18.

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Les vagues d’une mer déchaînée s’acharnaient sur la plage, en répandant dans l’air, une douce odeur de sel. Le soleil était haut dans le ciel et la plage était principalement animée par des jeunes qui jouaient au football, et des enfants qui s’amusaient dans l’eau. De temps en temps, on pouvait voir passer des charrettes tirées par des chevaux transportant du poisson.

Cela faisait deux jours qu’Abdoulaye Diop n’avait plus donné signe de vie à son entourage. Il avait tout simplement disparu. Son téléphone était éteint et il était surement plein de messages d’Absa, qui s’inquiétait à son sujet. Abdoulaye avait dormi dans sa voiture pendant tout ce temps, et n’avait presque rien mangé. Il sortait du cimetière de Yoff, où il avait passé plusieurs heures sur les tombes de son père et de Codou. Il était dans un piteux état et portait toujours les mêmes vêtements. Dans sa tête, tout était flou et il n’arrivait pas à se concentrer. « Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire ? » voilà la question qui repassait en boucle dans son esprit, pendant qu’il observait les mouvements perpétuels des vagues sur le rivage. Rien. C’était la seule réponse qui surgissait. Il ne pouvait plus se présenter à la Section Recherche, après ce qu’il avait essayé de faire. Après avoir été maîtrisé, Abdoulaye avait été convoqué par le commandant de brigade. Pouvait-il lui donner une réelle explication ? Même lui hésitait à s’en donner une. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il devait le faire. Abdoulaye saisissait l’ampleur de son erreur : il risquait de perdre son travail, et si le Procureur entendait parler de cet incident, Absa et toute sa famille pourraient en souffrir. Il passa ses mains sur son visage. Il avait perdu le contrôle et s’était laissé emporter. Il s’en voulait d’être allé aussi loin. Son action avait plombé toute l’enquête, et il savait que suite à ce qu’il avait fait, ils avaient relâché Malika. Cette femme, il se rappelait le moment où il avait braqué son arme sur elle. Malika était si impuissante, et il avait un droit de vie et de mort suprême sur elle. Cette sensation, ce picotement sous la peau quand son doigt était coincé sur la gâchette, quand il était sur le point de lui tirer une balle entre les deux yeux, était tout simplement divine. Il ferma les yeux lentement et se remémora la scène. Il la revoyait à terre et il s’imaginait avoir tiré. Il voyait son corps tomber à la renverse et se vider de son sang. Plus il se revoyait dans cette position, mieux il se sentait, et plus il regrettait de ne pas avoir tiré.

Il rouvrit progressivement les yeux comme pour revenir à la réalité. Le soleil l’accueillit avec ses rayons éblouissants. Soudain, deux mains vinrent de derrière se poser sur son visage, pour lui masquer les yeux. Dans un premier temps, il sursauta, et était sur le point de se retourner ; il se ravisa et resta silencieux.

- Bang ! prononça une voix douce.

Il comprit immédiatement à qui appartenait cette voix. Il se retourna et la vit. Malika était assise sur le sable comme lui, et le regardait toujours avec ces mêmes yeux exprimant l’ennui, et dans lesquels il se perdait inévitablement.

- Bonjour, détective ! dit-elle en agitant la main. Waw ! vu la tête que tu fais, soit tu es surpris de me voir, ou bien alors, tu pensais à moi à l’instant.

- Qu’est-ce que tu fais là ? dit-il, sous le coup de la surprise.

- Alors tu pensais à moi ! je ne savais pas que je te manquais à ce point…

Pourquoi se trouvait-elle là en ce moment ? Malika était bien la dernière personne qu’il voulait voir. Elle portait un meulfeu – long pagne dans lequel on s’enroule – bleu et noir, qui lui couvrait la tête, et elle était tout simplement radieuse. Elle n’avait aucune ride et respirait la joie. Elle se réjouissait clairement de la situation.

- Réponds à ma question, qu’est-ce que tu fais ici ? demanda-t-il sur un ton insistant.

- Je t’ai aperçu au cimetière, et comme j’ai vu que tu descendais vers la plage, je t’ai rejoint. Depuis que j’ai perdu mon travail, je m’ennuie un peu.

- Tu m’espionnes, c’est ça ? dit-il sur un ton stupéfait.

Elle haussa un sourcil en signe d’incompréhension. Un long silence gênant s’installa avant que Malika ne se décidât à plonger une main dans un sachet en plastique noir se trouvant à ses côtés. Elle en sortit une mandarine, qu’elle tendit à Abdoulaye sans un mot. Elle n’obtint aucune réaction de sa part et se mit donc à l’éplucher.

