29 août 1989

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Les soldats sont arrivés dans notre village. On s’y attendait, malheureusement. On les a vu débarquer vers midi, avec leurs blindés et leurs autres véhicules. Au bruit des moteurs, de nombreuses personnes se sont rassemblées au pied de leur domicile, ou à leur fenêtre pour voir ces militaires venir dans un but qu’on ne savait pas du tout. Ils stoppèrent certains véhicules sur la place, puis les passagers des blindés descendirent en courant. C’était l’incompréhension la plus totale. Le chef se dressa sur un BTR-70 avec un mégaphone puis lança son message.

- Je suis le commandant Vasilenko, se présenta-t-il tout en gardant ses lunettes de soleil, nous ne vous voulons aucun mal. Nous sommes ici pour vous protéger des séparatistes qui ne veulent pas la paix. Nous voulons savoir s’il y a ici des comploteurs, des terroristes qui veulent maintenir cet état d’anarchie et de chaos.

Un homme de la foule s’avança en hurlant « Vous n’êtes qu’une bande de traîtres ! Vous n'êtes pas comme eux, ils vous méprisent et vous êtes en train de soutenir le gouvernement. Vous vous rendez compte que vous avez envie de flinguer des mecs comme vous ? »

- Nous sommes ici pour maintenir l’ordre, répliqua Vasilenko avec son mégaphone.

- Mon cul ! Vous croyez sincèrement que c’est dans un petit village comme le nôtre qu’on projette quoi que ce soit ?

- Ce sera à vous de me le dire, répondit l’officier qui descendit du véhicule pour aller le voir en face-à-face. En attendant, ce n’est pas vous qui faites la loi ici, vous n’avez aucun pouvoir. Et je peux vous dire que si jamais vous vous faites de nouveau entendre ici, vous allez finir en prison.

- Pourquoi est ce que vous venez ici alors que Lebedian est un village tranquille ? Tous ces gens que vous voyez autour de moi ne comprennent pas pourquoi vous venez briser ce havre de paix, expliqua le fermier en montrant tout le monde avec ses bras.

- Qu’est-ce qui me prouve que c’est vrai ? Demanda l’officier avec un sourire narquois.

- Arrêtez de faire l’idiot, vous voyez bien que des gens ont peur.

L’officier ricana puis tourna les talons pour retourner à son véhicule. Les gendarmes arrivèrent à leur tour pour voir ces soldats. Le commandant de la gendarmerie partit directement discuter avec le supérieur militaire. On entendit rien rien de la discussion, mais le commandant revint vers nous une heure plus tard on nous disant « A partir de maintenant, nous allons devoir bosser avec ces soldats qui veulent qu’il n’y ait aucuns débordements ici. Si vous voulez que cette cohabitation se passe le mieux pour vous, vous serez obligés de collaborer pleinement et donc de dénoncer à la brigade tout comportements qui vous paraîtrait suspect ».

La foule commença à huer le commandant qui avait l’air inquiet par nous. Tout le monde connaissait les gendarmes de Lebedian, le commandant Hordienko était un homme absolument respecté par les villageois et avant la guerre, quand nos grands-parents nous téléphonaient ils nous parlaient toujours de ce chef de brigade. Il était proche de tout le monde. Le voir aller dans le sens de ces étrangers nous rendaient furieux, on était déçu par lui. Pendant un instant, tout le monde avait un espoir qu’ils iraient se rebiffer contre eux, mais ce n’était pas le cas. D’ailleurs, on ne savait pas si c’était à prendre comme une réelle trahison ou s’ils étaient contraints de s’allier à ces militaires.

La fin de l’après-midi était particulièrement tendue. En plus, on nous avait prévenu que tout un tas de règles feraient leur apparition. Selon certains, il y aurait une interdiction de se réunir au bar et on aurait un couvre-feu.

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