74 - Hiloy : Laisse tomber, c'est Tefpiro qui te rend parano

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Elle reprit son sérieux pour la pointer du doigt :

-Mais tu es magique aussi. Tu le sais, ça ?

Hiloy hocha la tête :

-Je suis une foutue sorcière.

-Oh, que oui et c'est pas parce que cet abruti de Troisième t'as envoyé à l'hosto une fois, que tu dois renoncer.

Cette brusque référence à son duel la fit éclater de rire, mais la Cinquième reprit son sérieux assez vite :

-Tu renonces à Theaon, alors ?

-Exact.

Hiloy dévisagea la jeune fille avec attention :

-Ça ne te rend pas triste ?

Falibi réfléchit un instant à la question :

-Non, pas tellement. Je crois que ça fait un moment que je sens que ce n'est pas la bonne. C'était trop facile.

-Facile ? Comment facile ?

Son amie se mit à parler avec emphase, s'emportant au fur et à mesure :

-Et oui. Je vois l'amour de ma vie traversant le ciel en un éclair, chevauchant un dragon aux écailles de feu, vêtue de satin et brandissant une épée de diamant !

Elle ajouta sur le ton de la confidence :

-Tu savais que les diamants peuvent faire très mal ?

Hiloy lui répondit avec une légère moquerie dans la voix :

-Je n'en doute pas un instant, mais tu sais que personne ne chevauche de dragon de nos jours.

Falibi eut un sourire radieux :

-Qu'importe. Je l'aimerais pareil, c'est obligé.

-Si tu le dis.

La Cinquième aurait aimé avoir sa certitude. Choisir une direction et y foncer tête baissée. Elle n'avait toujours pas avoué à ses parents qu'elle n'avait pas l'intention de se marier ou d'avoir d'enfant, même adoptés. Je suis le dernier du clan Plilaz. Dernière encore une fois. Il était étrange de savoir qu'après elle, les Plilaz ne seraient plus les chefs du clan, qu'ils ne seraient plus les Cinquièmes. Papa va être tellement furax.

-Tu feras comment ?

Hiloy interrogea Falibi du regard et celle-ci compléta :

-T'as ta mine renfrognée de quand tu penses à ton avenir. Tu ne m'as jamais dit comment tu ferais pour trouver un successeur.

La Cinquième haussa les épaules :

-Je devrais choisir une famille avec soin et leur donner la charge de gardien.

-Tu ne pourrais pas juste désigner un gamin de votre clan ? Comme notre chef a fait. Je prendrais son nom si je lui succède. Je serais notée dans la chronologie de la famille comme sa fille, même s'il ne m'a pas élevé et mes enfants porteront son nom aussi. La famille continue.

Pas bête ça.

-Il faudra que j'y pense, en effet.

Falibi rajouta en parlant bas :

-Et concernant la fille qui est morte ? Tu as découvert quelque chose ?

Hiloy secoua la tête :

-Rien de probant... et je t'avoue que j'y pense moins en ce moment.

La trappe se souleva à cet instant, laissant apparaître Ora. Elle se figea une seconde en apercevant le duo :

-Oh, vous êtes là. Vous aussi on vous a poussé du lit ?

Falibi pointa la Cinquième :

-C'est Hiloy qui m'a forcée à venir.

Celle-ci hocha la tête :

-J'ai peur dans le noir.

Ora la dévisagea un instant pour s'assurer qu'elle plaisantait, avant de se tourner vers la fenêtre :

-Il fait encore nuit. Je pensais qu'il ferait jour. Je croyais avoir dormi super longtemps.

Falibi prit une expression choquée pour murmurer à Hiloy :

-Tu m'as fait lever au milieu de la nuit ?

La Cinquième répliqua par un air mystérieux :

-Je te l'ai dit. Je suis une foutue sorcière.

Elle se leva pour rejoindre Ora qui sortait du refuge :

-Ne t'éloignes pas, hein.

L'héritière d'argent se tenait juste devant la porte à observer les étoiles :

-Non, non.