- Mange, dit-elle en lui tendant le fruit pelé. Au départ, je comptais distribuer ces mandarines aux mendiants, mais de loin, tu semblais affamé, alors j’ai pensé que tu en voudrais.

Il la saisit d’un geste timide.

- Alors, tu pensais vraiment à moi avant que je n’arrive ?

- Oui, répondit-il franchement.

Tout ce qu’il voulait, c’était la faire fuir ; alors il avait l’intention de lui dire qu’il l’imaginait morte. « Ha ! Après ça j’aurais enfin la paix !»

- Est-ce que tu m’imaginais en maillot de bain ?

- Oui.

La réponse sortit d’elle-même et il ne réalisa ce qu’il venait de dire, qu’après avoir vu le visage de Malika.

- NON ! non, non, ce n’est pas ce que je voulais dire !!

- Alors, un bain de minuit avec moi et je n’avais pas de maillot ; c’est à ça que tu pensais ? dit-elle en mettant sa main devant sa bouche, comme pour cacher un sourire, je ne savais pas que tu étais ce genre d’homme, Abdoulaye !

- Ce n’était pas un bain de minuit, dit-il affolé et embarrassé.

- Tu sais, si tu continues à fantasmer sur moi …

- Mais je ne fantasmais pas sur t… Arrête de faire ça !!

- Qu’est-ce qu’il y a ? je n’ai rien fait !

- Arrête de faire ton truc bizarre quand tu rentres dans la tête des gens et que tu les manipules pour leur faire dire ce qu’ils n’ont pas envie de dire. Arrête de jouer avec ma tête !!

Ne pouvant plus se retenir, elle s’était mise à rire. Enervé, il se leva en secouant le sable qui s’était collé à lui.

- Attends, où est-ce que tu vas ? dit-elle en se levant avec hâte.

Il lui tournait le dos et marchait rapidement pour s’éloigner d’elle.

- Attends, Abdoulaye ! Tu n’es vraiment pas quelqu’un de très drôle, tu sais. Venant de quelqu’un qui ne rit pas souvent, ça veut dire que tu as un sérieux problème.

Il s’était retourné brusquement, quand elle lui avait saisi la main.

- Pourquoi tu me suis ? Qu’est-ce que tu veux à la fin ?

- En fait, je pensais que tu pouvais me déposer chez moi, comme je n’ai pas assez d’argent pour rentrer.

Il pouvait juste refuser et s’en aller, rien ne le forçait à accepter.

Oui, rien ne le forçait à accepter, mais pourtant, Malika était maintenant assise à côté de lui sur le siège passager. Il tenait fermement le volant entre ses dix doigts et attendait. Il ne savait pas pourquoi il ne tournait pas la clé pour démarrer, il était juste là, assis sur son siège. Il ne comprenait pas la situation dans laquelle il se trouvait, la Providence s’acharnait sur lui, c’était certain. Et elle, que faisait-elle là ? Abdoulaye avait eu la ferme intention de la tuer, et même en dépit de cela, elle était là assise dans sa voiture, attendant qu’il la dépose jusque devant chez elle, sans craindre pour sa vie. Il poussa un grand soupir, quand il se décida enfin à démarrer la voiture. « Mais, c’est quoi son problème ? » pensa-t-il.

- Je te l’ai déjà dit, je n’ai pas assez d’argent pour prendre un transport, alors j’ai pensé que tu pouvais me déposer, je savais que je n’aurais pas dû acheter autant de mandarines.

Il avait pensé à voix haute. Il perdait tous ses moyens quand elle était dans les parages. C’était un cauchemar. Il frappa sa tête contre le volant, comme pour essayer de retrouver un semblant de lucidité.

Ils étaient maintenant engagés sur la route et se retrouvaient bloqués dans les embouteillages. Malika habitait Cambérène, une zone voisine des Parcelles Assainies, là où vivait Abdoulaye. Ils n’étaient pas si loin l’un de l’autre et habitaient tous les deux la banlieue. Après plusieurs minutes à batailler pour sortir des bouchons, Abdoulaye avait enfin réussi à atteindre la grande route. La voiture avançait doucement, car même ce chemin était encombré. Un silence s’était vite fait sentir, mais celui-ci n’était pas pesant. Abdoulaye venait de se rendre compte que c’était la première fois qu’il était seul avec elle, et que l’atmosphère n’était pas étouffante. Il avait même pris le temps de l’observer un peu mieux, du coin de l’œil. Elle avait les jambes croisées et s’était accoudée à la fenêtre pour observer le paysage si familier, qui évoluait sous ses yeux. Elle avait un air pensif. Le calme avait élu domicile, mais fut troublé par une sonnerie de téléphone. C’était celui de Malika. Elle l’avait posé sur le tableau de bord. Brièvement, Abdoulaye put apercevoir ce dernier. Elle avait mis en fond d’écran, la pochette d’un album récent d’un artiste. Il ne se rappelait pas où il l’avait déjà vu, ni même qui était cet artiste, mais il savait qu’il avait déjà aperçu des affiches qui en faisaient la publicité un peu partout à travers la ville. Après avoir éteint son téléphone, Malika avait repris sa position initiale.

