I.
O Galatée ! d'ivoire et d'or tu seras faite,
Mes doigts voluptueux ton corps façonneront,
Soudain tu frémiras et tes yeux s'ouvriront,
Désir adolescent, ô rêve de l'esthète !
O Galatée ! De mon âme sois le reflet
Parle mes mots, confonds ton ombre avec la mienne
Et quand je verrai ma solitude malsaine
Console-moi, sois mon scintillant chapelet !
O Galatée, jamais aucune providence
N'allumera le feu sacré ; ton cœur glacé
Restera immobile et comme terrassé,
Perdu, j'embrasserai ta belle inexistence.
Galatée je ne puis, je ne veux te sculpter
Mes incapables mains ne savent qu'une chose :
Le brutal désir vain que j'ai de ta peau rose
Cette bête enragée va me déchiqueter.
Galatée je te hais ! Tu n'es qu'une chimère
Conçue par mon cerveau, ce manipulateur
Pour me mener au bord d'une escarpée hauteur
D'où je me jetterai pour purger ma misère !
J'espère t'oublier, ranceur née de mon cœur,
Je pourrai, libéré, effleurer de mes fièvres,
Le corps réalisé, l'âme libre, les lèvres
De celle dont tu n'es que l'ombre sans bonheur.
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