-J'essaie de faire participer tout le monde. Personne ne me comprend.

Citseko s'était approché de Lyert

-Tu vois quelque chose en particulier ?

L'adolescent se redressa :

-Non. Il n'y a pas de flèche ou de signe qui pourrait montrer qu'il s'agit du bon tunnel. Et toi ?

Citseko s'empressa de rejoindre le couloir qu'il avait éclairé plus tôt :

-J'ai pas regardé.

Lyert l'accompagna, mais ils ne trouvèrent rien de plus. Les mains sur les hanches, Ora les regardait faire :

-Vous cherchez quoi au juste ?

Lyert lui répondit :

-Je pensais qu'il y aurait un signe qui nous indiquerait par où aller, mais on ne voit rien et la tablette n'est pas plus précise.

Matior intervint :

-Peut-être que seul le couloir qu'on doit prendre est marqué et pas les autres. On devrait faire le tour pour être sûrs.

Ils approuvèrent tous son idée et commencèrent à explorer l'entrée des passages un à un. Lorsqu'ils se retrouvèrent à leur point de départ, il parut évident qu'aucun d'eux n'avait eu de succès. Cette fois, Matior reprit son sérieux :

-On a vraiment pas le choix. On doit en choisir un au hasard.

Lyert proposa :

-On pourrait attendre les autres. Il y a au moins un groupe qui devrait nous rejoindre. Peut-être qu'ils auront plus d'idée.

Ora secoua la tête pour montrer son désaccord :

-On ne sait pas combien de temps ça va prendre et je ne vois pas à quoi les autres pourraient penser de plus que nous.

Matior appuya son ami :

-Pourquoi t'es pressée ? On n'est pas chronométré à ce que je sache. Il vaut mieux attendre les renforts avant de se lancer dans... on sait pas quoi.

Lyert continua :

-Il pourrait y avoir des pièges ou une Bestiole.

Ora réfléchit un instant :

-Et qui nous dit que les autres n'y sont pas déjà ?

Matior et Lyert levèrent leur tablettes dans un même élan, disant en chœur :

-On verrait Elférad.

Ora prit un air malicieux :

-D'accord, mais les couloirs ne vont pas au même endroit. Peut-être qu'il y a d'autres entrées que ce bâtiment et peut-être que les autres passeront par ailleurs.

Les deux adolescents la dévisagèrent, pas convaincus. Matior finit par reprendre la parole :

-Demandons l'avis de la part silencieuse du groupe. Citseko, Vish, vos avis ? On attend ici ou on tente une entrée ?

Vish répondit la première :

-Je pense aussi qu'il serait plus prudent d'attendre de voir si les autres nous rejoindront. Mais si Ora veut voir ce qu'il y a dans les couloirs, on peut envoyer Ça.

Elle fit un geste vague de la main en direction de Ze qui ne broncha pas. Matior se tourna vers Lyert comme s'ils n'y avaient qu'eux deux :

-Ce serait pratique en cas de piège. Vaut mieux perdre Ça que l'un de nous.

Son ami acquiesça et proposa à Ora :

-Tu serais contente si Ça nous jouait les éclaireurs ?

Ora grimaça :

-Je préférerais y aller moi-même. On ne sait pas ce que Ça sait faire.

Lyert se tourna vers Matior :

-Elle n'a pas tort non plus.

Son ami insista :

-Oui, mais comme tu l'as si bien dit, vaut mieux perdre Ça que l'un de nous. Et puis, de toute façon, c'est juste pour jeter un œil.

Citseko sentit son cœur se serrer à parler ainsi de Ze. Au moins, Meb ne me sacrifierait pas aussi facilement. L'esclave ne réagissait pas aux paroles échangeaient, mais quand ils donnèrent leur accord à Vish pour qu'elle envoie Ze dans un tunnel, Citseko ne put se retenir :

-J'y vais.

Matior sourit, alors que tous dévisageaient l'adolescent avec surprise :

-Faites pas cette tête, il est un peu bizarre aussi notre petit Citseko.

Lyert ne trouva pas cela drôle :

-Ne sois pas idiot. L'esclave est là, autant l'utiliser.