- Tout le monde te cherche, détective, pourquoi avoir disparu ?

Elle lui avait posé cette question sans prévenir. Il était pris au dépourvu et ne savait pas forcément quoi répondre. De plus, elle ne semblait pas vouloir le tourner en ridicule, et voulait surement avoir une conversation sérieuse avec lui. Il se décida à répondre, après quelques secondes de réflexion.

- Je ne sais pas, j’avais besoin de le faire.

- Irresponsable, dit-elle tout simplement.

- Qu’est-ce que tu voulais que je fasse ? Et pourquoi cette question, d’abord ? Je pensais que je devais juste te ramener chez toi, et puis c’est tout ?

- J’ai reçu la visite de ton collègue chez moi, Mansour. Il me demandait si par hasard, je savais où tu te trouvais. Il n’arrivait pas à te joindre. Il m’a raconté que ta sœur se faisait un sang d’encre à ton sujet. Comme tu ne revenais pas et que tu ne répondais à aucun appel, elle l’a envoyé à ta recherche.

- Mon attitude était dangereuse …, les choses auraient pu très mal tourner. J’aurais pu te …

- … Me tuer, coupa-t-elle, mais tu ne l’as pas fait. Alors, je ne vois pas où est le problème. Est-ce que tu regrettes vraiment d’avoir braqué ton arme sur moi ? Et pourquoi, donc ? Personnellement, je ne regrette aucun des mots que je t’ai dits, j’ai même plutôt adoré le faire.

A parler de cette façon, elle faisait un peu peur. Elle parlait de cet incident comme si pour elle, tout ça était tout ce qu’il y avait de plus banal.

- Comment peux-tu parler comme ça, Malika ?

- Ce qui s’est passé nous a fait du bien, détective. Avoue-le, tu as aimé ce moment où tu tenais ma vie entre tes doigts et que d’un seul mouvement, tu pouvais en finir. Me tuer pour essayer de la ramener, ou juste me faire disparaître. C’était tentant.

- Tu es complètement folle, Malika.

- Tu ne me hais plus, j’ai raison ?

Cette question était simple et pourtant, la réponse était assez compliquée. Avant, il aurait pu facilement dire qu’il haïssait Malika Ndiaye, qu’il ne pouvait pas la supporter et que cette femme le dégoutait. Mais là, il ne savait plus trop quoi répondre.

- Tu vois, tu n’arrives même pas à répondre à cette question. J’en déduis que maintenant, tu me supportes un peu plus, vu que tu me sers de chauffeur.

- Je ne suis pas ton chauffeur, protesta-t-il vivement.

Elle le regarda avec un air interrogatif, pendant qu’il tournait dans une des nombreuses ruelles non goudronnées et sablonneuses.

- Quoi qu’il en soit, reprit-elle, pour l’instant tu n’as plus aucune rancune envers moi.

- Pas après que tu m’aies traité de chauffeur !

- Ce que tu peux être susceptible !

« De la répartie. Bien, détective, tu commences à redevenir toi-même », pensa-t-elle secrètement.

La voiture stoppa sa course devant une petite maison à étage, un peu décrépite, semblable à celle dans laquelle il vivait. Elle logeait donc dans un appartement et non dans une maison familiale. Abdoulaye venait de comprendre que Malika vivait peut-être seule.

- Maintenant que tu n’éprouves plus rien pour moi, ta vie et la mienne seront beaucoup plus simples. Tu pourras plus facilement te concentrer sur l’essentiel, et tu comprendras peut-être que je ne suis pas la personne que tu recherches. Bientôt quand toute cette affaire sera terminée nous redeviendrons des inconnus, nous ne pourrons plus nous voir

Elle avait dit ça en esquissant un sourire un mélancolique. Abdoulaye ne voulait pas se l’admettre, mais dans un certain sens, elle avait raison. Il ne la haïssait plus et il ne pouvait pas dire qu’il la détestait, elle aussi avait beaucoup souffert à cause de la mort de Codou, et elle avait souffert presqu’autant que lui. Il n’avait juste pas voulu le voir. Malika avait tiré vers elle la poignée de la porte et s’apprêtait à descendre de la voiture. Abdoulaye se remémorait les derniers mots qu’elle venait de dire, et il avait au fond de lui, une question qui revenait sans cesse, une question qu’il devait lui poser. Une question qu’il aurait voulu poser à la Malika adolescente, et qu’il n’avait pas eu le courage de faire. Il se lança avant qu’il ne soit trop tard :

- Attends, Malika, j’aimerais savoir quelque chose avant que tu ne partes.

