Monde N°1
Je marchais. Seul, à contrevent. Je rentrais. Elle a déboulé. Du coin de la rue. Elle m’est rentrée dedans. J’ai vacillé, tangué un instant. J’ai stabilisé. J’ai baissé les yeux, elle a levé les siens. Une étincelle ? Un éclair ? Une décharge ? Non. Rien de tout cela. Le bourdonnement sourd des lampadaires voisins, tout au plus. Je suis resté muet. Elle aussi. Je l’ai contemplée. Elle aussi. La rencontre fut rude, froide, rapide. Le manque fut doux, brûlant, éreintant. Elle a reculé. Encore. Encore. Elle s’est retournée. Encore. Encore. Elle semblait perdue. Elle cherchait son chemin ? Elle fuyait quelqu’un ? Il est arrivé. Il a crié. Elle s’est figée. Il l’a attrapé. Elle ne voulait pas. Elle ne le voulait pas. Je suis resté muet. J’ai bougé. Mon poing s’est serré. Je l’ai levé. Sa lèvre a éclaté. J’ai regardé ma main. J’ai compris. Il a bondit. Ma lèvre a éclaté. Je suis tombé. Elle s’est enfuie. Peur. Il est parti. Lui aussi. Dans la direction opposée à la première. Soulagement. Je suis resté muet. Assis. Froid. J’ai essayé de comprendre. Je suis rentré.
Je marche. Seul, dans le sens du vent. Je rentre. Elle arrive. Nos regards se croisent. Je reste muet. Pas elle. Je reste immobile. Pas elle.
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