Monde N°8
Je vois ce monde comme un ensemble de bulles, certaines se touchent, d’autres se distancent. Dans ma bulle, il n’y a que moi, comme au fond d’une salle. Je n’écoute pas les autres bulles. Je me consacre à la mienne. J’aime m’y retrouver, j’aime m’y perdre. Celles des autres ne m’intéressent pas. Elle sont bruyantes, parfois décadentes, agaçantes. J’aime trop la tranquillité et la sérénité de la mienne. Personne ne fait attention à ma bulle. Elle n’est pas grande, pas importante. Personne n’y faisait attention à ma bulle, jusqu’à toi. Oh La tienne je l’ai remarquée, de loin. Elle était si éclatante, un brin fascinante. Tout le monde en voulait la proximité, l’amitié. Toi, tu ne recherchais pas plus que ça les autres bulles, mais tu les attirais, et les en remerciais. Et puis je ne sais pas ce qu’il t’a pris, pourquoi ce jour, quand tu m’as vu, tu as voulu entrer dans ma bulle. Ce n’était pas facile, ma bulle était trop petite, pas habituée à une telle intensité, à une telle diversité. Elle était fade, dénuée de joie, de couleurs, mais tu as tenu, et tu es venu. Alors j’ai agrandi ma bulle, je t’ai fait un peu de place. Puis d’autres aussi sont arrivés, attirés par notre bulle, plus éclatante et plus ravissante, comme tu la rendais. Chacun y a attelé sa propre bulle, formant nôtre ensemble de bulles.
Elle n’était pas si bien, ma première bulle. Un peu solitaire, un peu complaisante. Je préfère celle ci, un peu plus bruyante, un peu plus brillante. Oui, je préfère notre myriade de bulles, bien plus plaisante, bien plus amusante.
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