Chapitre 15

5 minutes de lecture

La journée de vendredi fut assez exceptionnelle au niveau de la météo. Même Maxine, qui râlait un petit peu dès que l’aube ramenait son lot de rayons de soleil, ne put résister à l’envie de se lever pour contempler les couleurs de l’aurore sur l’horizon des vagues.

« C’est toujours aussi beau que cela ? demanda Maxine.

— Je n’en sais pas plus que toi, tu sais ? fit Loïc en toute sincérité. Je crois que ce matin, c’est juste fait pour nous. En tout cas, j’ai envie de le croire.

— Ouais. De toute manière ce n’est pas le soleil qui va se pointer ici pour venir te dire le contraire. »

Maxine alla fouiller son sac pour attraper son appareil photo et voulut sortir sur la terrasse pour prendre quelques clichés. Mais Loïc lui mit une petite claque sur le postérieur avant qu’elle n’ouvrît la porte-fenêtre.

« Mets quelque chose sur tes fesses, tu vas te cailler tes petites miches sinon. »

Elle râla, pour la forme, car c’était juste qu’elle s’était emballée un peu vite comme à son habitude. Elle enfila donc deux grosses chaussettes, le bas de jogging de Loïc et le gros pull marin qu’ils avaient acheté la veille.

« Là, c’est sûr, tu bats tous les records de sex-appeal !

— M’en fiche. Moi ce que je veux, c’est faire mes photos ! »

Elle sortit sur la terrasse où elle prit une quarantaine de photos en diminuant l’ouverture de l’objectif, petit à petit, pour augmenter la profondeur. Elle rentra dans la chambre, ferma la porte fenêtre et sauta sur le lit pour montrer le résultat à Loïc.

« Doucement, tu es toute froide de partout !

— Bah ça va te réveiller un peu, tiens ! »

Les derniers clichés étaient les meilleurs.

« Faudra que je retouche la balance des couleurs avec l’ordi. Là, elles sont pas mal mais elles sont plus fades que dans la réalité, tu vois ? Je ne sais pas si c’est moi qui ne sais pas utiliser correctement mon appareil ou si ce sont ses limites. »

Pour Loïc, c’était l’appareil. Il lui semblait normal que ce soit le cas. Il doutait qu’un système numérique puisse saisir correctement la dynamique des couleurs. Fort heureusement, c’était aussi l’avantage de ce même système, il était toujours possible de renforcer le gain par l’application de filtre sur l’image originale.

« On verra ça en rentrant.

— J’ai hâte, dit Maxine en se replongeant dans le défilement des photos enregistrées. Faudra qu’on trouve un magasin, au fait. Ma carte mémoire est pleine. Faut que j’en achète une autre. »

En attendant, Loïc proposa à Maxine de transférer temporairement les photos de la carte sur son ordi portable qu’il avait emmené à tout hasard. Dans un premier temps, Maxine trouva l’idée séduisante mais, réalisant que Loïc allait pouvoir les regarder, elle tenta de faire machine arrière.

« De quoi t’as peur ? » fit Loïc piqué du coup par la curiosité.

Maxine invoqua tout un tas de raisons toutes plus invraisemblables les unes que les autres, mais elle fut obligée de reconnaître que tout cela n’était pas vrai. Simplement, il y avait une petite centaine de photos issues d’un shooting fait avec Sarah.

« Tu as peur que ta copine me séduise avec les photos de son corps de pin-up ?

— Non.

— C’était une plaisanterie, ta pote n’a rien d’une pin-up. Enfin, je ne veux pas dire qu’elle est moche. Bref tu m’as compris.

— Mais les photos, C’est Sarah qui les as prises.

— Ah… » fit Loïc un peu embarrassé.

Il repensa à la photo du cadre que Maxine avait ramené et posé sur la table de nuit, une semaine auparavant. Elle y figurait en petite tenue de dos, les yeux tournés droit sur l’objectif avec une expression qui oscillait entre un regard de feu, traduisant une certaine colère d’avoir été prise en photo ainsi, et le regard de braise qui invitait le mateur à venir en découvrir plus à ses risques et périls.

« Ce sont des photos comme celle sur la table de nuit ? » demanda-t-il pour confirmer.

Maxine parut surprise quelques instants de la question. Comme si elle avait oublié cet élément. Elle réfléchit puis finit par avouer que oui.

« Du coup, ce n’est pas forcément si grave.

— C’est qu’il y a des photos, un peu plus, osées.

— Damned, tu me donnes trois fois plus envie de les voir. Et tu ne vas pas me dire que c’est par pudeur que tu ne veux pas me les montrer, tout de même ? Je te rappelle que je t’ai vue sous toutes les coutures, ces derniers temps.

— Mais… Ce n’est pas pareil, fit-elle en posant ses deux paumes sur les yeux de Loïc. Si je fais ça. C’est bon, l’image n’est plus là.

— Que tu crois. Tu sous-estimes ma mémoire et mon imagination-là. »

Maxine lui mit un léger coup de poing dans les côtes, mais elle finit par capituler et lui montrer les clichés. Ils passèrent une petite heure dessus, à les regarder en détails et Maxine lui partagea alors les circonstances de chaque prise de vue. Loïc admirait cela. Il vit bien qu’au bout des cinq premières minutes, Max oublia complètement en les décrivant que c’était elle sur les clichés.

« Ils sont super-chouettes.

— Peut-être ou peut-être pas, mais je t’interdis d’en parler à quiconque.

— Même Sarah ?

— Surtout Sarah !

— Mais elle n’est pas sur les photos, c’est elle qui les a prises. Alors je ne vois pas trop le problème.

— Bah, justement. »

Maxine fit un signe de la tête comme s’il avait loupé une évidence.

« Alors, la scène qu’elle nous a fait… Ce n’était pas seulement pour notre situation à nous et lui. » finit par conclure Loïc.

Elle prit une moue soulagée et un peu exaspérée.

*

Après l’épisode des photos, Loïc commanda le petit déjeuner.

« Ils vont vraiment le monter ici ? Avec le plateau et tout ? »

Quand le majordome entra dans la chambre pour faire le service, ce fut sous le regard scrutateur de Maxine qui le fixa tout du long.

« Il y a un problème ? demanda-t-il à Loïc, l’air inquiet.

— Ne vous inquiétez pas. C’est comme ça dès qu’on arrête son traitement. »

Le majordome acquiesça en ne comprenant qu’à moitié qu’il s’agissait d’une blague et il s’éclipsa. Maxine sortit alors de la couverture où elle s’était réfugiée et s’approcha de son assiette d’œufs au bacon en s’asseyant en tailleur sur le rebord du lit.

« Tu sais, Je ne suis quand même pas Mowgli.

— Je n’ai jamais dit ça.

Elle est comme ça dès qu’on arrête son traitement… bla-bla-bla… »

Loïc ne renchérit pas. Il laissa Maxine continuer son monologue. Pour une raison qui lui échappait, elle avait peu goûté sa dernière blague. Surtout, comme il commençait à bien la connaître, il avait repéré un changement dans sa gestuelle qui annonçait un changement d’humeur. Le même que lorsqu’ils étaient sortis du cinéma.

« Tu iras à la toilette après ton petit déj’ ? demanda-t-il discrètement.

— Oui, Chef… » répondit-elle sans même tourner la tête.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Eric Laugier ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0