Falibi les rejoignit :

-Vous croyez qu'on verra des étoiles filantes ? J'ai quelques vœux qui ont besoin de se réaliser.

Hiloy laissa échapper un petit rire. Son amie lui envoya un coup de coude :

-Ne ris pas. C'est très sérieux.

-Désolée.

Soudain, Falibi demanda de but en blanc à Ora :

-Dis, tu savais que ton héritière d'or sortait avec moi pour se rapprocher d'Hiloy ?

L'interpellée la regarda quelques secondes avant de retourner aux étoiles :

-Non.

Hiloy et Falibi échangèrent un regard :

-Elle ne t'a pas dit ce qu'elle avait l'intention de faire ?

-On n'est pas proche et même si elle m'avait tenue au courant, en quoi c'est important maintenant ?

La Cinquième observa la jeune fille. Elle n'avait jamais vraiment fait attention à l'adolescente, mais là, elle lui semblait vraiment différente de son habitude.

-Si vous n'êtes pas proches, comment tu t'es retrouvée être son héritière d'argent ?

Cette fois, le visage d'Ora se détendit en laissant apparaître un sourire :

-La force des choses.

Là, on retrouve la Ora de tous les jours. L'adolescente frappa dans ses mains :

-Allez, je vais me chercher à manger.

Comme Falibi allait rentrer à sa suite, Hiloy la retint :

-Dis, tu ne trouves pas qu'elle était pas comme d'habitude ? Elle était plus...

Hiloy chercha le mot en vain, cependant Falibi réussit à conclure avec sa propre pensée :

-Menaçante ? Je trouve aussi, mais n'oublie pas que l'on a eu quelques moments difficiles ces derniers jours. C'est peut-être sa façon d'y faire face.

La Cinquième n'était pas convaincue, mais répondit :

-Oui, t'as peut-être raison.

Ils retournèrent s'asseoir sur les chaises en attendant qu'Ora revienne. Celle-ci reparut en s'exclamant :

-Je crois que j'ai écrasé Indilk.

Encore dans l'ouverture de la trappe, elle jeta un regard mi-inquiet, mi-amusé vers le bas :

-Je crois que je lui ai marché dessus. Il ne va pas être content.

Falibi se redressa :

-Comment t'as pu lui marcher dessus ? La lumière ne s'est pas allumée ?

Ora pouffa de rire :

-Si, mais j'ai cru que c'était un tas de drap tombé d'un des lits.

Hiloy continua d'observer la jeune fille, mais ne trouva aucun des signes qui l'avaient inquiétés plus tôt. Laisse tomber, c'est Tefpiro qui te rend parano. Ora sortit soudain des escaliers, refermant précipitamment la trappe :

-Je crois qu'il arrive. Vous lui dites pas que c'est moi, hein ?

Indilk ne tarda pas à surgir du trou, visiblement d'une humeur massacrante :

-C'est qui ?

Falibi ne fut pas déstabilisée par le manque d'amabilité de son ton :

-C'est qui quoi ?

Indilk avait l'air mauvais :

-C'est qui qui m'a marché dessus ?

Falibi haussa les épaules. Il se tourna vers Hiloy qui secouait la tête. Avant même de jeter un œil à Ora qui s'était accroupie dans un coin de la pièce l'air de rien, il devina :

-C'est toi, Ora.

L'adolescente joua les innocentes :

-Moi, pourquoi ce serait moi ?

Il répliqua :

-Parce qu'aux vues des papiers sur la table, elles ont fini leur sandwich et toi, tu n'as pas encore eu le temps de l'entamer.

-Et alors ?

L'adolescent finit de monter doucement les escaliers :

-Je m'étais allongé au fond de la pièce. La seule raison pour laquelle on aurait pu me marcher dessus, cela aurait été pour prendre à manger.

Ora réfléchit à une répartie, mais finit par abandonner :

-On peut discuter d'un arrangement qui m'éviterait de me faire taper ?

-File moi ton sandwich.

-D'accord, mais c'est du vol.

-Tu m'as agressé y a pas deux minutes, tu vas peut-être éviter de l'ouvrir.

