21
Je n'arrive pas à quitter mon poignet des yeux, à la recherche de ce bracelet imaginaire, plutôt que de te chercher.
L'eau est calme, limpide, sombre.
Aucun mouvement en surface.
Je plonge. Je te cherche à l'aveugle. Je tends les bras, j'effleure de mes doigts la vase, les dépôts organiques et visqueux qui tapissent le fond du lac. Je ne te trouve pas.
Je remonte en surface.
J'inspire.
Je replonge.
Où es-tu ?
Course effrénée contre la montre.
Depuis combien de temps es-tu sous l'eau ?
Toi. Toi qui ne sais pas nager.
Quelle idée stupide j'ai eue.
Je replonge. Encore.
Mes bras battent sans cesse, à tâtons mes mains fouillent la noirceur des eaux. Et je t'entends. Au loin. Très loin.
Je t'entends, tu m'appelles.
Je redouble d'efforts. J'ignore la peur, la fatigue, l'air qui manque à mes poumons.
Tentative désespérée.
Je remonte en surface. La douleur dans la poitrine m'arrache un hurlement, mes muscles sont douloureux, je suis essoufflé.
Antoine !
J'entends toujours ton appel, plus clair cette fois-ci.
Antoine !
Je t'aperçois enfin. Sur la rive.
Tu grelottes. Je te prends dans mes bras. Nos corps s'enlacent, se collent, se réchauffent. Se rassurent aussi. Ma respiration est rauque. Ton corps est si frêle.
Je m'agrippe. Je ne te lâche pas, je refuse de te lâcher.
T'abandonner. Comme j'ai abandonné ta sœur.
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