Germinal
Octidi 28 germinal
Pensée
Malgré les circonstances, une jeune femme sort de chez elle.
Elle a promis à sa mère qu'elle passerait la voir.
Déjà les giboulées de mars.
La pluie froide s'agite dans le vent.
Un petit parapluie pour affronter le temps, frêle,
Un sac sur le dos, elle ne veut pas décevoir.
Les gouttes d'eau sont encore éparses.
La valise à la main, son pas est chancelant.
La pluie se transforme en grêle,
Le vent joue dans ses cheveux et les emmêle,
Elle a encore un quart d'heure de marche.
Elle se cramponne à son manteau,
Elle soupire, sa valise va prendre l'eau.
Elle ne peut s'abriter, sous aucune arche.
Le vent forcit, devient si violent.
C'est habituel selon le temps,
Mais les larmes lui montent aux yeux.
Le froid, les grêlons qui la fouettent,
Brûlent ses cuisses comme dans un jour de tempête.
Que son parapluie ne lâche pas, c'est son seul vœu.
Le tissu plie, elle ne le tient que d'une main.
Sa valise est pleine de grêle, son pantalon en lin
Est plus que gelé, c'est à lui faire mal.
Son parapluie flanche brutalement
Le froid s'immisce entre ses vêtements
Elle n'a même plus son châle.
Le vent fort qui l'entraîne au loin,
L'empêche de suivre son chemin.
Il ne lui reste plus que quelques minutes.
Les battements de son cœur,
Déjà rapides, s'accélèrent avec la peur,
Au loin elle distingue son but.
Une sensation insupportable lui tord le ventre,
Sa crainte s’est transformée en immense détresse.
Un haut-le-cœur la fait trembler lorsqu’elle entre.
Assise sur une chaise, enfin à l’abri,
Dans ses yeux des larmes de soulagement naissent,
Comme pour chasser pensées de terreur et de folie.
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