Citseko ne souhaita pas le contredire, mais insista :

-Je comprends, mais j'y vais de toute façon.

Il fit face à Ora :

-Je préfère voir les choses de mes propres yeux.

L'héritière d'argent tapa dans ses mains :

-Voilà, je suis d'accord. On n'a qu'à jeter un coup d'œil rapide et on ressort attendre les autres. On y va en groupe si vous avez peur.

Lyert répliqua tout en gardant les yeux sur Citseko :

-On est prudent, c'est pas pareil.

Il s'approcha du garçon :

-Sérieusement, pourquoi tu veux y aller ?

Parce que si vous envoyez Ze et qu'elle meurt, je m'en voudrais. Avant qu'il ne puisse répondre, Ora reprit :

-On perd du temps. On aurait déjà fait le tour si vous n'hésitiez pas autant.

Citseko profita du fait que l'adolescente attirait l'attention sur elle pour s'approcher d'un des couloir. Un tour vite fait, c'est pas grand chose et puis, ils laisseront Ze tranquille. Il alluma sa lampe et pénétra dans le bâtiment.

L'héritier d'argent avait à peine fait trois pas qu'il entendit un glissement métallique derrière lui. Dans le même temps, Matior s'exclama :

-Merde, Citseko !

L'interpellé fit volte face pour découvrir que l'ouverture était maintenant bloquée par des barreaux de fer. Il revint sur ses pas, en caressant l'espoir que cela suffirait à les faire disparaître. Cependant, le garçon ne fut pas surpris de voir que ce ne fut pas le cas. De l'autre côté, Ora testait la solidité de la barrière en rageant :

-C'est une blague, ça. Il fait comment pour revenir maintenant ?

Matior se contenta d'énoncer l'évidence :

-Il ne revient pas. Désolé.

Citseko pointa le couloir obscur :

-Je pourrais toujours avancer. Vous voulez attendre les autres ?

Lyert et Matior échangèrent un regard, avant que le premier ne propose :

-On va rester là. Toi aussi, Citseko.

Ora s'opposa de nouveau :

-Ça peut prendre une éternité. On devrait se donner une limite de temps. Passer cette limite, on entre dans un couloir.

Vish n'était pas vraiment à l'aise avec cette idée, mais elle se retint de parler pour ne pas attirer l'attention. Elle compta sur Lyert pour lui faire changer d'avis. L'adolescent ne tarda pas, en effet, à contre argumenter :

-Vu la vitesse à laquelle ce couloir s'est fermé quand Citseko est entré, il y a fort à parier que les autres feront pareil. Ce qui veut dire, qu'on va être séparé et c'est rarement une bonne nouvelle.

Ora répliqua en haussant les épaules :

-Ça reviendra au même si les autres arrivent.

Matior concéda :

-Elle n'a pas tort. Les attendre ne nous avancera probablement pas beaucoup.

Lyert leva la main pour reprendre la parole :

-N'oublions pas que l'on a trouvé une manivelle qui sera sans doute nécessaire pour la suite. Est-ce que, l'un de vous, peux me dire dans quel couloir cet objet peut être nécessaire ?

Il vit les autres se plonger dans leurs réflexions et continua :

-Pour l'instant, c'est Citseko qui l'a, mais rien ne nous dit que ce sera utile dans son tunnel. Si cela se trouve, ce sera moi qui en aurait besoin. Comment je ferais pour avancer si je ne l'ai pas ? Qui nous dit que les autres non pas plus d'informations ou qu'ils n'ont pas trouvé des objets qui peuvent être utiles ?

Ora feignit l'admiration :

-Ouah, qu'est-ce qu'il cause quand il veut.

Matior sortit de ses pensées pour dire :

-Peut-être, mais il n'a pas tort. Le fait d'attendre les autres est sans doute essentiel pour qu'on puisse avancer.

Citseko entoura deux barreaux de ses bras, coinçant la tête entre eux :

-On attend, alors ?

Ora gronda de frustration :

-Bon, d'accord, mais jusqu'au coucher du soleil.

Lyert s'assit :

-Toi, si tu veux. Moi, je verrais.

Matior l'imita :

-Je vais voir avec toi. 

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