Chapitre 5 : Une journée pas si joyeuse

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Après cette nuit plus qu'éprouvante, Allan décide de se changer les idées en se reposant devant la télévision. Après tout, quoi de plus normal un samedi que de se reposer ? Alors qu'il zappe les chaînes, le regard dans le vide et en pleine réflexion, une délicate odeur de bacon vient chatouiller ses narines. Il se retourne presque mécaniquement vers la cuisine et voit sa mère le fixer en rigolant.

- Alors, Melissa Gordon, on a faim ?

Allan la regarde d'un air bougon, avant de se laisser retomber contre le dossier du canapé.

- Me comparer à une femme qui voit des fantômes, très drôle maman, oui très drôle.

Hannah vient alors se placer devant lui, cachant la télévision, tout en gardant son rictus au coin des lèvres.

- Arrête de râler et vient manger tes toasts.

Ils déjeunent ensemble jusqu'à 9h30, heure à laquelle Hannah part travailler. Depuis son arrivée à Princeton, elle travaille sans arrêt dans un restaurant italien, ce qui a créé un certain fossé entre elle et Allan. Malgré tout, elle fait de son mieux et tente d'être à l'écoute de son fils, malgré sa fatigue constante.

- A ce soir mon chéri.

Allan lui fait un signe de la main, la bouche encore pleine d'oeuf dégoulinant hors de son toast.

- A che choir !

Après avoir finit son déjeuner, Allan va se préparer à l'étage. Une fois face au miroir, il se rappelle de la promesse faite à sa mère la veille, de faire des efforts et décide, pour la première fois depuis longtemps, de prendre soin de lui. Il se brosse les dents, brosse ses cheveux jusqu'alors constamment en bataille et s'épile même les sourcils, arrachant. Après ça, il enfile un pantalon bien taillé et un pull que lui a offert sa mère quelques jours avant, accompagnés d'une paire de bottes. Il se regarde ensuite dans la glace.

- ....Uuuuuh, c'est ça un beau jeune homme ? Hmmmm...Ouais, c'est vrai que je suis pas trop mal !

Puis, plein de fierté, il retourne dans le salon pour récupérer son portable, afin d'appeler Alistair.

Le téléphone sonne...

- Allo ?

- Allo, Alis ? Désolé mec, je suis un peu en avance, mais je m'ennuie là, t'es partant pour qu'on aille voir à Mercer Road maintenant ?

A l'autre bout du fil, Alistair semble prit de cours.

- Maintenant ? Euh...ouais, ouais pas de soucis. Dans 20 minutes devant le kiosque, ça te va ?

Allan réfléchis une seconde.

- 20 minutes ? Ouais, ça marche.

Alistair, qui commence à enfiler ses vêtements au téléphone.

- Okay, ben super on fait ç...

Tout à coup il se fait couper.

- C'est quiiiiii Alistair ????

- Putain, casse-toi, c'est ma chambre !

Allan rigole au téléphone. Il vient de reconnaître Sophia, la grande soeur de Alistair, une belle jeune femme de 20 ans aux longs cheveux couleurs de feu et aux tâches de rousseur, lui donnant un certain charme. Il en était secrètement amoureux quand il avait 7 ans, avant qu'Amélia ne vienne tout chambouler.

- Ah, ta baby-sitter est arrivée ? Salut Sophia !

Alistair répond légèrement vexé.

- Très drôle, elle te rend le bonjour. Bon à tout à l'heure mec.

Allan, toujours amusé.

- Oui, à de suite.

Vingt minutes plus tard, les deux amis se retrouvent au kiosque de Mercer Road, à seulement quelques pas de la librairie. Le temps est gris, un orage semble guetter la ville. L'odeur particulière de la pluie dans l'air embaume chaque parcelle de rue et le vent cogne contre les arbres, encore fébriles après le gel de la veille. Allan lève la main pour taper celle de Alistair.

- Hey, ça va t'es prêt ?

Alistair lui rend sa tape amicale.

- Ouai, toujours prêt. Quand tu veux.

Allan le nargue et fait une révérence exagérée.

- Mais quel homme, quel couraaaage !

Les deux amis commencent alors à rire en se chamaillant. Quand soudain, en même temps, un frisson incommensurable se fait ressentir le long de leur colonne , suivit de la même impression que la veille. Les deux amis se retournent en même temps, presque paralysés.

- Putain !

- Mais c'est quoi ce bordel ?!

Face à eux, à seulement une vingtaine de mètres, la librairie, pourtant abandonnée depuis près de 17 ans, se voit affublée d'une lumière, perceptible derrière les grands rideaux. Alistair, qui commence à trembler et dont la voix se met à chevroter.

- A...Allan...Tu le vois aussi ?

Allan, peinant à se calmer et sans regarder Alistair.

- Ouais...C'est quoi ce merdier ?

Face à eux, se dévoilant à peine et se glissant derrière les rideaux en les agrippant, un homme, dont seul le visage suffit à provoquer l'angoisse, apparaît. Après les avoir observé sans cligner des yeux plusieurs secondes, un large sourire effrayant se dessine sur son visage.

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