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L'année où Papa est parti avec sa pute, ma mère m'a inscrit à la natation. Cela faisait des mois que je le réclamais et pour elle, c'était une façon de se débarrasser de moi. Peu importe, chacun y trouvait son compte.
Entraînement de deux heures, deux soirs par semaine.
Compétition deux samedis par mois.
N'espère pas que je vienne t'encourager, j'ai déjà assez de choses à penser comme ça avec ton frère et toi !
J'étais heureux. Quand ma tête s'enfonçait sous la surface de l'eau chlorée, j'étais heureux.
Coupé du monde.
Seul.
Dans un espace clos et immergé.
Seul avec elle. Je recréais nos chorégraphies, malgré les remontrances de l'entraîneur.
En réalité je n'ai jamais été bon en natation. Mes chronos étaient mauvais, ma technique laissait à désirer quelque soit la nage et je ne faisais rien pour arranger cela.
Je voulais juste être dans l'eau.
C'est là que ça a commencé.
Les nageurs plus âgés qui faisaient irruption à la fin de notre entraînement pour prendre la relève dans le bassin.
Mon attirance pour ces corps à demi nus.
Ces corps sculptés, musclés.
Ces corps fermes, géométriques, précis.
Mes premiers émois sexuels ont débuté à la vue de ces jeunes hommes.
Tous les mardis et tous les jeudis, pendant les quatre années qu'ont duré mes entraînements de natation, j'ai dû dissimuler d’incontrôlables érections.
Un jour mon regard a croisé le corps de cet homme, Yohan. L'eau ruisselant le long de son torse, entre ses pectoraux, se faufilant jusqu'à son nombril et s'écoulant au goutte à goutte par dessus la bosse de son maillot de bain moulant. La sensualité qu'il dégageait en passant sa main dans ses cheveux cendrés. Son sourire. Sa respiration rauque après l'effort.
Je me suis précipité aux toilettes et je me suis masturbé. J'avais un volcan de désir dans la paume de la main. Les yeux fermés, les pieds glissants sur le carrelage humide, le maillot descendu jusqu'aux chevilles. Le corps tendu, crispé, pris de soubresauts jusqu'à l'éruption finale. Yohan.
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