Ora ne trouva rien à redire et Indilk sortit avec son butin. Tahiya fut la suivante à apparaître, quelques minutes plus tard. Dehors, la nuit commençait à s'éclaircir. En la voyant, Falibi demanda à Hiloy dans un murmure :

-Tu crois que son annonce a marché ?

Hiloy s'était à moitié rendormie et mit quelques secondes à comprendre de quoi son amie parlait. Elle jeta un bref regard à Tahiya qui sortait :

-J'en sais rien. Qu'est-ce que vous avez tous avec cette histoire, en ce moment ?

Falibi prit la mine d'un enfant que l'on aurait réprimandé :

-C'est Laxo qui me l'a remise en tête. C'est pas ma faute.

Hiloy croisa les bras sur la table pour y poser sa tête et se rendormir quelques secondes. Elle ne voulait pas retourner en bas, de peur de réveiller d'autres personnes. Seulement, Falibi insista :

-Alors ? Tu crois que ça a marché ?

La Cinquième marmonna :

-Je sais pas.

-Je devrais essayer aussi.

-Mmmh.

Falibi se leva :

-Je vais aller lui demander.

Hiloy releva légèrement la tête pour la voir sortir, avant de se reposer à nouveau. C'est Bélera qui la secoua doucement pour la réveiller :

-Hiloy, on va y aller.

La Cinquième se redressa en s'étirant, étonnée de voir que le jour était levé :

-Tout le monde est debout ?

Bélera acquiesça et Hiloy se leva pour aller chercher son sac. Ce jour-là, ils progressèrent sans difficulté, puis un mur gigantesque apparut à l'horizon. Avec un ton mêlant crainte et espoir, Qegh demanda :

-C'est la sortie, non ?

J'espère bien. Ils accélérèrent voyant se dessiner au fur et à mesure de leur avancée une porte immense. Hiloy résista à l'envie de courir. C'est trop facile. Elle resta attentive. Les voyant à deux doigts de la course, Elférad leur lança :

-Faites gaffe, on peut encore se prendre un truc sur la gueule.

Mais ils approchaient encore et encore sans que rien ne se passe. La méfiance finit par les faire ralentir, se tournant pour observer les alentours avec attention. Quand ils arrivèrent juste devant la porte, ils s'arrêtèrent en ligne. Au bout d'un assez long moment de silence, Neghttris demanda :

-Qui veut se lancer ?

Laxo rejeta :

-C'est bon, j'ai déjà était première.

Xutik ajouta :

-Moi aussi, j'ai eu ma part.

Bon, on va pas rester là trois heures. Hiloy s'avançait quand elle vit Vish pousser Ze et qu'elle entendit Meb envoyer Citseko. Ils furent donc trois à approcher de la porte.

-Hiloy, Hiloy !

La Cinquième se retourna pour savoir pourquoi ils l'appelaient tous ainsi et les vit faire des signes pour qu'elle revienne. Hiloy prit un air d'incompréhension :

-Quoi ?

Citseko lui glissa à l'oreille :

-Ce n'est pas prudent. Tu seras plus en sécurité là-bas. Ze et moi, on va voir s'il y a un problème.

Hiloy fronça les sourcils, reposant son regard sur la ligne de ses camarades qui attendaient. Falibi s'avança à grands pas, en pointant son blason du doigt. Elle baissa les yeux sur la fourmi aux ailes de diamant. Oh, c'est encore ça. La Cinquième tourna les talons pour observer la porte. Il y a peut-être un code ou...

-Attends moi !

Falibi vint s'agripper à son bras :

-Qu'est-ce qu'il faut faire ?

Citseko vint près d'elle :

-Peut-être qu'il y a un truc, comme la manivelle qu'on avait trouvé.

Xutik leur cria :

-Essayez de pousser.

Hiloy grimaça en se tordant le cou pour essayer de voir le haut de la porte. Je ne crois pas. Ze posa tout de même la main sur le métal. Hiloy lui dit doucement :

-Je ne pense pas que l'on puisse la pousser. 

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