- Ma couleur préférée, c’est le rouge, et j’adore les films avec Arnold Schwarzenegger.

- Quoi ? dit-il surpris, NON !!!

Il prit une grande inspiration :

- Pourquoi n’es-tu pas venue à l’enterrement de ta meilleure amie, Malika ?

A cette question, elle se figea sur place et ne répondit pas de suite. Abdoulaye resserra ses mains sur le volant, et après avoir soufflé un grand coup, dit :

- Laisse tomber, tu n’es pas obligée de répondre.

- C’est à cause de toi.

- Moi ? dit-il étonné.

Le visage de Malika devenait de plus en plus sombre. Cette question et la réponse qu’elle avait suscitée l’avaient replongée dans de vieux souvenirs.

- Tu n’y es directement pour rien … c’est juste que … je …

Elle hésitait :

- Je ne pouvais pas venir parce que je ne pouvais plus te regarder après cette nuit. Comment je pouvais le faire, tout en sachant que j’aurais pu aider Codou, mais je ne l’ai pas fait ? J’étais tétanisée par la peur ce soir-là, aucune partie de mon corps ne voulait m’obéir, je pense que même ma vessie m’avait lâchée. C’est irrationnel, je sais, mais ce qui m’empêche le plus de dormir, c’est de savoir que je ne l’ai pas aidée. Tu avais dit avant qu’on ne soit séparés, que c’est moi qui aurais dû mourir, et pas elle. Il m’arrive de penser la même chose.

Elle se tut et attendit une réaction d’Abdoulaye, mais celui-ci ne dit rien. Il réfléchissait à ce qu’il pouvait dire, mais rien ne sortait de sa bouche, aucune pensée ne lui venait à l’esprit. Il décida de juste la laissa s’en aller. Il démarra ensuite, et la voiture s’éloigna jusqu’à disparaître au coin d’une rue.

Une porte s’ouvrit sur un petit appartement sombre et lugubre. Les deux fenêtres qui donnaient sur la rue étaient fermées et couvertes par des draps qui ne laissaient aucune lumière pénétrer. C’était l’endroit où vivait Malika, son sanctuaire. Elle aimait que son appartement soit ainsi, elle affectionnait l’ambiance que cela créait. Elle n’avait pas besoin de lumière pour savoir que le matelas sur lequel elle dormait était dans l’entrée, à côté de la télé, et qu’elle devait l’enjamber pour atteindre la salle de bain. Elle connaissait chaque recoin de ce petit appartement, comme si elle y avait passé toute sa vie ; il lui suffisait de passer ses doigts sur les murs pour se diriger. La température, ces derniers jours, avait augmenté et la chaleur commençait à se faire ressentir, et la seule chose dont elle avait envie, était de se rafraîchir. Arrivée devant la porte, elle défit son long pagne avant d’entrer.

La douce eau froide coulait sur ses cheveux, avant qu’elle ne relève la tête pour la laisser tomber sur son visage. La douche était agréable. C’était durant de rares moments comme celui-ci qu’elle pouvait se détendre ou juste se sentir bien et réfléchir au prochain film qu’elle allait regardée. L’eau purifiait son corps et son esprit, de toutes les pensées tordues qu’elle aurait pu avoir la journée, et la laissait propre et sereine. Mais, il arrivait toujours un moment où elle se sentait mal quand l’eau ruisselait sur son dos et se frayait un chemin en empruntant tous les sillons laissés par les nombreuses cicatrices, vestiges d’un passé qu’elle essayait d’effacer tant bien que mal. Instinctivement, elle ferma le robinet. Malika reposa sa tête contre le mur sans bouger ; elle se vidait l’esprit. Ce petit moment passé, elle s’enroula dans une serviette et sortit pour rejoindre son matelas là où, depuis qu’elle ne travaillait plus, elle passait toute la journée. Elle s’allongea en repensant à la rencontre qu’elle avait faite aujourd’hui. Cela leur avait fait du bien d’échanger. Elle avait besoin d’Abdoulaye et lui aussi avait eu besoin d’elle. Cependant, lui avoir parlé allait faire accélérer les choses, et cela, elle en avait conscience. Des gouttes d’eau perlaient encore sur elle et lui procuraient une certaine fraîcheur. Un petit sourire s’était à nouveau dessiné sur son visage. Pourquoi souriait-elle, donc ? Elle-même n’y croyait pas, et se toucha les lèvres pour s’en assurer.

- Tout çà sera bientôt fini, détective, lâcha-t-elle en fixant le plafond.

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