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Notre père était un bon père avant. Durant les premières années, celles où tu n'étais encore pas arrivé. Je suis triste que tu ne l'aies pas connu, que tu n'aies aucun souvenir de lui.
Tu es silencieux, tu regardes par la fenêtre, essayant de décrypter le mystérieux paysage qui défile dans l'obscurité la plus totale. Est-ce que tu comprends ce que j'essaie de te dire ? Pourquoi je te raconte tout ça ?
Notre père nous aimait, mais il était trop faible. Trop lâche !
Mes mains se crispent sur le volant. Calme-toi. Il ne faut pas l'effrayer. Mes yeux se concentrent sur les multiples cicatrices qui parcourent mes avant bras. Je respire doucement.
Jérôme ?
Il se décide à me répondre : J'ai faim.
Voilà ce à quoi les enfants savent répondre finalement. Aux besoins vitaux les plus élémentaires. La faim, la soif, le sommeil, les envies pressantes. Bienheureux sont-ils dans leur cocon d'innocence et d'incompréhension.
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